Et la réponse est venue une semaine plus tard. C’est en effet dans son homélie dominicale que le patriarche maronite Béchara Raï a réagi de manière implicite à la campagne dont il a été la cible de la part d’internautes pro-Hezbollah, à la suite de ses propos décrivant la souffrance des habitants du Liban-Sud, contraints, selon lui, de subir les contrecoups de la décision unilatérale du parti chiite d’ouvrir ce front face à Israël, en soutien au Hamas palestinien.
« Depuis le début, nous considérons la guerre à Gaza, de par sa forme monstrueuse, comme un génocide du peuple palestinien et une élimination de sa cause », a-t-il lancé, dans une réponse aux accusations de « traîtrise » lancées contre lui. « Nous avons répété que les parties libanaise et israélienne devaient respecter la résolution 1701 (du Conseil de sécurité, 2006) afin de protéger les villages du Sud contre les crimes, les destructions et les déplacements », a ajouté le patriarche. « Nous n’avons de cesse de plaider pour un cessez-le-feu et des négociations à même de paver la voie à des solutions politiques et diplomatiques afin de consacrer le principe de la solution des deux États » israélien et palestinien, a-t-il également souligné.
« Tout le monde est conscient que cette solution est la condition sine qua non pour mettre fin à la guerre. Mais le Liban ne peut plus jouer le rôle de médiateur dans le conflit en cours à Gaza et au Liban-Sud à l'heure où il est privé d’un président de la République et où il a perdu sa neutralité après avoir été impliqué dans des conflits qu'il ne souhaite pas », a déclaré Mgr Raï dans une critique à l'adresse du Hezbollah qui a ouvert le front au Liban-Sud, le 8 octobre dernier.
« Un État religieux et sectaire »
Évoquant par la suite le dossier de la présidentielle, le chef de l’Église maronite a estimé que la vacance à la tête de l’État « a dévoilé les intentions » de certaines parties, en allusion encore une fois au Hezbollah. Selon lui, celles-ci visent à « transformer, par les actes, le Liban d'un pays qui établit une séparation entre l’État et la religion en un État religieux et sectaire ».
Sur un autre registre, le patriarche maronite s'en est pris aux « personnes au pouvoir qui violent la Constitution et interviennent politiquement » pour saboter le processus des nominations à plusieurs hautes fonctions dans le pays, contrairement à la Constitution. « Ôtez vos mains du pouvoir judiciaire pour que justice soit rendue », a-t-il martelé. Des propos qui interviennent quelques jours avant le départ à la retraite de Ghassan Oueidate, procureur général près la Cour de cassation, sachant que l’identité de son successeur demeure entourée de flou. À la tête de la police judiciaire et de tous les parquets du Liban, ce poste (sunnite) est crucial, d’autant qu’il joue un rôle dans des dossiers épineux, notamment ceux de la double explosion au port de Beyrouth (4 août 2020). Selon la loi en vigueur, le procureur général est désigné par un décret pris en Conseil des ministres à la majorité des deux tiers de ses membres et cosigné par le président de la République. Or, à l’heure actuelle, la présidence est toujours vacante et le gouvernement sortant n’a pas compétence pour procéder à des nominations, qui n’entrent pas dans les affaires courantes. Des juristes interrogés par L’Orient-Le Jour affirment que dans le cas d’une impossibilité pour le Conseil des ministres de nommer un magistrat titulaire, le procureur est remplacé d’office à titre intérimaire par l’avocat général le plus ancien par le grade. La magistrate actuellement la plus haut gradée du parquet est Nada Dakroub, nièce du président du Parlement Nabih Berry, de confession chiite.
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Nous avons fêter à Paris hier les 300 ans du ralliement de notre Église Melkite Grecque-Catholique à Rome, avec notre Patriarche Youssef. C'est véritablement un Saint homme qui porte le martyr de tous les Chrétiens d'Orient de tout l'Orient. Absolument lucide sur notre situation désastreuse, il témoigne malgré tout d'une grande Espérance : "nous devons rester pour tous nos frères car un jour ils sauront tous que le Christ est VÉRITÉ CHEMIN ET VIE; nos églises deviendront alors leurs maisons à eux aussi". Nous sommes d'un catholicisme orthodoxe.
Nicolas ZAHAR
14 h 04, le 05 février 2024