Un titre énigmatique, mais qui exprime sans détour le manifeste à la fois éthique et esthétique d’Emergency Room, la jeune marque « made in Lebanon » qui porte le flambeau de l’écologie et de l’intégration.
« What Am I To Do With All That Is Left ? » (Que vais-je faire de tout ce qui reste ?) est le nom de la collection automne-hiver 2024-2025 présentée le 7 février à la Semaine de la mode de Dubaï. « Un témoignage de résilience et de créativité », souligne le manifeste. Malgré les difficultés croissantes soulevées par le contexte régional, l'équipe d'Emergency Room a travaillé sans relâche pour donner vie à sa vision. La meilleure façon de continuer à créer en contournant les obstacles a été de travailler de manière intuitive. « On a fouillé dans les sacs de chutes des collections précédentes afin de créer de nouveaux vêtements. On a fait du magnifique en utilisant ce qui reste », détaille Éric Ritter, le fondateur et directeur artistique de la marque.
La collection a été présentée en partenariat avec l'entreprise technologique londonienne Nothing, qui a complété le tableau avec sa nouvelle gamme de produits technologiques Nothing Apparel. Les mannequins, en blouse de laboratoire, présentaient aussi le téléphone phare Nothing Phone avec son interface Glyph et les produits audio Nothing.
Structurée en trois parties émouvantes, passé, présent et futur, la collection raconte une histoire obsédante. Le segment « passé » présente des matériaux texturés et colorés provenant de productions et de collections antérieures, enveloppées dans une esthétique nostalgique. Entre chapeaux bouffants à plumes et fond sonore rythmé par une chanson de Mashrou' Leila, les souvenirs des débuts et des premiers élans de la marque affleuraient en force.
En passant au « présent », la collection a pris un ton sombre avec des pièces essentiellement noires, reflétant le chagrin collectif et la déshumanisation en cours à Gaza. Axés sur la forme et la silhouette, les gros pulls en laine sont associés à des pantalons et des jupes en soie, avec des contrastes marqués.
Enfin, le segment « futur » illustre l'espoir avec une palette entièrement blanche, symbolisant un nouveau départ. Les mannequins portaient des produits de la marque Nothing. Tourné vers l’avenir, ce partenariat entre artisanat et haute technologie est à la fois optimiste et inclusif.
En raison de la nature du processus de conception et des matériaux utilisés, de nombreux articles de la collection sont des pièces uniques, ce qui offre une occasion particulière aux adeptes de la marque de mettre en avant leur personnalité. Ces pièces exclusives seront disponibles à l'achat sur le site web d'Emergency Room Beirut dans les mois à venir.
Éric Rittter, le fondateur d'Emergency Room, a décidé un jour de 2015 de quitter le confort d'un studio de mode de luxe pour partir vers l'inconnu, le long de la côte libanaise.
À Tripoli, capitale du Liban-Nord, il rejoint une équipe de couturières à peine qualifiées et choisit de les former, leur transmettant tout ce qu'il sait sur la confection de vêtements. En retour, ces femmes lui font découvrir leur ville, ses joyaux secrets, ses souks authentiques où se côtoient friperies et boutiques de haute joaillerie.
Grâce à cette expérience qui lui permet de regarder le réel différemment, Éric Ritter comprend que les beaux vêtements ne sont pas uniquement des rêves destinés à être portés par quelques privilégiés.
C'est dans cette collusion de mondes où les préjugés volent en éclats qu'il décide de lancer Emergency Room, une marque fondée sur la conviction que les vêtements font partie de la vie réelle et quotidienne, qu'ils doivent être fabriqués par de vraies personnes et non pas uniquement des machines, et tout autant portés par des personnes en chair et en os, avec leurs différences et la beauté de leurs imperfections, à chaque instant de leur vie.