Violon en fil d’araignée et cuir d’ananas au palais Sursock
Réduire l’utilisation du cuir animal en maroquinerie en le remplaçant par des pelures de fruits, d’ananas en l’occurrence ; fabriquer le coffre d'un violon (sa table d'harmonie plus précisément) avec un matériau issu du fil d’araignée aux qualités vibratoires exceptionnelles ; intégrer des pousses de bambou en tant qu’élément de jointure dans la construction antisismique ; façonner des objets d’usage courant avec du mycélium, une mixture provenant de la fermentation du champignon ; ou encore tirer d’un mélange de mousse de mycélium et de résidus de tissu à base de fibre végétale des panneaux de double isolation acoustique et thermique… Voilà quelques exemples, parmi d’autres, de composants pour le design du futur que vous propose de découvrir l’exposition « Tools for After » organisée conjointement par l’Institut culturel italien et l’Académie libanaise des beaux-arts (Alba) dans le magnifique cadre du palais Sursock – toujours en restauration post-4 août.
On sait qu’entre les Italiens et le design, c’est une histoire de goût qui remonte à loin. On découvre dans cette exposition que c’est une relation qui se projette avec beaucoup de sérieux dans l’avenir. En tenant compte du futur de la planète et dans un esprit de développement durable qui va puiser dans le retour aux véritables ressources de la nature ce qui peut être utilisé dans des créations qui, sans se départir de leurs qualités esthétiques, ne s’y cantonnent plus uniquement. Un design qui se propulse dans le monde de demain avec une vision responsable. Un design où la technologie et les sciences acquises reviennent aux fondamentaux pour préserver la vie sur terre en protégeant son écosystème, malheureusement périssable. Et largement entamé.
Voilà une exposition différente à visiter autant pour le plaisir des yeux que celui de la découverte. Jusqu’au 13 avril.
Voyage au cœur des villes avec Gabriele Basilico au BAC
Les Italiens sont sur tous les fronts culturels du pays du Cèdre ces derniers temps ! Et pour cause, l’un de leurs plus célèbres photographes est à l’honneur au Beirut Art Center (BAC, à Jisr el-Wati), grâce à l’initiative de l’Institut culturel italien.
Spécialement conçue par les Archives de Gabriele Basilico (1944-2013), cette exposition baptisée « Les villes et leurs histoires. Gabriele Basilico, 1978-2012 » déroule 57 œuvres du grand photographe milanais réalisées au cours de ces trois décennies.
Des clichés majoritairement en noir et blanc, un choix servant à mettre en relief les lignes et les contrastes architecturaux des paysages urbains, son domaine de prédilection.
Des villes dans lesquelles Basilico aimait revenir à plusieurs reprises pour en capturer les changements au fil du temps. Comme un portraitiste le ferait avec les visages de ses modèles préférés.
Ainsi en est-il de Beyrouth, qu’il a découverte pour la première fois en 1991. Il y était venu dans le cadre d'une mission documentaire sur le centre-ville, initiée par Dominique Eddé et financée par la Fondation Hariri, pour immortaliser les stigmates laissés par les 15 ans de guerre dite civile. Une ville blessée qu’il avait approchée avec une caméra « sensible et pleine de respect », avait-il confié dans l’une de ses interviews, et où il était revenu trois autres fois, en 2003, en 2008 et en 2011, pour documenter la progression de sa reconstruction.
L’ensemble des clichés qu’il lui avait consacrés avaient fait l’objet d’un ouvrage, Back to Beirut, publié aux éditions Contrasto, ainsi que d’une exposition intitulée « Retours à Beyrouth » et présentée en mai dernier au Château d’eau de Toulouse.
L’accrochage présenté au Beirut Art Center est différent. Et pour cause, il ne s’agissait pas pour ses organisateurs de montrer le seul volet libanais du travail de ce photographe réputé pour sa documentation des villes et de leur développement à travers le monde, mais de présenter son œuvre dans sa globalité. Et cela à travers une sélection d’images de format moyen qui entraînent les visiteurs du BAC dans un voyage visuel à travers des territoires urbains aussi différents que peuvent l’être San Francisco, Rome, Moscou, Shanghai, Barcelone, Istanbul, Paris, Rio de Janeiro jusqu’à Milan, sa ville natale. Et Beyrouth, avant/après la reconstruction, mais avant la double explosion du port, évidemment…
Des paysages, des lieux et des cités que Gabriele Basilico, architecte de formation, a arpentés une multitude de fois pour en décrypter l’essence des agencements des formes, des espaces, des structures, avec une approche dénuée de tout formalisme, mais dont la poésie n’est pas absente. Une exposition qui rappelle que ce photographe était tout simplement « le » portraitiste des villes. À voir au BAC, à Jisr el-Wati. Jusqu’au 6 avril.
UN DIAMANT PERDU DANS UN BORDEL LIBANAIS ?❤️. MERCI L’ARTISTE BELLICIMO VIVA L’ITALIA.
14 h 54, le 22 mars 2024