Un permis de construire avait été accordé à la propriétaire du bien-fonds par la municipalité de Amchit, en décembre 2020. Ce permis avait été suivi en octobre 2022 d’une autorisation consentie par le ministère de l’Environnement pour poursuivre les travaux de construction. La pression exercée par les résidents locaux et de nombreux activistes, ainsi qu’une pétition, des campagnes de mobilisation sur les réseaux sociaux et des plaintes auprès des ministères concernés avaient conduit le ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, à envoyer au président de la municipalité de Amchit, Antoine Issa, une demande d’arrêt des travaux, fondée sur une étude initiée par ce ministère.
Les travaux avaient repris par la suite, avant d’être interrompus, au printemps 2023, par le ministre sortant des Travaux publics, Ali Hamiyé.
Or, vers la mi-janvier, les activistes ont constaté que la construction avait repris. Paul Abi Rached, président de Terre Liban, affirme à L’Orient-Le Jour que « trois engins d’excavation de taille moyenne se trouvent sur le site », équivalant, selon lui, à l’impact d’« un gros engin, dont le ministre de l’Environnement avait pourtant interdit l’utilisation ».
« La grotte fissurée »
M. Abi Rached soutient en outre que la condition d’équiper la grotte de capteurs de vibrations, qui avait été imposée par le ministre, n’a pas été respectée. « La grotte est d’ores et déjà fissurée du côté nord », déplore-t-il, rapportant les propos de spéléologues qui, affirme-t-il, se sont rendus sur le site.
Dans ce contexte, Terre Liban s’est adressée à la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, qui a exigé le 19 janvier « l’arrêt immédiat des travaux ». Jusqu’à l’heure, la construction n’a pas repris, mais selon nos informations, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a retiré, il y a quelques jours, le dossier des mains de la juge Aoun. Il n’aurait pas encore pris d’autre décision sur l’affaire.
La procureure du Mont-Liban avait ordonné la suspension des travaux jusqu’à ce que l’évaluation de l’impact environnemental du chantier litigieux soit réalisée. C’est d’ailleurs notamment sur l’absence d’une telle étude que s’est fondée Terre Liban pour présenter son recours devant le CE, le 31 janvier. Dans ce recours, dont L’OLJ a consulté une copie, l’association indique que, n’ayant pas exigé l’évaluation de l’impact environnemental pour la poursuite des travaux, la décision du ministre de l’Environnement Nasser Yassine « viole les dispositions de la Convention pour la protection de la Méditerranée contre la pollution (Convention de Barcelone sur la biodiversité biologique) ». Terre Liban note que le ministre s’est contenté de demander à la propriétaire du terrain la préparation et la présentation d’« un plan de gestion environnementale » du projet de construction.
M. Yassine n’était pas en mesure de répondre aux demandes de commentaires de L’Orient-Le Jour.
L’ONG réclame par ailleurs dans son recours une réévaluation de la nature du sol. « Il s’agit d’un terrain de roches karstiques et fragiles », avance M. Abi Rached, estimant qu’« il ne devrait pas être classé dans la catégorie des biens-fonds privés, mais dans celle des biens-fonds publics maritimes ». « Le cas échéant, aucun permis de construire sur le site ne devrait être accordé », ajoute-t-il.
Le Conseil d’État n’a pas encore rendu son verdict, lequel pourrait être retardé, compte tenu de la grève des auxiliaires de justice entamée depuis le 1er février.
commentaires (4)
trop revoltant. nous prendre tout. la mer nous appartient
Massabki Alice
10 h 46, le 16 février 2024