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Société - Manifestation

"Tout ce que je demande, c'est de vivre dignement" : tensions lors d'un sit-in de vétérans à Beyrouth

Nagib Mikati annonce, après le Conseil des ministres, une réunion « exceptionnelle » de son cabinet samedi, sur la question des retraites des militaires. 

Des retraités de l'armée libanaise manifestent devant l'une des entrées du Parlement. Photo W.T.

Une manifestation de plusieurs centaines de militaires à la retraite, devant le Parlement et le Grand Sérail, dans le centre-ville de Beyrouth jeudi, a été marquée par plusieurs épisodes de tensions, en parallèle du Conseil des ministres, ont rapporté notre journaliste sur place Waël Taleb, et l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Les vétérans des forces armées réclamaient notamment une revalorisation de leurs indemnités de retraite, quasiment réduites à néant par la dépréciation de la livre libanaise, sur fond d'effondrement socio-économique. En réponse à leur sit-in et à leurs demandes, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a annoncé une nouvelle réunion de son cabinet samedi, sur cette question.

Sit-in tendu
Lorsque le Conseil des ministres a commencé, en fin de matinée, des tensions ont été enregistrées autour du Grand Sérail, entre les manifestants et les forces de sécurité déployées sur les lieux.

Les protestataires ont notamment tenté d'enlever les barrières autour du Sérail, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle) et des échauffourées ont eu lieu avec les forces de sécurité déployées. Lors des tensions, des gaz lacrymogènes ont été lancés par les forces de sécurité, provoquant deux cas d'asphyxie parmi les protestataires. Deux autres manifestants ont également été blessés dans un mouvement de foule, selon l'Ani.


L'armée a été déployée. Photo W.T.

« Je veux être considéré comme un être humain. Mon salaire ne vaut plus rien. Tout ce que je demande, c'est de vivre dans la dignité », a déploré lors du sit-in un ancien militaire.

Conseil des ministres « exceptionnel »
« Nous avons discuté d'une augmentation de l'allocation de productivité dans le secteur public et pour les retraités de l'armée », a par ailleurs affirmé Nagib Mikati, précisant que cette question ne figurait pas à l'ordre du jour. A ce sujet, il a été décidé qu'un Conseil des ministres « exceptionnel » aurait lieu samedi sur la revendication des vétérans de l'armée, qui réclament une réévaluation de leurs pensions. Ce délai de deux jours a été donné pour « une étude plus approfondie » du dossier, après que des « projets de propositions » ont été distribués aux ministres selon M. Mikati. « Je suis bien conscient de la situation sociale des retraités, mais nous sommes tenus de respecter des plafonds pour nos dépenses », a-t-il ajouté, bien que « certains ministres ont demandé pour que la répartition des dépenses se fasse de manière plus équitable ».Des retraités de l'armée libanaise manifestent devant sur la route qui mène au Grand Sérail. Photo W.T.

Sacrifices
« Mon salaire ne vaut même pas 100 dollars... Comment puis-je nourrir mes enfants et payer leur éducation ? », s'est emporté, dans la matinée, Wissam Ahmadiyé, militaire à la retraite et père de quatre enfants, lors du sit-in. « On se demande pourquoi on a fait autant de sacrifices », s'est également emporté Ahmad Hamdan, un manifestant. « Est-ce juste que nous travaillions du matin au soir et que malgré tout, nous n'ayons pas les moyens de nourrir nos enfants ? Ces députés ont l'audace d'entrer au Parlement alors que certains meurent de faim... Leurs femmes de ménage sont mieux payées que nous », a-t-il poursuivi.

« Mon salaire valait 1 000$ avant la crise. Ce que je réclame, c'est la moitié pour pouvoir vivre dignement », a de son côté souligné Antoine Yammine, qui est également à la tête du comité des martyrs et blessés de l'armée libanaise.

Présent sur les lieux, Chamel Roukoz, ancien militaire et député qui était proche du Courant patriotique libre avant de s'en distancer, a déclaré que « ces militaires qui manifestent aujourd'hui se sont sacrifiés pour leur pays durant leur carrière. Maintenant, ils se retrouvent à la retraite, et ils ont perdu tous leurs droits, leur pension (qui ne vaut plus rien depuis l'effondrement de la livre, ndlr), leur couverture médicale, le droit de scolariser leurs enfants ».

Les députés Melhem Khalaf et Hadi Aboulhosn se sont également rendus auprès des manifestants pour écouter leurs revendications. 

Une manifestation de plusieurs centaines de militaires à la retraite, devant le Parlement et le Grand Sérail, dans le centre-ville de Beyrouth jeudi, a été marquée par plusieurs épisodes de tensions, en parallèle du Conseil des ministres, ont rapporté notre journaliste sur place Waël Taleb, et l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Les vétérans des forces armées...

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