Rechercher
Rechercher

Société - Justice

Le frère d’une victime du 4-Août poursuivi par le parquet

Une chaussure à la main, Pierre Gemayel avait accusé mardi des juges de « piétiner la loi et leur serment ».

Le frère d’une victime du 4-Août poursuivi par le parquet

Une chaussure à la main, Pierre Gemayel, frère d’une des victimes du 4 août 2020, dénonce avec virulence les entraves à l’enquête du port. Photo Karim-Paul Habet

Pierre Gemayel, avocat et frère de Jacques, une victime de la double explosion au port de Beyrouth survenue le 4 août 2020, a été convoqué le 25 janvier à une audience prévue mardi devant la police criminelle, à la suite des poursuites engagées contre lui par le parquet de cassation pour « atteinte à la justice ». Cette action judiciaire est intervenue après un sit-in tenu le 23 janvier dernier devant le Palais de justice par des proches de victimes pour contester la suspension par l’avocat général près la Cour de cassation, Sabouh Sleiman, d’un mandat d’arrêt contre l’ancien ministre Youssef Fenianos, émis en 2021 par le juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar. Lors de ce sit-in, Me Gemayel avait accusé en substance les magistrats d’entraver le cours des investigations sur l’affaire du port menées par Tarek Bitar.

Tenant d’une main une chaussure et de l’autre un haut-parleur, Me Gemayel avait expliqué dès le début de son discours qu’il ne tenait pas la chaussure pour « piétiner les magistrats (qui torpillent l’enquête), la leur lancer à la figure ou les écraser comme des cafards », mais pour leur dire que « leurs décisions illégales sont comme des chaussures qui piétinent la loi et leur serment ». L’avocat avait ensuite accusé le juge Sleiman d’avoir suspendu le mandat d’arrêt contre M. Fenianos pour satisfaire la classe politique. « Vous avez présenté vos lettres de créance au pouvoir politique corrompu en lui montrant que vous êtes apte à succéder au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate (qui prendra sa retraite le 22 février, NDLR). Vous lui dites que vous pouvez enfreindre la loi en contrepartie de l’accès à un poste », avait-il tonné.

Lors du sit-in, des chaussures ainsi que des portraits de magistrats et de responsables politiques mis en cause dans l’affaire du port avaient été suspendus sur le portail d’entrée du Palais de justice.

Selon une source informée, le conseil de l’ordre des avocats de Beyrouth n’a pas encore donné l’autorisation de poursuites nécessaire dans le cas d’une action intentée contre un membre du barreau. Contacté par L’Orient-Le Jour, Me Pierre Gemayel affirme qu’en l’absence d’une telle autorisation, il n’entend pas se présenter à l’audience mardi. Pour justifier sa décision, il évoque, en outre, deux autres motifs. « D’une part, je n’ai commis aucun crime, et de l’autre, étant avocat, c’est par un magistrat et non par un officier de service de sécurité que je devrais être auditionné », martèle-t-il. « Je continuerai à œuvrer avec les autres parents des victimes pour que l’enquête reprenne son cours afin d’identifier les circonstances de la catastrophe et en sanctionner les auteurs », promet-il. « La fin de l’impunité est le seul moyen pour nous de faire notre deuil et de nous apaiser », ajoute-t-il.

Selon nos informations, la plainte du parquet ferait partie d’autres plaintes qui devraient être présentées à l’encontre de Pierre Gemayel. De nombreux avocats se seraient déjà portés volontaires pour défendre leur confrère. Toujours selon ces informations, Me Gemayel entendrait présenter une demande reconventionnelle (incidente), c’est-à-dire porter plainte contre chaque partie qui intenterait une action à son encontre.

Pierre Gemayel, avocat et frère de Jacques, une victime de la double explosion au port de Beyrouth survenue le 4 août 2020, a été convoqué le 25 janvier à une audience prévue mardi devant la police criminelle, à la suite des poursuites engagées contre lui par le parquet de cassation pour « atteinte à la justice ». Cette action judiciaire est intervenue après un sit-in tenu le 23...

commentaires (8)

C’est le monde à l’envers ou plus précisément, le monde tel qu’il est actuellement !

Wow

12 h 52, le 30 janvier 2024

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • C’est le monde à l’envers ou plus précisément, le monde tel qu’il est actuellement !

    Wow

    12 h 52, le 30 janvier 2024

  • Drole de justice ou les victimes sont poursuivies et les poursuites contre les voleurs et assassins suspendues. C'est les juges vereux qui devraient aller en prison. Tfeeeeeehhhh.

    Michel Trad

    11 h 53, le 30 janvier 2024

  • De quel parquet on parle? Nous ne voyons qu’un parquet stratifié sur lequel s’essuient les fossoyeurs de notre république. Ils sont vendus et corrompus et n’ont plus besoin de nous fournir des preuves quant à la trahison de leur propre pays. Des trocs se font sur le dos des contribuables qui les paient pour se voir traîner devant les tribunaux de tout genre au service des mafieux qui gangrènent notre pays. Tous des vendus et des lâches consolidés à leurs postes, mais jusqu’à quand. L’heure des comptes arriverait plus vite qu’ils ne le croient et gare aux têtes qui vont finir sur l’échafaud

    Sissi zayyat

    11 h 30, le 30 janvier 2024

  • Quelle honte, des juges qui s'attaquent aux victimes et restent aveugles envers les crimes. La fin de l’impunité est le seul moyen, pas seulement pour rendre la paix aux parents des victimes, mais surtout pour que le Liban commence à se redressé et de sortir de cet état "d'état victime" pri en otage par les corrompus.

    Sarkis Dina

    08 h 14, le 30 janvier 2024

  • Cette justice, innovante au Liban, ne finira donc pas d'étonner.. nous tombons de Charybde en Scylla. La décrépitude morale de nos faiseurs de lois ne faisant que s'accentuer, ils continuent de boire l'iniquité comme l'eau . Qui pourrait nous débarrasser de ces apprentis sorciers qui transgressent les lois nous pondent des décisions arbitraires et sans appel ..

    C…

    07 h 25, le 30 janvier 2024

  • "Me Gemayel avait accusé en substance les magistrats d’entraver le cours des investigations sur l’affaire du port menées par Tarek Bitar". " leurs décisions illégales sont comme des chaussures qui piétinent la loi et leur serment". La première phrase doit être corrigée. Il ne s’agit pas d’une "accusation" qui laisserait place à un possible doute sur la culpabilité, mais du "constat" d’une vérité dont l’évidence est à la portée de tout citoyen.

    Yves Prevost

    06 h 53, le 30 janvier 2024

  • Le ridicule ne tue sûrement pas... la justice fume du hashish et est sûrement aveuglée par la fumée de sa joint...

    Wlek Sanferlou

    04 h 55, le 30 janvier 2024

  • Pourquoi s'acharner sur un type qui tient une godasse à la main ? Si cela lui chante d'avoir ses pompes à la main plutôt qu'aux pieds, tant qu'il ne casse les pieds à personne. Les magistrats devraient plutôt se concentrer sur ceux qui volent les Libanais. Et sur ceux qui veulent se substituer à l'État lui-même, du moins ce qu'il en reste.

    Nicolas ZAHAR

    01 h 41, le 30 janvier 2024

Retour en haut