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Nos Lecteurs ont la Parole

Quelques espoirs d’aller plus loin ensemble


« Il y aura toujours un couple frémissant pour qui ce matin-là sera l’aube première » (Aragon).

Mais par où commencer ? Des choses à dire, à hurler, à redire pour les enfoncer dans ton écoute, j’en ai des jours à dire. Mais les plus secrètes, les plus enfouies sous des couches de silence et d’aveuglement, les plus murées au fond de l’incompréhension, les plus écrasées par les peurs, et cependant prêtes à déborder dans un déferlement d’angoisse, n’ont jamais vu le jour. Celles-là, justement, il va falloir qu’elles sortent, qu’elles s’énoncent, sans que les mots soient polis, arrangés, engrangés en phrases. Il y va de notre vie...

Chacun d’entre nous a besoin de caresses, c’est-à-dire de gratifications spécifiques dans un ou plusieurs domaines.

Chacun d’entre nous peut s’interroger ainsi : de quoi l’autre a-t-il besoin ?

Dans quels domaines ? Et combien ?

Tel savant-chercheur se « satisfera » d’un compliment par an ou du Nobel après trente ans de passion silencieuse. Tel autre aura besoin de compliments, de reconnaissance, d’approbation, de chaleur tous les jours.

L’intimité sera renforcée par le souci réel de valoriser, d’estimer, d’apprécier l’autre sans démagogie ou manipulation.

Nous nous construisons en nourrissant tous les jours les « forces vives du moi » et une image positive.

L’intimité vécue, ouverte, suppose, bien sûr, le dépassement de la défiance, du repli, de l’agressivité, trois éléments se réactivant avec plus de vivacité que notre conscience.

L’intimité, c’est aussi être en contact, c’est-à-dire vraiment là où je suis, dans ce que je fais, au plus près de ce que je dis. Être entier dans la situation, non partagé entre mon passé et mon futur. Elle suppose aussi une égalité qui n’a rien à voir avec l’abolition des différences. Il s’agit plutôt de l’égalité dans la réciprocité du droit de demander, de dire, la réciprocité de la parole entendue. Cela rejoint une demande de recherche d’authenticité et de vérité de soi.

La question n’est pas de savoir que faire, mais de savoir comment se sentir différent et de savoir l’être ensuite, d’où il faudrait développer notre conscience.

Éric Berne écrivait : « La conscience, c’est la faculté de voir une cafetière et d’entendre chanter les oiseaux selon sa propre manière et non celle qui nous fut enseignée. »

Ce qui implique d’exister dans l’ici et le maintenant et non dans l’ailleurs, le passé ou l’avenir.

Dans un couple, ce sera d’accepter de voir l’autre tel qu’il est, d’être lucide sur les réactions émotionnelles qui nous traversent, qui nous envahissent parfois. De retrouver une spontanéité de l’actuel, du présent. Notre spontanéité dépendra de notre capacité à témoigner de nos sentiments réels, à en repérer l’origine ou le stimulus, à accepter l’expression de ceux de l’autre. Oser se proposer à soi-même ce qui est bon pour nous et refuser d’entrer dans la non-envie de l’autre en se privant.

Nous savons aussi que l’amour est un lien fragile. Développer une relation écologique, ça veut dire prendre la responsabilité de mes besoins, de mes propres désirs, de mes choix. Je me responsabilise par le « je ».

Toute relation, du seul fait qu’elle est vivante, sécrète sa propre pollution, elle produit un résidu, une charge, des cendres. Décrassage, aération, humus écologique de l’humour deviennent indispensables pour la vivifier à nouveau.

Ainsi, oui, il arrive parfois aux épines d’avoir des roses... René Char écrivait : « Les routes qui ne promettent pas le pays de leur destination sont les routes aimées. »

La communication a quelque chose d’océanique, dans ses flux et reflux, dans s’ouvrir et se fermer, parler, se taire, avancer, reculer, s’étreindre, se séparer... Et si ces rythmes s’installent dans un couple, dans l’absence et la présence, alors une union pleine naît.

L’autre : celui qui est susceptible d’éveiller, qu’il le veuille ou pas, l’impensable, en se souvenant que « impansable » peut s’écrire aussi comme cela.

« Assiéger l’espérance... savoir ce que l’on aime... Le non d’entre les oui... Le oui d’entre les non... » (Andrée Chédid).

Et pour terminer, quelques mots de Paul Éluard : « Le tout est de tout dire, et je manque de mots. »

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

« Il y aura toujours un couple frémissant pour qui ce matin-là sera l’aube première » (Aragon).Mais par où commencer ? Des choses à dire, à hurler, à redire pour les enfoncer dans ton écoute, j’en ai des jours à dire. Mais les plus secrètes, les plus enfouies sous des couches de silence et d’aveuglement, les plus murées au fond de l’incompréhension, les plus...

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