Rechercher
Rechercher

Économie - Rapport

La guerre à Gaza a déjà fait perdre beaucoup au Liban, constate The Policy Initiative

Le think tank issu de la société civile fournit également des projections de « guerre totale ».

La guerre à Gaza a déjà fait perdre beaucoup au Liban, constate The Policy Initiative

Une rue de Beyrouth, au niveau du Musée national. Photo : P.H.B.

The Policy Initiative (Siyasat al-Ghad en arabe), un think tank libanais issu de la société civile, a publié sur son site internet une estimation des pertes subies par le Liban et de celles qu'il peut encore enregistrer en raison de la guerre à Gaza et de ses débordements au Liban-Sud.

Ses extrapolations, extraites d’un rapport plus détaillé, se basent principalement sur un bouquet de données, incluant ce qui a été publié par la Banque du Liban (BDL), le Fonds monétaire international (FMI) ou le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Le rapport sera diffusé dans les prochaines semaines, selon l'ONG que nous avons contactée.

Le Hezbollah et l’armée israélienne échangent tirs, bombardements et attaques de drones depuis le 8 octobre 2023, au lendemain du début de la guerre entre le mouvement palestinien Hamas et lsraël dans la bande de Gaza.

« Selon le Beirut Urban Lab, Israël a mené plus de 2.600 frappes à l'intérieur du territoire libanais dans un rayon de 10 kms de la frontière, et continue d'utiliser illégalement des munitions au phosphore, ce qui cause de graves dommages environnementaux et menace le secteur agricole fragile du pays et l'écosystème régional », rappelle en introduction The Policy Initiative. Il évoque également le nombre de morts côté libanais, soit au moins 26 civils au moment où le résumé a été publié, sans compter les membres du Hezbollah, du mouvement chiite Amal et des autres groupes de belligérants notamment palestiniens, et de déplacés (près de 90.000). Il souligne de plus que l'économie libanaise est déjå fortement fragilisée par plus de 4 ans de crise socio-économique que les autorités 1ont laissé se développer et qui ont contribué à faire passer le PIB de plus de 50 milliards de dollars en 2019 à moins de 20 milliards actuellement.

Lire aussi

Le Liban risque de perdre 2 à 4 points de PIB à cause de la guerre à Gaza, selon le PNUD

Tourisme et investissements, premiers touchés

L’ONG libanaise anticipe, dans un premier temps, un manque à gagner de 450 millions de dollars lié à la baisse de 23% du nombre de visiteurs attendus dans le pays sur la période allant du 23 octobre 2023 à fin février 2024.

C’est autour de cette première date que la compagnie aérienne nationale, la Middle East Airlines (MEA), a réduit son offre de vols en marge des événements en cours. Elle n’a toujours pas rétabli sa grille à son niveau d’avant-guerre et s’est contentée de rajouter des vols exceptionnels pendant la période des fêtes de fin d’année.

The Policy Initiative indique que le nombre de visiteurs attendus sur la période en question, soit 1,29 million, devrait en conséquence reculer de 300.000. L’ONG considère que chaque visiteur dépense en moyenne 1.500 dollars pendant son séjour, en se basant sur des données de 2022. À noter que ces visiteurs sont dans leur grande grande majorité issus de la diaspora libanaise.

The Policy initiative s’attend également à une baisse des investissements, qui pourrait atteindre 105 millions de dollars. Un chiffre extrapolé à partir des tendances à « la baisse de 60 % enregistrée en octobre 2023 des transactions immobilières en glissement annuel dans tout le pays », qui marque également une « baisse de 40 % sur la période 2011-2022 », selon les données de la BDL. Cette tendance avait poussé à la baisse des investissements directs étrangers, provoquant le manque à gagner identifié par l’ONG pour la période allant du début de la guerre à février.

