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Politique - Éclairage

Entre escalade et surenchères, les négociations sur l’avenir du Liban-Sud se précisent

Amos Hochstein serait désormais convaincu qu’un accord indépendant d’un cessez-le-feu à Gaza est impossible.

Entre escalade et surenchères, les négociations sur l’avenir du Liban-Sud se précisent

L'émissaire américain Amos Hochstein lors de sa dernière visite à Beyrouth, le 11 janvier 2024. Photo Mohammad Yassine

Les menaces (et les canons) ont beau se faire de plus en plus audibles sur le front sud – qui s’est de nouveau embrasé lundi avec des frappes de missiles israéliens sur Ghaziyé, au sud de Saïda, pour la première fois depuis le 8 octobre –, les négociations se poursuivent. Certes, la semaine passée, tant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah ont affirmé que la situation tend vers l’escalade. Mais ces derniers jours, de nombreux éléments semblent indiquer que les deux parties œuvrent toujours à trouver un règlement garantissant une stabilité à long terme à la frontière, un horizon qui se précise de plus en plus.

Le premier de ces indicateurs est sans doute la réunion entre le Premier ministre sortant Nagib Mikati et l’émissaire américain pour le Liban Amos Hochstein samedi à Munich. Les deux hommes ont évoqué la poursuite des pourparlers pour aboutir à un cessez-le-feu ou, à défaut, maintenir la situation sur le terrain sous contrôle. « M. Hochstein est désormais convaincu qu’il n’y aura pas de solution à la frontière libano-israélienne avant un arrêt des combats dans la bande de Gaza », affirme une source diplomatique occidentale à L'Orient-Le Jour. Il s’agit là de la principale condition du Hezbollah pour évoquer un cessez-le-feu au Sud, comme l’a affirmé à plusieurs reprises Hassan Nasrallah.

Les déclarations de M. Hochstein, à la suite de son entretien avec M. Mikati, sur les efforts déployés pour apaiser la situation et assurer le retour des habitants des villages frontaliers des deux côtés étaient dans ce cadre notables. « Nous essayons de maintenir le conflit dans le sud du Liban au plus bas niveau », a-t-il affirmé. Cela montre sa conviction que les opérations ne pourront cesser tant que la guerre à Gaza fait rage, et l’objectif, en attendant, est d’empêcher leur extension et de les cerner dans une zone géographique définie avec des règles d’engagement bien établies. Et Hochstein d’ajouter : « Nous devrons faire beaucoup pour soutenir l’armée libanaise et reconstruire l’économie du sud du Liban, et cela nécessitera un soutien international des Européens ainsi que des États du Golfe, et j’espère qu’ils fourniront ce soutien dans les prochaines étapes. » Ces propos comportent de nombreuses indications, en particulier en ce qui concerne l’accent mis sur l’économie et le soutien à l’armée, en plus de la référence claire aux Européens et aux pays du Golfe.

Conférence en soutien à l’armée à Paris
D’ailleurs, ces derniers jours, il paraît de plus en plus clair que les pays européens, en particulier la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, s’activent pour élaborer des propositions pour consolider la stabilité au Liban-Sud. La France a présenté aux protagonistes libanais une feuille de route inspirée de l’accord d’avril 1996, tandis que le Royaume-Uni a proposé d’installer des tours de surveillance similaires à celles qui ont été construites à la frontière avec la Syrie. « Toutes ces propositions seront finalement intégrées dans le panier américain en cours de développement par Amos Hochstein », affirme la source diplomatique occidentale à notre journal. La volonté de la France d’organiser une conférence internationale sur le soutien à l’armée libanaise dans les prochains jours (qui pourrait être suivie d’une autre en mars à Rome) s’inscrit dans ce contexte-là. Selon nos informations, cette conférence sera évoquée entre Paris et plusieurs autres capitales, dont Doha. Le Premier ministre qatari, le cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, effectuera en effet un déplacement dans la capitale française dans un proche avenir. Une visite importante pour le Liban pour deux raisons : premièrement, le Qatar et la France sont des acteurs-clés dans le dossier des hydrocarbures au Liban, et deuxièmement, ils sont tous les deux membres du quintette (aux côtés des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte) impliqué dans le dossier présidentiel.

