Une seule publication et déjà près de 10.000 followers en moins de 24 heures sur Instagram. Tout cela avec une simple vidéo de 17 secondes. Mohammad Mahdi Nasrallah, fils du secrétaire général du Hezbollah, est assis à un bureau et semble recopier des textes sacrés. Seuls la barbe blanche et le turban manquent, mais la ressemblance avec son père est frappante.
La voix du sayyed résonne, lisant un écrit de l'imam Ali ibn abi Taleb, père du martyr Hussein célébré par la communauté chiite. Le fils, lui, ne parle pas. Le texte lu apparaît à l'écran et, en arrière-fond, un grand portrait de Hassan Nasrallah surplombe la scène, flouté.
Jeter les téléphones ? « Certes, mais... »
La publication est la seule figurant sur le compte de Mohammad Mahdi Nasrallah – pour l'instant – et fait le tour des réseaux sociaux au Liban. Les commentaires dithyrambiques pleuvent : "Que Dieu le garde", "Ce lionceau vient d'un lion", "Tel père tel fils"... Contactée, la porte-parole du parti chiite Rana Sahili confirme à L'Orient-Le Jour la véracité de cette publication. « Mohammad Mahdi veut montrer qu'il étudie les textes religieux. Il n'y a rien de politique, il veut simplement se lancer et donner des cours théologiques et culturels », explique-t-elle.
Likée plus de 7.500 fois et largement commentée, la vidéo du fils du leader chiite inonde les smartphones... Ceux-là mêmes que Hassan Nasrallah avait sommé de jeter, dans un discours prononcé le mois dernier. « Jetez vos smartphones, enterrez-les, mettez-les dans une boîte de métal et éloignez-les », avait tonné le chef du Hezbollah.
« Certes, il y a ce sujet. Mais l'utilisation des téléphones doit être limitée, étudiée », réagit Rana Sahili, interrogée sur la question. « Le sayyed visait dans ce discours les personnes vivant au Liban-Sud et les militaires, pour ne pas qu'ils dévoilent d'informations à l'ennemi ou révèlent leur localisation. Ça n'a rien à voir », insiste-t-elle, invoquant l'aspect purement religieux de la vidéo.
« Malgré tout, le Hezb a besoin des médias »
« Il y a quand même une contradiction entre le fait de dire aux gens de jeter leurs smartphones et celui de créer un compte Instagram », estime pour sa part Jad Chahrour, responsable média du centre SKeyes pour la liberté des médias et de la culture. « Mais malgré tout, le Hezbollah a besoin des médias et d'un lien de proximité, affectif, avec ses sympathisants. Cela permet de créer encore plus d'adhésion au parti », poursuit-il.
Et M. Chahrour l'avoue sans détours, le Hezbollah est selon lui « plus fort que beaucoup de partis pour ce genre de communication ». On se souvient de la courte vidéo publiée fin octobre 2023 et devenue virale, où l'on voyait la silhouette de Hassan Nasrallah, de dos, passant devant le logo du parti avec une musique épique en fond. À ce moment-là, le chef du Hezbollah n'avait pas encore prononcé de discours depuis le début la guerre dans laquelle son parti est impliqué au Liban-Sud contre Israël, et sa parole était très attendue.
« C'est une façon pour eux de saisir le moment et d'introduire ce fils, qui était totalement méconnu jusque-là », analyse Jad Chahrour. Se voulant studieuse, la vidéo de Mohammad Mahdi tranche avec les publications de son frère Jawad, plus polémiques. En 2019, Twitter avait suspendu le compte de Jawad ainsi que celui d'al-Manar, la chaîne du parti chiite. Et juste après l'assassinat de Lokman Slim en février 2021, Jawad Nasrallah avait fait polémique en twittant ces mots : « La perte de certains est en fait un gain et une douceur inattendue, #Sansregret ». Il avait effacé sa publication un peu plus tard, après le tollé suscité.
commentaires (9)
Il a beau porter barbe, lunettes et calotte dignes du paternel enturbanné, il faut bien que jeunesse se passe. Sa vie doit être bien triste au 6ème sous-sol d'un immeuble anonyme de la banlieue sud. Sans lumière, on devient taupe. Laissez-le vivre. J'y vois aussi une évolution notable... au lieu de pointer son doigt vers le ciel pour haranguer la foule, le fiston se contente de swiper le doigt de gauche à droite pour mobiliser ses followers. C'est un grand changement dans les pratiques ancestrales de la famille et quand-même plus modernes non ?
Ca va mieux en le disant
12 h 56, le 06 mars 2024