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Nos Lecteurs ont la Parole

Un outrage à la mémoire d’un grand homme

Un outrage à la mémoire d’un grand homme

Photo DR

À Beyrouth la désignation officielle d’une rue apparaît sur une plaque de couleur bleu foncé qui est fixée sur l’un de ses murs. Cette désignation ne signifie pas grand-chose pour les habitants de la rue qui la connaissent par un nom consacré par l’usage. Il en est ainsi de la rue portant le numéro 80 du secteur 44 de Dar al-Fatwa. Cette rue, parallèle à la rue Mar Élias, abrite un vieil immeuble tombé en désuétude et aujourd’hui inhabité. Un bel immeuble qui eut ses jours de gloire durant la première moitié du siècle dernier et a peut-être été classé comme faisant partie du patrimoine immobilier national par le ministère de la Culture. En effet, c’est en son premier étage que le général de Gaulle, encore commandant à l’époque, y élut domicile de novembre 1929 à janvier 1932 comme on peut le lire sur la plaque de marbre figurant au-dessus de l’entrée du bâtiment. Le grand homme que fut le général de Gaulle, pourtant bien apprécié par la majorité des Libanais, se retournerait aujourd’hui dans sa tombe si l’occasion lui était donnée de passer dans cette rue et regarder ce que sont devenues sa demeure d’antan et la rue où elle est située. L’immeuble, eu égard à son caractère doublement historique, aurait dû être restauré par les pouvoirs publics depuis longtemps. Il convient de rappeler que feu le président Chirac avait tenu à le visiter lors d’un voyage officiel effectué au Liban il y a une vingtaine d’années.

S’agissant de la rue où l’immeuble est situé, elle est devenue au fil des ans l’une des plus sales et plus nauséabondes du Beyrouth intra-muros. Malgré les seize réceptacles de déchets qui sont disposés l’un à côté de l’autre près du trottoir jouxtant l’ancienne demeure du chef de la France Libre et premier président de la cinquième République française, la rue est toujours jonchée d’ordures. Il est honteux et révoltant que les pouvoirs publics, ministères et municipalité confondus d’un pays qui se veut l’ami de la France n’ont à ce jour pris la moindre initiative pour donner à l’immeuble et la rue un aspect décent. Le respect dû à la mémoire de l’illustre personnage qui y séjourna aurait dû les inciter à agir. Le gouvernement français aurait même pu être sollicité pour prêter son concours à une telle louable initiative. Pour être cynique, on pourrait se demander si la municipalité de Beyrouth a gardé la rue dans cet état pour détourner de ce bâtiment historique les rapaces et prévaricateurs parmi les investisseurs de l’immobilier au Liban. En passant dans cette rue hier matin, la curiosité me poussa à demander son nom à quelques-uns de ses habitants ; rue du Chouf me dit-on, de quoi m’irriter davantage, en apprenant que le nom de cette belle région dont mes racines familiales sont issues se trouve associé à cette rue transformée en un grand dépotoir.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

À Beyrouth la désignation officielle d’une rue apparaît sur une plaque de couleur bleu foncé qui est fixée sur l’un de ses murs. Cette désignation ne signifie pas grand-chose pour les habitants de la rue qui la connaissent par un nom consacré par l’usage. Il en est ainsi de la rue portant le numéro 80 du secteur 44 de Dar al-Fatwa. Cette rue, parallèle à la rue Mar Élias, abrite...

commentaires (2)

Moi aussi je me suis retrouvé un jour dans cette rue lorsque, à ma grande surprise, j’ai lu sur la plaque en marbre qui surmonte une vieille porte d’entrée principale que le général De Gaulle avait vécu dans cet immeuble avec sa famille de 1929 à 1932. Je n’en revenais pas de la désolation de l’immeuble, compte tenu du prestigieux ancien locataire des lieux! Je m’interrogeais sur les raisons qui font que le Liban est indifférent aux hommes qui ont défendu son nom et son honneur mais soucieux de plier l’échine devant les mafieux et les voyous. Le Liban aurait-il perdu ses nobles valeurs?

Hippolyte

11 h 36, le 06 janvier 2024

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Commentaires (2)

  • Moi aussi je me suis retrouvé un jour dans cette rue lorsque, à ma grande surprise, j’ai lu sur la plaque en marbre qui surmonte une vieille porte d’entrée principale que le général De Gaulle avait vécu dans cet immeuble avec sa famille de 1929 à 1932. Je n’en revenais pas de la désolation de l’immeuble, compte tenu du prestigieux ancien locataire des lieux! Je m’interrogeais sur les raisons qui font que le Liban est indifférent aux hommes qui ont défendu son nom et son honneur mais soucieux de plier l’échine devant les mafieux et les voyous. Le Liban aurait-il perdu ses nobles valeurs?

    Hippolyte

    11 h 36, le 06 janvier 2024

  • Quelle honte et dire que mon père a connu le général De Gaulle

    Eleni Caridopoulou

    17 h 00, le 05 janvier 2024

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