Le va-et-vient diplomatique n’a jamais été aussi intense. À l’heure où le ton monte en Israël, dont le gouvernement menace de mener une guerre de grande envergure contre le Liban si le Hezbollah ne cesse pas ses attaques en soutien au Hamas et ne s’éloigne pas de la frontière, les grandes puissances s’activent. C’est particulièrement le cas de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni, qui appellent à l’unisson à l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Votée en 2006 pour mettre fin à la guerre de juillet, elle réclame le retrait du Hezbollah vers le nord du fleuve Litani en échange d’un arrêt des incursions israéliennes dans l’espace souverain libanais, mais n’a jamais été vraiment appliquée. Dans ce contexte, les diplomates de ces trois pays ont formulé des propositions, qui restent à peaufiner et qui pourraient être regroupées, pour assurer la mise en œuvre de la 1701 après la guerre et stabiliser la frontière. Que propose chacun ? L’Orient-Le Jour fait le point.
Les Français
La réactivation des arrangements de 1996, connus sous l’appellation d’« Accord d’avril », entre Israël et le Liban, qui ont mis fin à l’opération « Raisins de la colère » menée par l’État hébreu cette année-là, est une piste évoquée côté français. L’accord avait décrété la mise sur pied d’une commission chargée de superviser le cessez-le-feu et gérer les différends. À l’époque, elle comprenait des représentants du Liban, d’Israël, des États-Unis, de la France et de la Syrie. Bien entendu, une réédition de ce scénario n’inclurait pas le régime syrien qui, en plus d’avoir perdu son statut d’acteur de premier plan au Liban, est isolé par la communauté internationale. Damas serait alors remplacé par une autre capitale arabe, plus présente actuellement au Liban. Cette commission, qui pourrait avoir un bureau au Liban (Tyr) et un autre en Israël (Nahariya), devrait également superviser la poursuite des négociations sous l’égide des Nations unies pour délimiter la frontière terrestre entre les deux États. Ces négociations viendront compléter les efforts de l’émissaire américain Amos Hochstein, qui négocie auprès d’Israël un retrait des zones de litige, le temps qu’un accord définitif soit trouvé. Dans ce contexte, lors de sa récente visite à Beyrouth, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a appelé les Libanais à dissocier le dossier du Liban-Sud de celui de Gaza, affirmant que les Israéliens pourraient avoir recours à la guerre si la diplomatie échoue.
Les Britanniques
Les Britanniques, eux, proposent l’édification de tours de surveillance similaires à celles construites précédemment dans la région de Baalbeck pour superviser la frontière avec la Syrie, notamment face à la menace de l’État islamique. Le plan de Londres prévoit également un renforcement de l’armée libanaise et des forces de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) le long de la frontière sud. C’est dans cette logique que s’inscrit la visite du ministre des Affaires étrangères David Cameron il y a une dizaine de jours à Beyrouth, suivie d’une délégation militaire britannique. Cette dernière s’est notamment entretenue avec le chef de l’armée, Joseph Aoun, à propos de cette proposition. Selon nos informations, les Britanniques ont proposé que la première tour soit construite à Naqoura, près du quartier général de la Finul, qui constitue un point de surveillance terrestre et maritime. De quoi permettre également de protéger l’accord maritime libano-israélien signé en octobre 2022 en empêchant les incursions.
Le Liban s’est montré ouvert à la proposition britannique, mais a exigé que le contrôle des tours soit confié à l’armée libanaise et que ces tours soient placées le long de la frontière internationale et non pas de la ligne bleue, car cela devrait être lié au retrait israélien des points contestés. Les Britanniques ont également proposé, en accord avec les Français, de former l’armée libanaise et d’y recruter entre 7 000 et 12 000 nouveaux éléments. Par ailleurs, il y a un effort français pour organiser une conférence internationale de soutien à l’armée libanaise pour lui fournir les ressources nécessaires, recruter de nouveaux éléments et assurer leur équipement.
Les Américains
En ce qui concerne les États-Unis, l’envoyé américain Amos Hochstein poursuit la voie qu’il a entreprise en 2022 pour parvenir à un accord sur la délimitation de la frontière maritime, s’attelant cette fois-ci à la frontière terrestre. Sa mission ne peut être dissociée de la pression américaine pour éviter toute escalade ou confrontation entre le Liban et Israël. L’objectif est de parvenir à un cessez-le-feu, de permettre le retour des populations des deux côtés de la frontière et de renforcer la présence de l’armée et de la Finul au sud du Litani. Ensuite, il entamera des négociations sur le tracé terrestre afin de consolider une stabilité à long terme.
Les propositions françaises et britanniques seront prises en compte par les Américains, auxquels les parties libanaise et israélienne réclament des garanties. Du côté de Tel-Aviv, on souhaite par-dessus tout éviter que le Hezbollah ne réalise à l’avenir une opération d’infiltration similaire à Déluge d’al-Aqsa du Hamas. Pour les Israéliens, la milice chiite ne doit plus représenter une menace pour les habitants du Nord.
Pour sa part, le Liban demande des garanties concernant l’arrêt par Israël des incursions terrestres, maritimes et aériennes, ainsi que des agressions et violations de la souveraineté du pays. De plus, des garanties politiques sont demandées concernant la reconstitution du pouvoir au Liban, ainsi qu’un soutien international pour relancer l’économie.
Opérations militaires ou sécuritaires ?
Les pays impliqués dans les négociations savent toutefois que le retrait total du Hezbollah vers le nord du Litani n’est pas une proposition réaliste, les membres et cadres du parti étant souvent originaires des villages frontaliers. Les Israéliens évoquent donc désormais le retrait de l’unité d’élite al-Radouane, mais il ne sera pas possible de distinguer ses membres du reste des éléments du parti chiite. Ainsi, l’accent sera probablement mis sur le retrait des armes lourdes de la milice à 10 kilomètres au nord de la frontière. Les combattants du Hezbollah devront également faire profil bas dans la région frontalière. L’armée libanaise y assumera la sécurité, en coordination avec la Finul. Si cette dernière détecte une violation ou une activité militaire, l’armée en sera informée pour prendre en charge la situation en vue d’éviter un affrontement entre les Casques bleus et les « habitants ».
De même, les Israéliens ont, selon nos informations, parlé de « cessation des opérations militaires » et non de cessation des opérations sécuritaires. Il semble ainsi vouloir se laisser une marge de manœuvre pour mener d’éventuelles opérations d’assassinat contre des dirigeants ou cadres du Hezbollah ou du Hamas au Liban. Cependant, les Libanais ont catégoriquement refusé cela, révèle une source au courant de la teneur des discussions, soulignant que toute opération de ce type pourrait entraîner une réponse violente et forte, même si cela devait conduire à la guerre tellement redoutée.
commentaires (4)
- DITES, RIRE OU NE PAS RIRE ? - MAIS OSE-T-ON Y PENSER ? DES ACCORDS QUI MILLE FOIS, - FURENT VIOLES CHAQUE JOUR, - PAR ISRAEL AIR, MER, TERRE, - PAR LE HEZB NON RESPECTES. - FAUT ETRE DINGUE POUR CROIRE, - QU,ILS POURRAIENT L,ETRE DESLORS. - IL N,Y A QUE LES CHANTEURS, - MIKATI LE CONVERTI, - ET LE PERCHE DU PERCHOIR, - QUI REPETENT CE CONCERT. - CE SERAIT ENORME ERREUR, - D,EPOUSER L,INEPOUSABLE. - LES VOISINS VEULENT FINIR, - LE JOB QU,ILS ONT COMMENCE.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 55, le 15 février 2024