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Campus - SANTÉ MENTALE

Les étudiants doivent comprendre que la crise n’est pas permanente

En cette période difficile, marquée par l’anxiété, beaucoup d’étudiants éprouvent des difficultés à gérer les différents aspects de leur vie. Psychologue clinicien et enseignant à la LAU, Tony Sawma leur livre des conseils pratiques pour reprendre leur vie en main.

Les étudiants doivent comprendre que la crise n’est pas permanente

Tony Sawma est psychologue clinicien et enseignant à la LAU. Photo DR


Le stress et l’anxiété imprègnent la routine quotidienne des étudiants, leur sommeil et leur alimentation, leurs études, voire leurs rapports aux autres. Démotivation, apathie, isolement… les conséquences risquent d’être graves sur le bien-être de ces jeunes. Pour eux, il est donc essentiel de trouver des moyens pour gérer le stress et l’anxiété. Psychologue clinicien et enseignant à l’Université libano-américaine (LAU), Tony Sawma souligne que le premier défi est de tenter, autant que possible, de « maintenir son rythme de vie d’avant la crise et continuer à pratiquer ses activités habituelles, sans permettre aux événements extérieurs de perturber l’équilibre psychique intérieur ». Si cela semble plus facile à dire qu’à appliquer, le psychologue invite les jeunes, de prime abord, à percevoir les incidents d’une manière réaliste. « Il est très normal lors d’une crise, d’avoir des idées négatives, de poser un regard catastrophique sur l’avenir. Ce sont des mécanismes de défense auxquels notre psychisme a recours devant un danger pour survivre, pour nous préparer à tout changement qui risque de survenir. Il est donc important d’avoir un regard réaliste : filtrer ses idées négatives en vérifiant si elles sont basées sur des faits concrets et des évidences, ou bien si ce sont seulement des idées anxieuses », explique-t-il. Il est essentiel surtout que les étudiants se rappellent « que la crise n’est pas permanente », pour ne pas la laisser influer sur le cours de leur vie. Dans ce contexte, Tony Sawma affirme que le support social est crucial. « Il est indispensable de communiquer avec des amis ou des membres de la famille, avec des personnes qui vont nous écouter sans nous juger. » « En parallèle, lorsqu’on se sent vulnérable, sélectionner ses amitiés s’avère utile. Notre entourage peut influencer notre mental. Il faut éviter les gens qui se plaignent ou qui nous transmettent des énergies négatives », prévient-il. Il est essentiel également de limiter son exposition aux mauvaises nouvelles. Chez les jeunes, les réseaux sociaux sont la source principale d’informations, en grande partie anxiogènes. Tony Sawma rappelle qu’il faut « éviter de passer de longs moments devant son écran pour ne pas stimuler l’anxiété et les sentiments négatifs. Se dire qu’au final, une information de grande importance se répand vite. Et si mauvaise nouvelle il y a, je finirai tôt ou tard par l’apprendre ». Calmer l’anxiété et le stress passe également par la pratique d’activités récréatives qui boostent le bien-être, surtout le sport dont la pratique libère des hormones améliorant l’humeur, comme l’endorphine, la sérotonine et la dopamine.

Reprendre sa routine

Afin de mettre en pratique ces recommandations, Tony Sawma livre différentes techniques. Comme technique thérapeutique, il conseille d’appliquer une méthode tirée de l’activation comportementale. « Lorsque j’ai des pensées négatives qui me rendent inactif, mon état d’esprit va se dégrader car mon humeur est activée par les actes de la vie quotidienne », explique-t-il. L’exercice à pratiquer consiste à « mesurer le niveau de son sentiment de réussite, avant puis après l’exécution d’une tâche obligatoire ou d’une tâche plaisante. Le niveau évolue vers le mieux », poursuit-il. Une autre technique consiste à noter, sous forme de liste, « un certain nombre de tâches obligatoires et d’autres qui procurent du plaisir ». L’individu devra se poser, comme défi, « d’exécuter, chaque jour, au moins une tâche obligatoire et une activité qui lui est agréable. Puis il comparera son état émotionnel avant et après », préconise Tony Sawma. Puisque contrôler son temps d’écran est possible, moyennant quelques réglages de paramètres, il est par ailleurs indispensable de « consacrer des moments précis et limités dans le temps à l’exposition aux réseaux sociaux », ajoute-t-il.

