Salle comble à craquer ce dimanche 17 mars, pour la clôture de la 30ᵉ édition du festival al-Bustan, grand cru 2024. Les mélomanes ont accouru surtout pour entendre Dvorák, Mozart, Victor-Julien Laferrière, et pour notre Orchestre philharmonique national.
Ce Concerto de Dvorak, qu'on le veuille ou non, est l'un des plus grands de la période romantique.
Cette interprétation s'écoute avec un grand ravissement.
Bien interprété, ce concerto baigne d'un bout à l'autre dans un lyrisme spontané, une profusion mélodique et une élégance du meilleur aloi auxquels il est difficile de se soustraire. Qualités que possède M. Laferrière à un très grand niveau. Aucune faute de goût, le violoncelliste donne une traduction altière, enthousiaste, d'une jeunesse et d'une transparence stupéfiante. Poète sans mollesse dans l’Adagio, page capitale du répertoire romantique, il diffuse des sonorités inouïes, à la fois limpides et d'une force expressive. Et surtout avec une technique infaillible. La concurrence est de taille. On songe à l'album Rostropovitch /Karajan/ Berlin/DGG 1969. Il faut avoir un cœur de pierre pour ne pas se pâmer sur la suavité diaphane du cor dans l'introduction du premier mouvement, ce qui ne sera plus le cas dans le trio du menuet de la 40ᵉ. Le chef a surpris l'auditoire avec des ralentissements et de subtiles accélérations tout au long du concerto. Et voici la grande (symphonie, NDLR) en sol mineur de Mozart, en opposition avec la « petite » en sol mineur, la 25ᵉ. Il est toujours très difficile de se prononcer en toute sincérité sur l'interprétation de M. Marciano sur une des plus grandes symphonies de tous les temps. En effet, il montre un allant et un enthousiasme très communicatifs, même un entrain un peu rustaud qui fait malgré tout plaisir à entendre.
Le Molto Allegro retrouve toutes les nuances et une douleur sans désespoir. L’Andante est caressant et fluide, puis, dans un excellent tempo, le Menuetto du chef étonne par des pianos subito de très bon goût. Et l'Allegro assai final est incisif avec des contrastes entre vents et basses.
Un seul regret cependant : l'acidité un peu crispée des cors (donnant un son rêche) et leur tenue qui ne perce pas suffisamment. Sans vouloir être très original, le chef se montre quand même d'une puissance expressive et d'une heureuse fraîcheur.
On ressent les bonnes intentions alors qu'elles devraient être transcendées. Ô combien difficile, cette 40ᵉ. Généreux, M. Laferrière a offert, en guise de bis, le prélude de la première Suite pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach et Monsieur Gianluca Marciano, perpétuel pensionnaire du festival, un gentil petit mot de remerciement. Vite, monsieur Laferrière, à quand l'enregistrement des Six suites pour violoncelle de Bach ?
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