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Amos Hochstein a également évoqué les pays du Golfe, à l’heure où les États-Unis et le Qatar sont les principaux soutiens de l’armée libanaise. La coopération entre ces deux États pourrait évoluer avec la possibilité d’élargir la participation à d’autres pays du Golfe, un projet intrinsèquement lié au volet économique, puisque ces derniers sont historiquement les principaux bailleurs de fonds de Beyrouth. Amos Hochstein insiste en effet sur les efforts américains pour renforcer l’économie libanaise, en commençant par la délimitation de la frontière maritime avec Israël (en octobre 2022) et le démarrage des opérations de forage dans la zone économique exclusive (ZEE) libanaise, dans lesquelles Doha, Paris et Rome sont impliqués. Dans ce contexte, le fait que le consortium composé par TotalEnergies, ENI  et QatarEnergy n’ait pas signé dans les délais les contrats pour l’exploration et l’exploitation des blocs 8 et 10 de la ZEE du Liban et n’ait pas réclamé d’extension ne peut être dissocié de la situation politique et sécuritaire dans le pays. Le gouvernement libanais est aujourd’hui confronté à deux possibilités : soit prolonger le délai, soit lancer un nouvel appel d’offres. Il est clair que cela est désormais lié à l’évolution de la situation au Liban-Sud et à l’attente d’un cessez-le-feu. Cela confirme que tous les dossiers politiques, militaires et économiques sont interdépendants et nécessitent une solution globale.

Le Hezbollah et le « panier »
La communauté internationale tente dans ce contexte de renforcer la stabilité par le biais de la reconstitution et de la réorganisation du pouvoir, notamment l’élection d’un président de la République et la formation d’un gouvernement. Or des rumeurs se propagent dans les coulisses sur des divergences au sein du quintette, ce qui pourrait compromettre son action et restreindre l’accord qui pourrait en naître. Le déblocage pourrait alors venir d’un deal entre les États-Unis, le Qatar et l’Iran. D’autant que certaines voix aux États-Unis laissent entendre que l’Arabie saoudite ne souhaite pas s’engager davantage au Liban, ni investir ou fournir des aides, et qu’il faudrait rechercher d’autres partenaires. Cela n’est pas sans rappeler un élément fondamental survenu après la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, quand les relations entre Riyad et Washington n’étaient pas au beau fixe. À l’époque, lors d’une réunion entre M. Hochstein et l’ancien Premier ministre israélien Yaïr Lapid, ce dernier a déclaré : « Après cet accord, on vous pardonnera la destruction des relations avec l’Arabie saoudite. » Cela comporte plusieurs implications qui pourraient se reproduire à tout moment, compte tenu des relations, de moins en moins spéciales, entre les Américains et les Saoudiens.

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Un dernier indicateur sur le déroulement des négociations : le dernier discours de Hassan Nasrallah, vendredi, dans lequel il a affirmé que la question de Gaza et du Liban-Sud est dissociée de tout autre enjeu. Selon lui, elle n’est liée ni à la présidentielle, ni à une révision de la Constitution, ni à la recherche de gains politiques pour le parti. Du côté des opposants au Hezbollah, on estime que malgré ces propos, le parti insiste toujours sur des négociations portant sur un panier complet qui lui assurerait des avantages politiques et économiques à travers des investissements et la levée de ce que le parti appelle « le siège économique » imposé au Liban. Cela n’est pas sans rappeler l’accord maritime, quand beaucoup ont alors évoqué un « accord » complet comprenant la livraison de gaz égyptien et d’électricité jordanienne au Liban, ainsi que quelques facilités économiques, en échange des concessions faites par le Hezbollah. Toutefois, tout cela ne s’est jamais concrétisé. Reste que le tracé maritime entre le Liban et Israël a consacré le tandem chiite Amal-Hezbollah comme le principal négociateur et grand décideur. Aujourd’hui, après la guerre du 7 octobre, c’est avec ce camp-là que négocieront les puissances étrangères pour aboutir à un accord, au grand dam du reste des protagonistes libanais présents sur l’échiquier.

Les menaces (et les canons) ont beau se faire de plus en plus audibles sur le front sud – qui s’est de nouveau embrasé lundi avec des frappes de missiles israéliens sur Ghaziyé, au sud de Saïda, pour la première fois depuis le 8 octobre –, les négociations se poursuivent. Certes, la semaine passée, tant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que le...

commentaires (8)

Jusqu'à nos jours le Liban a ployé successivement sous le joug de la Patrie de Remplacement des Palestiniens puis de la Grande Syrie pour finir sous l'hégémonie du Grand Iran ... Et tout cela soi-disant pour éloigner la menace du Grand Israël.. Alors s'il vous plaît messieurs arrêtez d' insulter notre intelligence... Vraiment

Oscar

14 h 34, le 20 février 2024

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Commentaires (8)

  • Jusqu'à nos jours le Liban a ployé successivement sous le joug de la Patrie de Remplacement des Palestiniens puis de la Grande Syrie pour finir sous l'hégémonie du Grand Iran ... Et tout cela soi-disant pour éloigner la menace du Grand Israël.. Alors s'il vous plaît messieurs arrêtez d' insulter notre intelligence... Vraiment