Mieux se concentrer sur ses études

Il s’agit de commencer par vérifier si ses pensées négatives sont justifiées, si elles sont basées sur un jugement correct, ou si elles sont plutôt issues d’une anxiété ou d’une peur irréaliste. Cela encourage les jeunes à assumer leurs responsabilités et à se concentrer sur leurs tâches. L’étudiant doit, par ailleurs, « se rappeler l’objectif de ses études et la finalité de sa présence à l’université », affirme Tony Sawma. Vivre l’instant présent et se concentrer sur ses défis personnels lui permettra de vaincre sa peur d’un futur incertain. La façon d’étudier peut aider également à se motiver et mieux se concentrer sur ses études. Le mieux serait de travailler, primo, « en petits groupes », secundo, « sur une durée réduite, en s’accordant des moments de pause sans réseaux sociaux ou sans avoir accès aux informations », afin d’éviter tout ce qui accroît l’anxiété. En outre, les étudiants doivent éviter de rater leurs cours pour ne pas avoir à étudier à la dernière minute, la veille des examens. « Cela engendre des problèmes de concentration. Étudier au jour le jour et partager les tâches « permet en plus de mieux assimiler les connaissances ». Enfin, le psychologue clinicien encourage ceux qui ont des difficultés d’apprentissage à rechercher un soutien dans leurs études. « Il n’y a aucun mal à demander à un camarade de classe de nous aider, et il ne faut surtout pas hésiter à s’adresser à ses professeurs en cas de besoin. »

Contrer le sentiment d’inutilité

Contre la culpabilité du survivant qui peut devenir invalidante, Tony Sawma propose aux étudiants de « trouver des façons d’être solidaire », comme se porter volontaire dans des associations ou participer à des collectes de soutien. Il les invite à se rappeler que « continuer sa vie quotidienne est aussi une forme de support. Sur le plan psychologique, une guerre vise à perturber le rythme de notre vie. Maintenir notre routine est une manière de dire non à la guerre ! » Dans cette forme de résistance qui défie la situation, « l’important est de trouver un sens à sa mission ».

Gérer sa colère

Dans les rapports avec ses proches, il faut tenter, d’après Tony Sawma, de « discuter en toute franchise, d’exprimer ses sentiments négatifs, de s’ouvrir sur les raisons de la tension et demander aux autres d’être patients ». De même, « extérioriser ses angoisses peut en soi aider à se sentir mieux ». L’enseignant universitaire rappelle également que nous sommes tous en train de traverser la même crise. « Partager ses soucis peut nous permettre d’apprendre les techniques de gestion du stress d’une façon mutuelle », conclut-il.

Le stress et l’anxiété imprègnent la routine quotidienne des étudiants, leur sommeil et leur alimentation, leurs études, voire leurs rapports aux autres. Démotivation, apathie, isolement… les conséquences risquent d’être graves sur le bien-être de ces jeunes. Pour eux, il est donc essentiel de trouver des moyens pour gérer le stress et l’anxiété. Psychologue clinicien et...

commentaires (1)

Ne pas écouter "les gens négatifs " n'est pas une recommendation réaliste. D'abord, on peut apprendre pas mal de choses en éviter de les appliquer. Ensuite pour trouver des gens "positifs " à 100% ces jours ci, avec tout ce qui passe autour de nous, c'est chercher une aiguille dans une botte de foin. Avec respect, quand on sait pas de quoi on parle, vaut mieux ne rien dire.

Raed Habib

10 h 14, le 18 janvier 2024

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Commentaires (1)

  • Ne pas écouter "les gens négatifs " n'est pas une recommendation réaliste. D'abord, on peut apprendre pas mal de choses en éviter de les appliquer. Ensuite pour trouver des gens "positifs " à 100% ces jours ci, avec tout ce qui passe autour de nous, c'est chercher une aiguille dans une botte de foin. Avec respect, quand on sait pas de quoi on parle, vaut mieux ne rien dire.

    Raed Habib

    10 h 14, le 18 janvier 2024

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