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Culture - Festival al-Bustan

Kantorow et Lozakovich : assurément le récital de la saison

Un piano et un violon menés par deux fines pointures à l’auditorium Émile Boustany. On aurait pu rester toute la nuit à les écouter.

Kantorow et Lozakovich : assurément le récital de la saison

Alexandre Kantorow (pianiste français) et Daniel Lozakovich (violoniste suédois) au Festival al-Bustan. Photo Nabil Ismail

Est-ce lui ou le « stradi » (un stradivarius ayant appartenu au violoniste Ivry Gitlis, NDLR) ? Ou les deux ? Certainement les deux. Cela dit, Alexandre Kantorow (pianiste français) et Daniel Lozakovich (violoniste suédois) ont donné assurément le récital de la saison ce dimanche 10 mars au Festival al-Bustan. Dès les premiers accords de la sonate de Grieg, on sentait que quelque chose de grand allait avoir lieu ou que quelque chose de grandiose allait se passer.

Il y a la virtuosité gratuite et la virtuosité naturelle engendrée par l’émotion. À ce stade-là, l’interprétation devient un vain mot. Les artistes et le programme, tout contribuait à faire de ce concert une soirée à marquer d’une pierre blanche. On aurait pu rester toute la nuit à les écouter. La sonate de Grieg était à la fois sauvage et tourmentée, avec une grande intensité dramatique ainsi qu’une profonde mélancolie.

Page difficile que cette première sonate de Robert Schumann, chef-d’œuvre fascinant, miracle d’interprétation véhémente, fantastique, au lyrisme éperdu. Soulignons les nuances sonores, la beauté de leur phrasé mélodique, leur parfaite articulation et la justesse de leurs attaques. Les deux interprètes ont la compréhension intime du romantisme allemand. Et quelle osmose et quelle complicité entre les deux ! Il en résulte une version fulgurante, surpassant de loin les réalisations de cette sonate qui fut un joyau.

Un jeu en parfaite osmose et complicité. Photo Nabil Ismail

Un mystère entoure toujours cette sonate de César Franck, Sonate de Vinteuil, qui est une œuvre écrite pour piano et violon, plusieurs fois évoquée dans Du côté de chez Swann, clé du cycle À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

On a toujours pensé qu’il s’agissait de la Sonate en la majeur, mais on n’a jamais su la vérité. L’approche d’Alexandre Kantorow et Daniel Lozakovich était empreinte de cette religiosité, sommet expressif de l’œuvre, cédant la place au final haletant, véhément. Quel climat ! Nos deux interprètes se sont ingéniés à rendre à ce texte mille fois écouté ses volutes et ses pauses. Leurs phrasés se déroulent en vrilles, on accélère, on ralentit, la sonorité s’enfle tout à coup pour mourir abruptement, et repartir avec des pianos pianissimos imperceptibles.

Au programme également, la Sonate F.A.E (pour Frei aber einsam, « Libre mais solitaire » en français), composée par trois artistes : Schumann, Brahms et Albert Hermann Dietrich. Et ils ont utilisé dans cette sonate ces trois notes (en notation allemande) fa, la, mi.

Puis ce scherzo de Brahms, fiévreux à souhait, dramatique, lyrique, aux couleurs intenses et poétiques, version à part, est fantastiquement bien joué. Vraisemblablement la source d’une nouvelle tradition interprétative. Pianiste et violoniste exceptionnels, le jeu de lumière qui jaillissait sous leurs doigts était d’une incontestable beauté. Étonnante finesse des timbres qui nous valut peut-être la soirée la plus émouvante et la plus naturelle.

Deux bis pour terminer dans cette ambiance, le Liebeslied de Fritz Kreisler et un arrangement des Feuilles mortes d’Yves Montand. Et nos merveilleux interprètes s’en allèrent tout doucement, sans faire de bruit.

Est-ce lui ou le « stradi » (un stradivarius ayant appartenu au violoniste Ivry Gitlis, NDLR) ? Ou les deux ? Certainement les deux. Cela dit, Alexandre Kantorow (pianiste français) et Daniel Lozakovich (violoniste suédois) ont donné assurément le récital de la saison ce dimanche 10 mars au Festival al-Bustan. Dès les premiers accords de la sonate de Grieg, on sentait que quelque...

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