    Oscar

    14 h 34, le 20 février 2024

  • LES MEMES NOMS. NETANYAHU, HASSAN NASRALLAH, LE KIBBOUTZO-TSAHALIEN HOCHSTEIN, L,ENVOYE DES RENARDS AUI ONT VENDU LA PALESTINE CAMEROUN, NOTRE ETERNEL PERCHE SUR LE PERCHOIR CLEF EN MAIN OUVRE ET FERME SIMSOM A SA GUISE, NOTRE FAMEUX SANS BOUSSOLE MIKATI PM ILLEGALET QUELQUES ACCESSOIRES. QUI NEGOCIE AVEC BIDEN/NETANYAHU NOS FRONTIERES ? LE BARBU... PAS D,ETAT DE TOUTE FACON. QUI DECIDE DE L,AVENIR DU PAYS ET DE TOUT SON PEUPLE EN CES NEGOCIATIONS ? LE BARBU, AUTO-PROCLAME CHEF D,ETAT DE FAIT ! DEMOCRATIQUES LES LEGISLATIVES, HEIN ? SOUS LA MAINMISE LIBANAIS VOUS ETIEZ, VOUS ETES ET LE SEREZ

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 23, le 20 février 2024

  • Tout cela n'est que provisoire et fait pour que Tsahal continue à avoir les mains libres à Gaza . N'oublions pas que pour ces extrêmistes sionistes , le territoire libanais tout entier fait partie intégrante du Grand Israel . Un jour ou l'autre , ils voudront s'emparer de notre triste et beau pays !

    Chucri Abboud

    13 h 40, le 20 février 2024

  • Encore une fois RAPPEL : Qui fait son service militaire en israël ? Tous les citoyens, il dure vingt-quatre mois pour les femmes, trente-deux pour les hommes, et jusqu'à quarante-huit pour ceux qui obtiennent le grade d'officier. Les Israéliens deviennent réservistes jusqu'à 40 ans et même jusqu'à 54 ans pour CERTAINES SPÉCIALITÉS. Amos Hochstein (citoyen israelien en priorité ) a 51 ans. Menteur ne et en plus mythomane. Qui ose espérer ?

    aliosha

    12 h 43, le 20 février 2024

  • Vous êtes en train de nous mener droit dans le mur. Tant que ce parti vendu reste armé, Israël continuera ses incursions et la violation de notre ciel et de notre terre pour contrôler leur stockage d’armes et leurs munitions qui sont là pour perpétuer la guerre et le chaos sur ordre de leurs maîtres. Les israéliens savent que toutes les munitions disséminées un peu partout, ne sont pas là pour servir de feu de joie mais pour perpétuer les massacres lorsque l’ordre leur sera donné. Trêve de balivernes, pour régler le problème de notre pays il faut impérativement désarmer ce parti vendu.

    Sissi zayyat

    10 h 20, le 20 février 2024

  • Seule l’Arabie Saoudite a compris que pour arriver à régler le problème du Liban il faut fermer les robinets de tout financement de ces mafieux qui continuent de mener la danse prétextant régler le problème alors qu’ils n’arrêtent pas de le rendre un peu plus inextricable tous les jours à cause de l’importance que leur accordent le quintette et les autres pays aidants en continuant de négocier avec eux sachant que rien de bon n’en sortira. Tous les accords signés avec eux sont restés lettre morte et ils persistent et signent, se prenant pour les futés alors qu’ils les roulent dans la farine.

    Sissi zayyat

    09 h 43, le 20 février 2024

  • Reste que le tracé maritime entre le Liban et Israël a consacré le tandem chiite Amal-Hezbollah comme le principal négociateur et grand décideur. Aujourd’hui, après la guerre du 7 octobre, c’est avec ce camp-là que négocieront les puissances étrangères pour aboutir à un accord, au grand dam du reste des protagonistes libanais présents sur l’échiquier. Ils ne veulent pas comprendre qu’aucune solution ne sera trouvée tant qu’ils négocient avec ceux-là mêmes s’efforcent à bloquer toutes les issues menant à une solution politique et tant que les armes continuent à pulluler sur nos frontières.

    Sissi zayyat

    09 h 34, le 20 février 2024

  • Un nouvel accord? Si je comprends bien, Il faut que tout le monde se mette d’accord sur le texte d’un nouvel accord stipulant le respect des accords précédents (1559 et 1701), sur lesquels on s’était déjà mis d’accord à l’époque. D’accord? Eh oui! Aucun doute, nous sommes bien au Liban!

    Yves Prevost

    07 h 46, le 20 février 2024

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