Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées vendredi matin devant le siège de la Banque du Liban (BDL), dans le quartier commerçant de Hamra à Beyrouth, pour « demander l'imposition d'un calendrier de restitution des épargnes à leurs déposants », rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
La mobilisation a été organisée à l'appel du Collectif « Cri des déposants », qui l'a relayée sur son compte X. « Les banquiers sont au paradis, les déposants en enfer », peut-on lire sur certaines pancartes dans les vidéos diffusées par le collectif. Quelques dizaines de personnes visibles sur ces vidéos, dans une mobilisation qui a l'air de s'être déroulée dans le calme.
« Non au plan sournois du gouvernement pour (faire disparaître) les épargnes des gens. Notre argent est une ligne rouge ! », a lancé le président de Cri des déposants, Alaa Khorchid. Cette manifestation devant la BDL est « la dernière chance pour préserver ce que les déposants ont amassé durant leur vie, alors que Nagib Mikati a indiqué que le gouvernement déciderait bientôt faire disparaître les épargnes », a-t-il poursuivi en dénonçant les propos du Premier ministre sortant. Plusieurs militaires et policiers étaient présents pour encadrer la manifestation. La rue Hamra a été fermée.
« Message par le feu »
Des débordements ont eu lieu devant une filiale de la Bankmed, dans le quartier de Aïn el-Mreïssé. « On a allumé des feux d'artifice devant cette banque », a indiqué le porte-parole du Cri des déposants, Moussa Agathy, contacté par L'Orient-Le Jour. « On nous a dit qu'ils projetaient de faire disparaître les épargnes au-dessus de 100.000 dollars. Encore une mesure inacceptable », a-t-il poursuivi.
Dans une vidéo publiée sur la page Facebook du Cri des déposants, un internaute a filmé la mobilisation devant la Bankmed. « Voilà un message par le feu adressé à cette banque » hurle-t-il, alors qu'un autre tient l'appareil de lancement des feux d'artifice qui fusent sur le bâtiment. « C'est un message à toutes les banques », continue l'internaute.
M. Agathy a affirmé, par ailleurs, qu'un autre débordement a eu lieu devant une filiale de la BBAC (Bank of Beirut and the Arab Countries), quartier Clémenceau. « On a critiqué le président de cette banque, on lui a demandé de rendre les épargnes. Le personnel de sécurité était très tendu, mais rien de grave n'est arrivé », ajoute le porte-parole. Contactées, les Forces de sécurité intérieure (FSI) n'ont pas immédiatement répondu à nos sollicitations quant à ces incidents.
Les déposants des banques libanaises ont manifesté à de nombreuses reprises leur colère contre les banques depuis que celles-ci ont commencé à leur imposer des restrictions illégales fin 2019, au début d'une crise économique sans précédent dans laquelle le Liban est toujours empêtré. Plusieurs déposants ont décidé de se faire justice eux-mêmes en braquant leur propre banque pour réclamer la restitution de leur épargne. D'autres ont saisi la justice avec plus ou moins de succès, au Liban mais aussi à l'étranger.
Les autorités ne sont toujours pas intervenues pour régulariser cette situation inédite dans laquelle des banques techniquement en faillite et continuent confisquent l'argent de leurs clients. La BDL s'est contentée pour sa part de mettre en place plusieurs dispositifs pour aménager, ou légitimer selon les points de vue, les restrictions bancaires en place.
commentaires (3)
Gourvernants et banquiers s’étaient associés pour piller leur propre pays et ses citoyens. Le comble c’est que les voleurs corrompus sont toujours au pouvoir et leurs associés à leurs tâches de dépouiller les citoyens libanais qui ont la chance d’avoir de l’aide de leurs même responsables de familles trimant à l’étranger pour étancher la soif des corrompus sur place qui ne sentent jamais rassasiés. Quelques dizaines de manifestants se sont regroupés devant les banques? Pourquoi? Où sont les libanais? Pourquoi cet immobilisme qu’attendent ils au juste, un miracle?
Sissi zayyat
13 h 50, le 23 janvier 2024