L’ancien Premier ministre Saad Hariri a poursuivi mardi ses rencontres avec différents responsables politiques et religieux libanais, à l'occasion de la 19e commémoration de l’assassinat de son père Rafic Hariri tué en 2005. Il s’agit de son second séjour beyrouthin depuis qu’il s’est exilé volontairement aux Émirats arabes unis, dans la foulée de son retrait politique en janvier 2022.
Plusieurs personnalités se sont recueillies sur la tombe de son défunt père, appelant par la même occasion Saad Hariri à revenir en politique, lui qui avait annoncé la suspension de toute activité politique : la sienne mais aussi celle du Courant du futur, le parti qu'il menait. Une manifestation populaire à Beyrouth a également appelé au retour de M. Hariri sur la scène politique.
« Que son message soit porté »
Le mufti de la République, Abdellatif Deriane, plus haute autorité sunnite au Liban, s'est rendu sur la tombe de Rafic Hariri en journée mardi, rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). « Pour la mémoire du grand martyr Rafic Hariri, nous espérons avec la société que son message soit porté, et qu'il le soit par Saad Hariri, pour poursuivre sa trajectoire de justice et de réforme, de reconstruction et de rénovation, sa trajectoire du bien public national », a-t-il estimé.
« Nous demandons à Dieu d'accompagner Saad Hariri, pour qu'il continue à porter cette espérance », a-t-il ajouté. Le cheikh a ensuite rendu visite à Saad Hariri à la Maison du Centre, pour un entretien d'environ une demi-heure. C'est depuis le siège du Courant du futur, que M. Hariri avait mis fin à son activité politique lors d'un discours en janvier 2022.
Le retour de Hariri « sera décisif »
« Selon moi, le retour de M. Hariri au travail politique a commencé, et sera décisif », a pour sa part estimé l'ancien vice-président du Parlement Élie Ferzli, qui s'est lui aussi rendu à la Maison du Centre, tout comme le député aouniste Alain Aoun, selon le bureau de presse de l'ancien Premier ministre.
Le chef du courant des Marada, et candidat à la présidentielle, Sleiman Frangié, ainsi que son fils, le député Tony Frangié, ont également été reçus dans la soirée à la Maison du Centre. Les Frangié y ont été invités à dîner.
Selon des informations de la chaîne de télévision al-Jadeed, une réunion a eu lieu entre M. Hariri et le président de la Chambre, Nabih Berry, lundi soir, loin des médias.
Mardi dans la matinée, l'ex-Premier ministre avait reçu l’ambassadrice des États-Unis, Lisa Johnson, avec laquelle « il a discuté des derniers développements », a indiqué le bureau de communication de l'ancien haut-responsable libanais dans un communiqué. À l’issue de cette entrevue à la Maison du Centre en présence de l’ancien membre du Bloc parlementaire du Futur, le député Ghattas Khoury, Mme Johnson a qualifié la rencontre d’« excellente », a ajouté le texte. Saad Hariri a également reçu d'autres ambassadeurs en poste au Liban, notamment le Français Hervé Magro et l'Egyptien Ala’ Moussa.
Le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a quant à lui déposé une gerbe sur la tombe de Rafic Hariri, en plein centre-ville de Beyrouth. « Le modèle du martyr Rafic Hariri était celui de la reconstruction et de la légitimité. Par son martyre, il a uni les Libanais autour de l'idée de construire un État. Que son âme repose en paix », a-t-il écrit sur Twitter.
« Marche du retour » à Tarik Jdidé
Des organisations ont effectué une marche à Tarik Jdidé, quartier sunnite de Beyrouth. Intitulée « Marche du retour », celle-ci est passée par plusieurs quartiers de la capitale et a célébré « la venue de Saad Hariri à Beyrouth et la commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri ».
Lundi, Saad Hariri s'était réuni au Grand sérail avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati. Il doit en principe également rencontrer le président du Parlement Nabih Berry. Depuis son retrait de la scène politique, la rue sunnite est restée orpheline de leadership, alors que beaucoup appellent régulièrement à un retour de Saad Hariri dans la scène politique locale.
Hariri fils n’a, jusqu’à présent, guère brillé en politique (en affaires non plus, d’ailleurs!), et l’invitation faite aux Frangieh n’est [as de très bon augure. Mais les sunnites "errent comme des brebis sans pasteur", et peut-être, après tout, vaut-il mieux un leader, même critiquable, que pas de leader du tout. Au moins, on saura à quoi s’en tenir.
07 h 56, le 15 février 2024