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Nos Lecteurs ont la Parole

Fouad el-Saad, ou la vraie réforme administrative

C’est avec Fouad el-Saad que j’ai vécu et assumé dans ma carrière publique le travail exaltant et prometteur, animé par le ministre Fouad el-Saad en charge du Bureau (sic) du ministre d’État pour la Réforme administrative dans les années 2000-2004. Ministère souverainiste, ministère de services…, ce sont autant de dénominations qui camouflent la carence dans le travail administratif facteur de changement au cœur de la société.

Fouad el-Saad est homme d’État, authentique, limpide, transparent, pétri dans le sens de la chose publique. Ce qui a été réalisé par lui dans les années 2000-2004 n’est pas du juridisme administratif, mais un travail en profondeur sur les rapports entre l’administration et les usagers de services publics. Ce travail novateur et de titan est aujourd’hui oublié ou, pire, on écoute des palabres de « réforme et changement » sans changement ! Heureusement que tout ce travail est documenté et publié.

C’est avec Fouad el-Saad et des fonctionnaires compétents et intègres d’Omsar que plus de 4 000 formalités administratives ont été recensées, uniformisées et devenues accessibles sur la toile. En corrélation avec cette entreprise, tout un programme a été mené, avec la coordination volcanique de Leila Barakat, sur l’information administrative. Transparence, « accountability », lutte contre la corruption… ne sont plus alors des slogans. Comment les usagers des services publics sont-ils informés en vue d’un service public, du public ? Un ouvrage a été publié avec la production de 16 films documentaires (L’information administrative aujourd’hui au Liban : problématique, contenu, productions médiatiques et formation, 2002, 476 p. en arabe et français + 16 films documentaires).

Un autre travail, d’une ampleur inégalée en vue d’une citoyenneté administrative et constructrice d’État, a été entrepris en 2001-2002 avec la publication de six chartes du citoyen avec des perspectives pragmatiques et pédagogiques (Les chartes du citoyen : éducation, santé, patrimoine, sécurité, argent public, environnement, édité en trois langues par le PNUD – Omsar

www.omsar.gov.lb)

Face à l’engagement de contrats et de nouveaux contrats inutiles par les gouvernants avec des experts, ou ce qu’on appelle des experts, pour des études, un ouvrage exhaustif majeur a été publié sous la direction du ministre el-Saad et avec la coordination de Leila Barakat (Fahras al-dirâsât wal-machâri’ al-mouta’allika bil-kitâ’ al-âm, 2002, 396 p.).

Tous ces travaux ont été entrepris, suivis et accompagnés grâce au soutien de la Délégation de l’Union européenne puis du PNUD. Déjà, dans les années 2002-2004, face à un travail en profondeur et de terrain, et avec le maximum de transparence, des dérives bureaucratiques commençaient à émerger de la part d’audits et de comptables dont le souci est de justifier leurs honoraires, et moins de vérifier l’exactitude et l’impact des faits.

Je me souviens de plus de six mois de correspondance avec des comptables pour un montant fort modique dû à un collaborateur et qui ne porte pas sur l’effectivité du travail, mais sur l’interprétation d’une clause du contrat ! La vogue moderne de la transparence, de l’« accountability », de la lutte contre la corruption… fait économiser mille dollars… avec des audits qui justifient ainsi leurs honoraires excessifs durant plus de six mois.

Quelles leçons pour demain ? L’effectivité, le travail en profondeur, l’impact en société… à la manière d’un ministre honnête et vigilant, homme d’État, comme Fouad el-Saad. Il faut aussi reprendre ce travail après le retour à l’État détenteur exclusif de tous ses attributs régaliens. Les organisations internationales qui se proposent de soutenir le Liban doivent désormais compter sur des hommes et femmes d’État avant de faire prédominer des audits bureaucratiques sous la bannière idéologique de la transparence et avec de la paperasse, et rien que la paperasse !

Antoine MESSARRA

Ancien membre du Conseil constitutionnel, 2009-2019

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C’est avec Fouad el-Saad que j’ai vécu et assumé dans ma carrière publique le travail exaltant et prometteur, animé par le ministre Fouad el-Saad en charge du Bureau (sic) du ministre d’État pour la Réforme administrative dans les années 2000-2004. Ministère souverainiste, ministère de services…, ce sont autant de dénominations qui camouflent la carence dans le...

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