En dépit des épreuves déchirantes qu’elle a surmontées depuis la perte de son père à l’âge de 8 ans jusqu’à sa lutte contre la leucémie, Jessy Fakhry incarne la force, la résilience, la détermination, mais surtout la joie de vivre. Son livre, intitulé 18 entre la douleur et la plume, qu’elle a signé au Salon du livre arabe et international de Beyrouth au BIEL en décembre dernier, comprend 18 chapitres (qu’elle appelle bougies), équivalents à son âge. Ils représentent chacun une épreuve de sa vie, un message essentiel qu’elle a appris et souhaite transmettre aux autres. Son témoignage est bouleversant, vibrant d’espoir. La publication de son livre autobiographique à l’âge de 18 ans, avec 18 bougies symboliques, est le fruit d’une volonté farouche de partager son vécu et insuffler du courage à ceux qui en ont besoin. « La douleur que je vivais durant ma maladie, je l’écrivais », confie la jeune étudiante en deuxième année de journalisme et de communication à l’USEK.
Chaque bougie qui s’éteint est un rêve qui se réalise
L’histoire de Jessy est une leçon d’optimisme face à l’adversité. « La vie peut être dure. Elle peut nous mettre dans des situations que nous n’avons pas choisies. Elle nous fait passer par des moments sombres et inconnus, mais chacun d’entre nous a la force de surmonter les épreuves », estime la jeune fille qui, à l’âge de 12 ans, a été confrontée à un diagnostic de leucémie. Un message d’espoir qu’elle s’est promis de partager avec le monde entier si un jour elle guérissait.
En racontant son parcours, cette ambitieuse jeune fille incarne la force, la résilience et la capacité humaine à transcender les difficultés. « Quand je suis tombée malade, j’ai compris que la vue est une bénédiction, l’ouïe est aussi une bénédiction, parler, bouger, marcher sur mes deux jambes sont des bénédictions, dormir, me réveiller et surtout voir le soleil briller est la plus belle bénédiction de toutes », explique-t-elle, ajoutant : « Je ne réalisais pas cela auparavant et j’ai voulu passer ce message aux autres. »
« Durant ma maladie, j’avais besoin que quelqu’un m’explique à quoi m’attendre, quand j’allais avoir mal, que j’allais être séparée de mes amis par moments durant le traitement, que j’allais grandir plus rapidement que les autres, mais aussi que je peux me battre contre la maladie, et surtout que je suis forte », indique Jessy, qui aspire aujourd’hui à être cette personne dont elle avait besoin quand elle était malade, à être l’inspiration et la voix qu’elle aurait aimé entendre pendant les moments les plus sombres de sa vie. « Je pense que chaque personne qui passe par une situation difficile doit porter un message aux autres pour pouvoir les aider », estime-t-elle. « Au final, la mort est la seule certitude dans la vie, donc pourquoi y penser ? On devrait pouvoir profiter de chaque moment et apprécier toutes les grâces que nous offre la vie », poursuit-elle pleine d’émotions. « Je veux faire passer ce message à ceux qui ont besoin de l’entendre », répète-t-elle.
Jessy dédie son livre à son père qui, confie-t-elle, était l’une des raisons principales qui l’a fait surmonter son cancer, mais elle dédie son récit également à chaque personne confrontée à des moments de tourmente et qui pense baisser les bras. « Je pensais que la mort de mon père serait l’épreuve la plus difficile que j’allais vivre », confie-t-elle avec candeur.
Dédramatisation du cancer
« On écrit nous-mêmes notre vie. Soit on décide d’être un héros qui contrôle ce qui se passe, soit on décide de prendre le rôle de la victime », estime-t-elle, illustrant ainsi sa détermination à ne pas laisser la maladie définir qui elle est. Avec sa famille, ils ont même « vulgarisé » le mot « cancer » pour lui donner moins d’importance. « Mes cousins me surnommaient « JessyCance » en blaguant, tellement je parlais du cancer. On en parlait comme si c’était quelqu’un qui s’est introduit dans ma vie, qui m’a affectée, certes, mais qui est reparti », raconte-t-elle. Ainsi, ils ont remplacé le mot « cancer » par « cance », plus doux, comme s’il s’agissait d’une personne, contribuant à dédramatiser la situation.
La jeune femme a bravement affronté les épreuves de la maladie tout en continuant de rêver de ce qu’elle voudrait accomplir. À la Jessy de 12 ans qui souffrait, elle lui dirait merci d’avoir été si forte et d’avoir continué à rêver, faisant référence à son livre qu’elle rêvait de publier. Quant aux enfants qui souffrent d’un cancer, elle leur demande de répéter à chaque instant de faiblesse ou de peur qu’ils sont plus forts que leur cancer, et qu’ils vont vaincre la maladie.
Jessy aspire à être le soutien qu’elle-même aurait aimé avoir lorsqu’elle luttait contre la maladie, diffusant un message d’espoir et de force à ceux qui en ont le plus besoin. Sa présence au Salon du livre de Beyrouth en décembre dernier représente bien plus qu’une simple signature, c’est un symbole de persévérance et de lumière face à l’obscurité.
Le livre de Jessy Fakhry est disponible à la vente au prix de 15 dollars, et tous les fonds collectés seront reversés au Children’s Cancer Center of Lebanon (CCCL).
Pour la contacter sur Instagram : @jessyfakhry
Est-ce qu’il est traduit en français?
23 h 50, le 04 janvier 2024