Pour mémoire

Israël a bien utilisé du phosphore blanc au Liban-Sud : en voici les preuves

Si le conflit se prolonge ou s’aggrave

Sans le cas où le conflit devait s'arrêter demain, le Liban aurait déjà perdu autour de 550 millions de dollars en comptant le tourisme et les investissements.

The Policy initiative ne s'arrête pas là et fournit également ses prévisions pour le cas où le conflit se prolongerait sans significativement gagner en intensité. Dans ce scénario, le think tank s’attend que le manque à gagner atteigne 1,35 milliard de dollars pour les revenus du tourisme et 210 millions de dollars pour les investissements entre octobre 2023 et septembre 2024, soit un total d’environ 1,56 milliard de dollars.

Dans ce cas de figure, l’ONG estime que la guerre impacte les exportations étant donné que le Liban-Sud « contribue de manière importante à la production d'olives, de tabac, d'amandes, de blé, d'orge, d'agrumes, de bananes, de lait et d'huile d'olive », autant de produits qui rapportent en temps normal 94 millions de dollars par an dans la colonnes des exportations, selon elle. En tenant compte de ce paramètre, l’addition totale dépasserait alors les 1,6 milliard de dollars sur la période de référence prise en compte, souligne le think thank.

L’ONG fournit des estimations des pertes pour l’économie libanaise en cas de « guerre totale ». Elle table, dans ce scénario, sur des pertes pouvant atteindre  7,7 milliards de dollars sur l'année en cours, dont plus de la moitié (4 milliards de dollars) provoqués par une chute du nombre de visiteurs de l'ordre de 90 %, soit dans les mêmes proportions que dans le sillage la guerre de 2006 entre Israèl et le Hezbollah.

La baisse globale des salaires provoquée par le départ de sociétés internationales opérant au Liban (environ 53 millions de dollars), la hausse des coûts de production des industriels locaux suite à la dégradation supplémentaire des infrastructures (plus ou moins 2 milliards de dollars), et enfin la baisse des transferts de la diaspora (quelque 1,5 milliard) complèteront le tableau.

The Policy Initiative (Siyasat al-Ghad en arabe), un think tank libanais issu de la société civile, a publié sur son site internet une estimation des pertes subies par le Liban et de celles qu'il peut encore enregistrer en raison de la guerre à Gaza et de ses débordements au Liban-Sud.Ses extrapolations, extraites d’un rapport plus détaillé, se basent principalement sur un bouquet...
commentaires (4)

C'est maintenant que la "société civile " se réveille et constate le déluge économique (?) des élus parlementaires censés apporter le changement (?) On n'entend pas le think tank se prononcer sur les problèmes structurels posés par les politiques antérieures. Où sont les 70 milliards de perte et comment les rendre au peuple (?) Conjoncture n'est pas structure. Qu'ils se grattent un peu plus la tête (!)

Raed Habib

09 h 06, le 15 février 2024

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • C'est maintenant que la "société civile " se réveille et constate le déluge économique (?) des élus parlementaires censés apporter le changement (?) On n'entend pas le think tank se prononcer sur les problèmes structurels posés par les politiques antérieures. Où sont les 70 milliards de perte et comment les rendre au peuple (?) Conjoncture n'est pas structure. Qu'ils se grattent un peu plus la tête (!)

    Raed Habib

    09 h 06, le 15 février 2024

  • Ils ne connaissent rien à rien, le barbu jaune a une autre analyse lui, notre sauveur. Lui sait de quoi il parle quand il s’agit de maintenir son état mafieux.

    Zeidan

    08 h 12, le 15 février 2024

  • 550 millions de dollars de perte pour le Liban" L'Iran va-t-il nous rembourser les dégâts commis par sa milice? Où est la "sagesse" de Nasrallah vantée par Mikati? Et le sens de l'intérêt national que botre milicien en chef s'attribue à lui-même?

    Yves Prevost

    07 h 23, le 15 février 2024

  • Un tableau réjouissant

    AntoineK

    01 h 30, le 15 février 2024

Retour en haut