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Lifestyle - La Mode

Hermès : elle portait des culottes…

Pour la collection Hermès automne-hiver 2024-2025, la directrice artistique Nadège Vanhee-Cybulski a réussi le tour de force d’une hybridation de deux mondes, celui du cheval et celui de la moto, détournant ainsi l’esprit d’une marque attachée au grand air et à l’univers équestre en l’adaptant au grondement urbain.

Hermès : elle portait des culottes…

Hermès automne-hiver 2024-2025. Photos Théo Sion/ Montage OLJ

Il n’a pas arrêté de pleuvoir à Paris ce samedi 2 mars, mais à l’intérieur du bâtiment de la Garde républicaine, une pluie métaphorique tombait sur l’arène sous tente plongée dans une quasi-obscurité, berçant l’espace d’un hypnotique fond de bruit blanc. Déversée par deux appareils traversant de deux traits parallèles le plafond de la salle immense, elle irradiait sous la faible lumière avant de disparaître à travers une grille, sous le podium habillé de macadam. Les mannequins défilaient dans cet espace qui évoquait l’atmosphère urbaine d’une rue, la nuit, sans autre repère que l’ombre de soi sur le sol miraculeusement sec. « Dans la lumière de fin d'après-midi, les rayons du soleil se reflètent sur le sol mouillé, dessinant le parcours des regards. Les sens s'éveillent lentement au son de la pluie », détaille Hermès.


Tant de zips qu’on les entend zébrer

Et c’est une femme pressée, déterminée, cheveux plaqués au gel, qui fonce la première au rythme d’un galop mécanique, musique haletante d’un film d’action : c’est du rock et c’est la dernière musique qu’on imaginerait entendre en fond de défilé Hermès dont la discrétion se trouve tout aussi discrètement chamboulée. Elle porte une jupe zippée devant, en cuir brillant chocolat, sous un blouson à col de la même matière, avec des bottes de moto à semelles épaisses, également zippées devant. Tant de zips qu’on les entend zébrer sous cette pluie dont ils sont – tentation de ce jeu de mots –, les éclairs. « Une énergie urbaine, le style équestre d'un motard qui vibre au rythme de la pluie » : le manifeste résume en une phrase ces dix minutes de présentation où l’on aura vu le thème se décliner en chocolat, corail, sienne brûlée, cannelle, mastic, nuances de beige puis crème, puis noir-mystère illuminé de détails en métal argenté.

Détail précieux des petits ornements réfléchissants qui accrochent la lumière en touches diagonales ou en losanges, comme les impacts d’une pluie fouettante dont on serait marqué par une sorte d’osmose provoquée par la vitesse. Les sacs sont portés à la main ou contre la poitrine comme des casques ou des bombes, ce geste-là. Ou alors, pas besoin de mains : de nouvelles mini-pochettes rondes cerclées de métal argenté s’accrochent à la ceinture par un anneau.

« Rencontre du cuir et du métal »

« Cuirs brillants, détails métalliques. Des bandes d'agneau cloutées suivent la géométrie du corps, des zips longent les contours d'une veste, où la souplesse de la maille est structurée par la rencontre du cuir et du métal », explique le manifeste de la maison.

Sobriété et élégance, comme toujours chez Hermès. Photo Théo Sion

Sensualité d’un vaste col de fourrure douce ou de crin de cheval flottant avec le mouvement à l’avant d’un blouson, gabardine équestre, jupes fendues, jodhpurs reconstruits pour une allure urbaine, blouson orné de Clou Médor en studs qui font cuirasse, vestes cavalières à poches diagonales et rabat en cuir, redingotes ou riding coats revisitées. « Un blouson bombardier ajusté et taille haute, la courbe d'un pantalon bootcut. Une combinaison d'inspiration motarde, un manteau ceinturé, une protection résistante pour arpenter les rues. La souplesse d'un trench qui prend une nouvelle forme, jouant sur les longueurs et les matières. Un pardessus croisé, les lignes familières d'une veste d'équitation», souligne le manifeste.

Comme la fourrure, la maille est l’élément douceur de cette collection rigoureuse, fortement structurée. Les cols cheminée ont un mouvement languide, mais la maille se décline aussi en hauts serrés à lignes verticales remontant jusqu’au col droit, avec un effet graphique qui renforce une certaine idée de la puissance.

Même les robes légères, en laine et soie, se font conquérantes, dos nu, portées sur des bottes lourdes, cavalières hybridées avec des biker-boots, les zips se faisant complices de la métamorphose, tantôt resserrant, tantôt débridant, ou des santiags façon Hermès, minimalistes et pures.

Une combinaison d'inspiration motarde, un manteau ceinturé, une protection résistante pour arpenter les rues. Photo Théo Sion

« Un biker équestre qui a troqué sa selle de cheval contre une selle de moto. Avec une veste d'équitation et des bottes de motard, les possibilités du cuir sont réinventées, tandis que les fermetures éclair offrent une liberté de mouvement », lit-on encore dans le communiqué d’Hermès. Il y a dans cette débauche de cuirs précieux et de lignes fortes une impression à la fois de force et de légèreté, de prise de liberté si prégnante qu’on ne peut que penser à la définition naguère donnée d’une bonne selle par l’ancien président de la maison, Jean-Louis Dumas : celle qui privilégie le confort de la monture. Dans cette collection automne-hiver 2024-2025, ce confort semble pensé en même temps pour l’écuyère ou la biker que pour la cavale, fusse-t-elle mécanique, qu’elle semble à tout moment prête à enfourcher.

Rajeunir le style Hermès sans dénigrer son pedigree, séduire une nouvelle génération de clientes sans tourner le dos à un ADN qui remonte au début du XIXe siècle, tel est dans cette collection le tour de force de la directrice artistique Nadège Vanhee-Cybulski.


Il n’a pas arrêté de pleuvoir à Paris ce samedi 2 mars, mais à l’intérieur du bâtiment de la Garde républicaine, une pluie métaphorique tombait sur l’arène sous tente plongée dans une quasi-obscurité, berçant l’espace d’un hypnotique fond de bruit blanc. Déversée par deux appareils traversant de deux traits parallèles le plafond de la salle immense, elle irradiait sous la...

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