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Culture - Musique

La « cold pop » de Tamara Qaddoumi sur la scène de Station Beirut

L’artiste polyvalente aux origines multiples concocte une musique hybride. Vous avez dit métissages ?

La « cold pop » de Tamara Qaddoumi sur la scène de Station Beirut

Tamara Qaddoumi, musiques et identités multiples. Photo DR

Elle occupe jeudi 2 mai, avec son quatuor, la scène de Station Beirut. Auteure-compositrice-interprète, Tamara Qaddoumi est une artiste polyvalente aux origines multiples. Dans ses veines coule du sang libanais, écossais, koweïtien et palestinien. Toutes ces identités, elle essaie de les démêler encore aujourd’hui, mais elle reconnaît qu’elles l’enrichissent autant qu’elles la déchirent. Ce sont ces racines cependant qui confèrent une couleur particulière à sa musique hybride, une musique qu’elle et ses acolytes d’aujourd’hui appellent « cold pop », un métissage de synthé, pop et trip hop.

Enfant, Tamara écrit des poèmes, avant de faire du patinage à glace professionnel dans l’équipe koweïtienne, puis elle rejoint la chorale de son lycée et commence à partir de l’âge de 13 ans à sillonner le monde pour se produire. À 18 ans, elle suit des cours d’art dramatique et de musique à Londres pour enfin rejoindre le Berklee College of Music de Boston et s’engager dans cette voie, au grand dam de sa mère qui n’y croyait pas beaucoup.

Aujourd’hui âgée de 33 ans, l’artiste a essentiellement grandi au Koweït, au sein d’une famille nombreuse, entourée de beaucoup de bruits et d’animaux domestiques. Un chaos auquel elle échappe comme elle peut, mais qui catalyse sa créativité. Cependant, l’envie de découvrir le Liban et cette partie de ses racines la ramène au pays il y a 10 ans, et elle décide d’y poser ses valises. Le musicien et producteur Zeid Hamdane, un ami de la famille, l’aide à monter son groupe, au sein duquel figure Antonio Hajj, « un bassiste exceptionnel », dit-elle, dont elle tombe amoureuse et qui deviendra son époux. 

3 EP et bientôt un album complet

Tamara Qaddoumi a sorti 2 EP (un « extended play » représente 4 chansons) auparavant et fera découvrir à son public libanais, après une tournée européenne de 8 concerts en Allemagne et en Suisse, couronnée de succès, son dernier en date, Sorry Signal. Enregistré par Fadi Tabbal au studio Tunefork de Beyrouth, cet opus est sorti le 15 mars dernier. Sorry Signal  explore les thèmes de la mort et du deuil qu’elle a connus en accompagnant des membres de sa famille dans ces épreuves douloureuses. « J’avais besoin d’étudier le concept de la mort, le mysticisme qui l’entoure, la peine qu’elle inflige à nos corps quand elle survient ; on sait tellement de choses sur la vie, mais si peu sur le trépas », souligne la chanteuse, qui confie s’être plongée dans d’anciens récits tibétains et égyptiens sur le sujet. L’hôpital, son ambiance sonore, ses atmosphères froides nourrissent son inspiration et les quatre chansons évoquent un sujet qui interpelle son public et met en lumière la dynamique complexe entre l’homme et la machine.

Dans nos archives

Zeid Hamdan, citoyen du monde

L’artiste est également inspirée par la pollution sonore de Beyrouth. « Il y a tellement de bruit dans cette capitale que dans sa tête, il faut le remplacer par autre chose ou se retirer au calme », explique celle qui a besoin d’être seule pour composer, d’où ses petites escapades pour être plus près de la nature. « Cela permet de prendre du recul pour remettre de l’ordre dans ses idées. »

« Je compose chaque fois que ma routine connaît une rupture ou que le moment s’y prête », raconte Tamara Qaddoumi, qui défend bec et ongles sa pâte sonore dense, même si elle n’attire pas les foules, tout en restant ouverte à d’autres explorations musicales. « J’ignore où ma musique m’emmènera, mais je veux continuer à apprendre, à tout absorber autour de moi », confie-t-elle.

Sorry Signal est un appel de Tamara Qaddoumi à des signes de vie, une exploration tumultueuse d’un vide qui réclame des traces d’existence, que ce soit de l’espoir, de la vérité ou même de la destruction. Elle orchestre des couches musicales composées de synthétiseurs galactiques, de batteries expressives et de guitares brûlantes, qui embrassent les dynamiques conflictuelles de l’électronique. Les quatre morceaux sont très mélodiques, malgré le thème qu’ils portent. « Les gens finissent par danser sur des chansons difficiles, et je pense que c’est une belle métaphore. Si une chanson touche mon public, c’est pour moi la récompense ultime », indique la jeune femme.

« Je vois souvent des parents qui amènent au concert leurs enfants qui n’ont aucun a priori sur le sujet. Ces enfants sont de véritables éponges et, à chaque fois, ils sont subjugués par la musique, donc je me dis que, quelque part, je suis sur la bonne voie et que finalement je m’adresse à un public de 7 à 77 ans qui a accès à toutes sortes de musiques sur internet. » Le secret, c’est peut-être d’être authentique et de tenir ses engagements, souligne encore Tamara Qaddoumi, qui évoque Radiohead en guise de référence. « Thom Yorke n’a jamais lâché le morceau, pourtant, à l’époque, sa musique était décriée. »

L’artiste, qui a déjà chanté en arabe, préfère s’exprimer en anglais où elle se sent plus prolixe. Néanmoins, l’idée de s’y remettre ne lui déplaît nullement.

Son prochain projet, intitulé The Murmur, sortira en septembre prochain via le label Young & Cold Records basé à Augsbourg, en Allemagne. Elle en donnera un avant-goût sur scène jeudi soir, en même temps qu’elle proposera des extraits de ses précédents EP.

Elle sera accompagnée par Antonio Hajj à la basse, Georgy Flouty à la guitare et Ayman Zebdawi à la batterie.

En concert à Station Beirut le 2 mai a 21h 30. Billets en vente chez Antoine.


Elle occupe jeudi 2 mai, avec son quatuor, la scène de Station Beirut. Auteure-compositrice-interprète, Tamara Qaddoumi est une artiste polyvalente aux origines multiples. Dans ses veines coule du sang libanais, écossais, koweïtien et palestinien. Toutes ces identités, elle essaie de les démêler encore aujourd’hui, mais elle reconnaît qu’elles l’enrichissent autant qu’elles la...
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