Mardi 2 janvier 2024, 24 heures avant le troisième discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, depuis le début de la guerre à Gaza, le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, est assassiné au cœur de la banlieue sud de Beyrouth. Que fera le parti chiite ? Va-t-il riposter ? Et si oui, comment ? Ces questions sont sur toutes les lèvres depuis l’attaque, la première contre le fief du Hezbollah dans la capitale depuis le 7 octobre. Ce qui est certain c'est que l’épisode de mardi a suscité des craintes dans les milieux politiques quant à une éventuelle escalade et quant à la pérennité de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, qui prévoit un retrait du Hezbollah du sud du fleuve Litani et le déploiement de l'armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).
– Les Forces libanaises : « L’attaque de mardi est un chapitre dans la guerre entre l’État hébreu et l’axe de la moumanaa (piloté par l’Iran dans la région, NDLR) », estime Pierre Bou Assi, député FL dans une déclaration à L’Orient-Le Jour. « Le Hezbollah n’a pas le droit de plonger le Liban dans le chaos », prévient-il, rappelant que le parti de Dieu a pris part à tous les gouvernements dont les déclarations ministérielles s'engageaient au respect de la 1701. « Nous voulons que ce texte soit appliqué à la lettre pour épargner au pays des dégâts inopportuns. »
– Le Parti socialiste progressiste : « L’assassinat de Saleh el-Arouri représente ce que nous craignons : voir le Liban entraîné dans le conflit à la faveur du principe de l'unité des fronts », a déclaré Marwan Hamadé, député joumblattiste, dans un entretien radiodiffusé mercredi. « La plainte déposée par le Liban devant le Conseil de sécurité (à la suite de l’attaque) est une opportunité de relancer les discussions autour de la 1701 et de la revitaliser », a-t-il ajouté.
De son côté, le PSP a condamné dans un communiqué « l’attaque israélienne contre Saleh el-Arouri, ainsi que la barbarie d’Israël qui continue de commettre les crimes et d’agresser la Palestine et le Liban-Sud ».
– Samy Gemayel : « L’agression contre la banlieue sud est condamnable, tout comme toute autre atteinte à la souveraineté libanaise », a écrit le chef des Kataëb sur son compte X, avant de s’en prendre aux autorités ainsi qu’au Hezbollah. « Les pouvoirs politique et militaire, ou ce qu’il en reste, devraient empêcher les tentatives de mettre en péril les Libanais, ou de donner à Israël des prétextes (de lancer la guerre contre le Liban, NDLR) pour la simple raison que le Hezbollah a décidé d’unifier les fronts et protéger plusieurs groupes, contrairement à la volonté des Libanais qui veulent rester à l’abri des feux de la région, et qui ne veulent pas voir leur pays devenir une plateforme de lancement de roquettes pour le compte d’un pays quelconque », a encore dit M. Gemayel.
– Mark Daou (contestation) : « L’agression contre la banlieue
sud cible le Liban dans son ensemble. L’État représente le Liban et
c’est à lui de réagir », a écrit le parlementaire sur X. « Nous sommes
tous forts dans le cadre des institutions », a-t-il estimé. Et de
poursuivre : « Israël est criminel. Et la solidarité nationale est la
riposte la plus forte. Revenez à l’État pour préserver le Liban et
l’unité nationale. »
– Le Courant patriotique libre : de l’autre côté de la barrière, les mésententes entre le Hezbollah et le CPL – qui insiste désormais sur le fait qu’il n’est pas un allié du parti de Dieu, comme l’a déclaré le chef du parti Gebran Bassil vendredi dernier – se font de plus en plus audibles. « Nous ne sommes pas les alliés du Hezbollah. Et nous sommes contre le principe de l’unité des fronts », affirme à L’OLJ un haut responsable du CPL, sans cacher ses craintes quant à une escalade. « D’autant que la 1701 est désormais bafouée, alors que nous voulons la voir respectée », dit-il, sous couvert d'anonymat.
– Les Marada : pour sa part, Sleiman Frangié, candidat du Hezbollah à la présidence de la République, a soigneusement évité de mentionner le parti de Dieu dans sa réaction à l’assassinat d'el-Arouri, préférant mettre l’accent sur l’atteinte à la souveraineté du Liban. « L’explosion qui a secoué la banlieue sud est une nouvelle et claire atteinte à la souveraineté du Liban et un coup porté à la 1701 de la part de l’ennemi israélien qui n’a jamais respecté les résolutions internationales », a écrit le chef des Marada sur X. Selon lui, Israël « cherche aujourd’hui à compenser ses pertes (à Gaza) par des attaques contre le Liban ».
Escalade de la guerre, déplacés « armés » : virulent communiqué des évêques maronites
Les évêques maronites ont exhorté, une nouvelle fois, « les amis du Liban dans le monde à contribuer efficacement à la mise en application de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, seul moyen de mettre un terme aux agressions d’Israël et de définir un cadre clair et efficace pour la paix au Liban-Sud ». Dans un communiqué publié mercredi à l’issue de leur réunion mensuelle tenue à Bkerké sous la houlette du patriarche Béchara Raï, les prélats ont exprimé leurs craintes quant à l’escalade au Liban-Sud. « Cette escalade a engendré des victimes et des blessés parmi les habitants de la région, ainsi qu’une destruction massive dans plusieurs localités, sans oublier l’emploi (par Israël) des bombes phosphoriques ayant brûlé des espaces verts », ont déploré les évêques, soulignant que l’escalade a atteint mardi la banlieue sud de Beyrouth, en référence à l’assassinat du numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, dans une frappe qui a secoué le fief du Hezbollah.
Sur un autre registre, les évêques maronites ont réitéré l’appel à l’élection d’un nouveau président de la République, avant de s’attarder sur la question des migrants syriens. « Les perquisitions effectuées par les appareils militaires et sécuritaires ont montré que les déplacés possèdent des munitions et armes sophistiquées. C’est une bombe à retardement qui constitue une véritable menace contre les Libanais », ont-ils averti, appelant les autorités à « s’activer sérieusement et prendre les mesures diplomatiques et politiques nécessaires pour libérer le Liban de ce fardeau qui pèse sur sa démographie, son économie et ses équilibres ». Évoquant enfin la récente polémique suscitée autour de l’évêque Moussa el-Hage, vicaire patriarcal maronite de Haïfa et de Jérusalem, les prélats ont stigmatisé « les atteintes honteuses contre les hommes de religion chrétiens qui accomplissent leur devoir en Terre Sainte ». « Les prélats libanais n’ont pas besoin de justifier leurs agissements spirituels, humains et nationaux (…) », ont-ils martelé.
C’est sidérant de lire la réaction des opposants en dénonçant l’attentat perpétré dans la banlieue sud sans jamais dénoncer la présence de ses leaders terroristes sur notre territoire. On dirait qu’ils se sont accommodés à la situation désastreuse et honteuse et ne trouvent rien à redire quant au speech outrageant du barbu qui parle au nom des libanais, sans que cela ne les émeuve autrement. Ils se précipitent pour dénoncer la violation de notre souveraineté? Non mais sans blague!
10 h 59, le 04 janvier 2024