
Le 18 février dernier, un article publié dans Libération enflammait le web libanais. Dans un article écrit au conditionnel, le quotidien français reprenait le rapport d'un « centre d'étude » israélien consacré aux tunnels du Hezbollah. Les vétérans de l'armée israélienne, qui forment le gros du personnel de l'Alma, relaient avant tout le narratif proposé par l'armée israélienne.
En 2014, l'Israélienne Sarit Zehavi sort tout juste d'une carrière de quinze ans dans le renseignement, qu'elle termine comme officier dans le « commandement du Nord ». Toutefois, la fin de sa carrière militaire ne marque pas celle de son engagement contre le Hezbollah, elle qui, dans une interview au magazine israélien Tablet en 2019, se dit « prête à tuer Nasrallah (le secrétaire général du parti chiite, NDLR) de ses propres mains s'il devait empêcher la Bar-Mitzvah de (son) fils ».
Cette obsession la pousse à fonder l'Alma Research and Education Center, créé en 2014, selon sa page LinkedIn et la date d'enregistrement du nom de domaine du site internet.
En 2017, l'inauguration du projet d'Alma se déroule sous l'égide de la fondation Galilea qui finance des projets de développement dans le nord d'Israël. Parmi les invités, on peut apercevoir Sivan Yechieli, également proche des sphères du renseignement israélien à travers un autre think-tank, « Confrontation Line ». Mais l'homme est plus connu pour avoir bloqué l'accès de Palestiniens à la propriété en tant que maire du village de Kfar Vradim.
Pour l'Alma, tout bascule en 2021, quand le centre publie un rapport faisant état d'un réseau étoffé de souterrains qui parcourrait l'ensemble du territoire libanais. Il s'agit du même rapport qui enflamme aujourd'hui le débat relancé par l'article de Libération. Il est basé sur une « carte secrète du Hezbollah trouvée sur internet » par les volontaires du centre de recherche. Cette carte a en fait été publiée sur le site des Forces libanaises en 2008, et rien ne permet de l'authentifier.
L'ensemble du rapport n'avance aucune preuve tangible en soi, mais extrapole à partir de l'épisode de la découverte de tunnels du Hezbollah, bien réels, à la frontière en 2018. En partant de là, les auteurs du rapport affirment sans aucune preuve que des tunnels truffent l'ensemble du territoire libanais. L'armée israélienne n'a d'ailleurs pas annoncé avoir détruit d'infrastructure particulière dans les localités indiquées dans le rapport depuis le 8 octobre 2023, malgré leur caractère stratégique supposé.
L'ancienne chef de la censure israélienne dans l'équipe
L'une des spécificités de l'Alma, c'est son absence de publication en hébreu. Le site internet, qui n'existe qu'en anglais, se targue de partager sa « connaissance géopolitique approfondie du Moyen-Orient » à une audience internationale. Toutefois, le fait que l'équipe du centre comporte neuf vétérans de l'armée israélienne pour un total d'une vingtaine de membres laisse peu de doute sur le point de vue proposé quant à cette « expertise ».
Les fonctions occupées auparavant par certains de ces militaires retraités sont assez éloignées de l'analyse de sources ouvertes que le centre indique mener. On y trouve notamment Sima Vaknin Gill, ancienne chef de la censure israélienne, ou encore l'Américano-Israélienne Miri Eisin, qui fut chargée en 2006 de la communication avec les médias étrangers pour l'ancien Premier ministre Ehud Olmert. Outre sa directrice, le centre compte tout de même de véritables anciens cadres du renseignement israélien, comme Ram Yavne, qui a occupé des postes-clés dans le commandement nord de l'État hébreu.
De façon générale, les publications du centre suivent de très près la parole officielle de l'armée israélienne. Dans un article publié au lendemain de l'assassinat de Saleh el-Arouri le 2 janvier dans la banlieue sud de Beyrouth, il n'est par exemple fait mention que « d'une explosion » qui aurait causé la mort du numéro deux du Hamas. Alors que l'implication de l'armée israélienne dans l'épisode apparaît comme un secret de polichinelle, les précautions employées par les auteurs pour préserver les apparences interrogent.
La proximité avec le discours officiel israélien est omniprésente. Dans quelques lignes consacrées par exemple au détournement par le Hezbollah de matériel militaire destiné à l'armée libanaise, aucun exemple n'est cité. Et ce alors même que les interlocuteurs américains de l'armée libanaise (FAL) ont salué la transparence à l'œuvre dans l'allocation des aides. Dina Arakji, chercheuse en sécurité au Moyen-Orient, rappelait d'ailleurs dans nos colonnes que « les FAL ont, du point de vue américain, un excellent bilan en matière de traçabilité de l'usage des équipements alloués ». L'absence de données factuelles pour corroborer ses accusations n'empêche pourtant pas le centre Alma d'appeler à l'arrêt des aides internationales à l'armée.
On irait pas jusqu’à jurer que ce qu’ils annoncent est faux. HB est le roi du pays et à notre connaissance, il l’a réduit à une base militaire à son service pour pouvoir faire le plus de victimes civiles possible parmi la population comme l’a fait le Hamas à Gaza. Ce sont des barbares qui n’ont aucune conscience ni empathie pour les innocents et ne valent guère mieux que les israéliens qu’ils accusent de génocidaires. Eux aussi en ont plus d’un à leur compteur. Mais les leurs sont toujours de longue haleine et à petit feu.
16 h 15, le 01 mars 2024