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Nos Lecteurs ont la Parole

L’attente des mots

Je vous propose de ne pas prêter aux mots trop de pouvoir ou de vertu. Ils ne sont souvent que les reflets d’une apparence qui se cherche. Est-ce vrai ? ...

Je vous invite à veiller, à les aimer, à les partager, à les honorer et surtout, à les écouter palpiter, vibrer dans la fragilité de l’instant... Oui, c’est vrai.

Quand vous en découvrez quelques-uns blottis au creux d’un livre, tout étonnés de survivre à l’oubli, vivants d’éternité sur la blancheur d’une page, alors n’hésitez pas, apprivoisez-les, accueillez-les pour leur permettre de trouver leur envol. Il est en effet des mots qui attendent votre venue depuis des siècles, impatients d’être lus, relayés, prolongés dans l’espace chaleureux de vos mémoires multiples.

Il est des mots qui ont besoin d’une place, juste au bord du cœur d’un lecteur, pour survivre à la paresse d’un regard, à la non-écoute ou encore à la déformation due à une écoute trop légère. Il est des mots qui vont peut-être vous appeler ou au contraire vous faire fuir ou vous déranger. Quand ils vous auront reconnu comme fiables, ils viendront à vous et demanderont à être bercés, câlinés, choyés, pour grandir un peu en votre compagnie. Certains auront besoin d’être approchés et reliés par vos soins au sens d’une phrase nouvelle à inventer.

Mais, peut-être, les mots les plus importants seront toujours absents, ils attendront pour naître de mieux nous connaître !

Les mots sont l’inconnu et le désiré vers lequel on navigue sans le savoir... Ils sont tous les silences qui nous habitent... Le jardin dans lequel on aura voulu grandir... L’arbre à l’ombre duquel on aimerait mourir... Le sourire si longtemps recherché au temps de notre jeunesse et par lequel, durant tant d’années, on erre en mendiant de la tendresse… La rivière dans laquelle on aura voulu nous purifier... Le sentier qui nous aurait conduits si loin dans nos découvertes… L’horizon qui nous appelle et se dérobe à chacun de nos pas… Un rêve qui nous laissait croire que nous étions éveillés…

Oui, les mots étaient et resteraient notre source où se renouvelle notre soif. Le poème qu’on n’a jamais achevé. Ils sont près de nos peurs, c’est-à-dire au cœur de nos désirs.

Vous, les mots, vous êtes l’élan qui nous emporte vers le meilleur de nous-mêmes. Vous êtes ce premier pas vers l’avenir qu’on aurait fait avec vous pour enfin nous retrouver. Vous êtes cette femme ou cet homme si présents, si proches que la flamme de l’espoir ne sera pas éteinte en nous. Vous êtes cette part d’absolu qui nous garde vivants, si vivants... pour vous rejoindre enfin.

Avec les mots, voyagent, sur les vagues de la tendresse, nos tempêtes et nos ambitions.

Avec les mots, scintillent, sur les flots de nos désirs, les étoiles de tous nos appels.

Avec les mots, se disent, sur les ondes de nos silences, nos plaisirs à venir.

Alors, accueillons l’énergie de leur présence.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Je vous propose de ne pas prêter aux mots trop de pouvoir ou de vertu. Ils ne sont souvent que les reflets d’une apparence qui se cherche. Est-ce vrai ? ...Je vous invite à veiller, à les aimer, à les partager, à les honorer et surtout, à les écouter palpiter, vibrer dans la fragilité de l’instant... Oui, c’est vrai.Quand vous en découvrez quelques-uns blottis au creux d’un...

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