Et juste quand vous n’en rêviez pas, Fendi créa le porte-sucette

Les années 70 ont fait florès avec les accessoires du fumeur, étuis à cigarettes, cendriers et autres briquets précieux. Fendi vient d’inventer l’alternative qui accompagne l’abandon du tabac sous la forme d’un étui à sucette Chupa Chups, à porter autour du cou, en pendentif, ou en « charm » accroché au sac. Fumeurs repentis ou adultes en construction, voici le grigri qui manquait à votre collection. Il est en cuir piqué sellier, orné d’un détail en métal argenté : le logo double « F » de Fendi, dessiné par Karl Lagerfeld dans les années 1960. Il est proposé en plusieurs couleurs assorties aux autres accessoires de la maison romaine.

Lire aussi

Kristina Zouein et Daniele Kiridjian font la paire

Fendi plonge ses racines dans la culture du voyage qui se développe intensément avec la révolution industrielle. En 1924, main dans la main, le couple Adele et Eduardo Fendi ouvrent à Rome une petite entreprise de cuir et de fourrure. Malles, valises, sacs, manteaux, plaids, foulards… la réputation des articles de la maison se construit à force de qualité et d’originalité. Rejoints par leurs cinq filles, les Fendi jouissent d’un développement constant auquel Karl Lagerfeld, engagé en qualité de directeur artistique en 1965 et concepteur en 1977 de la première collection de prêt-à-porter féminin de la marque, n’est pas étranger. Silvia Venturini, la fille d’Anna Fendi et petite-fille des fondateurs, rejoint la maison à 20 ans et y crée les accessoires, tout en veillant aux collections masculines. Elle marque l’histoire de Fendi en concevant le sac baguette, un sac ergonomique fait pour être porté sous le bras, comme une baguette, et interprétable à souhait.

Fendi x Chupa Chups®. Photo Fendi

Après la mort de Karl Lagerfeld, en 2019, c’est Kim Jones qui est recruté en 2020 en tant que directeur artistique des collections féminines. Le styliste britannique, issu de Central St Martins, fait partie des créateurs fétiches de LVMH. Lors du défilé Fendi à la Semaine de la mode milanaise qui s’est clôturée dimanche dernier, Kim Jones avait commenté la collection en confiant que les croquis de Fendi de 1984, consultés dans les archives, lui avaient rappelé Londres à la même période : les Blitz Kids, les New Romantics, l’adoption des tenues professionnelles, le style aristocratique, le style japonais. « C’est une période pendant laquelle les sous-cultures et les styles britanniques se sont mondialisés et ont absorbé les influences internationales, tout en conservant l’élégance britannique en toute simplicité et en se fichant éperdument de l’opinion des autres, ce qui ressemble au style de Rome », avait-il souligné. De fait, Silvia Venturini Fendi elle-même ne manque pas une occasion de faire l’éloge de Rome comme étant la ville la plus libre, voire la plus déjantée de l’Italie. Et Rome est en gloire dans la collection automne-hiver 2025 présentée à Milan. Les tissus en tulle et organza transparents sont ornés d’imprimés de la Statue féminine masquée et de la tête colossale d’une déesse exposée à la Galleria Borghese, ainsi que de l’Immaculée Conception de l’église Saint-Louis des Français. Non que cette période de carême pour les chrétiens y soit pour quelque chose. L’idée est de faire en sorte que « le patrimoine rencontre le plaisir », selon le manifeste de la maison.

On ignore comment il s’est fait que la Selleria de Fendi ait conçu dans ce cadre précis le porte-sucette Chupa Chups®. Mais après tout, cet objet de maroquinerie, véritable tour de force artisanal, n’est pas moins noble que le sac Balenciaga imitant les sacs de chips ou la boîte à burger Louis Vuitton en cuir beige-craft, premier objet de la collection dédiée aux arts de la table récemment lancée par la marque. Sans doute l’industrie alimentaire était-elle encore le dernier domaine populaire que le luxe ne s’était pas encore approprié.