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Politique - Déluge d’al-Aqsa

Première frappe israélienne dans la banlieue sud, le numéro deux du Hamas éliminé

Selon Axios, après l’assassinat de Saleh el-Arouri, l’État hébreu se prépare à une réponse musclée du Hezbollah, dont le chef doit prendre la parole aujourd’hui.

Première frappe israélienne dans la banlieue sud, le numéro deux du Hamas éliminé

La foule rassemblée près du bâtiment visé par une frappe israélienne de drone dans la banlieue sud de Beyrouth, le 2 janvier 2024. Photo Mohammad Yassine

Le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, a été tué mardi soir dans une frappe israélienne à Moucharrafiyé, au cœur de la banlieue sud de Beyrouth, dans une opération inédite depuis le début du Déluge d’al-Aqsa. Car si, depuis le 8 octobre, Israël tire régulièrement sur le Liban-Sud dans le cadre des affrontements avec le Hezbollah et des groupes palestiniens, il s’agit de la première attaque dans le bastion du parti chiite au sud de la capitale. Deux autres responsables du Hamas, Samir Fandi et Azzam al-Akraa, ainsi que quatre autres affiliés au mouvement mais aussi à la Jamaa islamiya libanaise, ont également été tués dans l’explosion. L’attaque a en outre blessé 11 personnes qui ont été transportées dans des hôpitaux de la région. Selon l’Agence nationale d’information, « une réunion des formations palestiniennes se tenait » dans le bâtiment visé par plusieurs missiles transportés par des drones israéliens.

« Nous ne quitterons pas Dahyé »

La frappe a provoqué des dégâts importants dans les bâtiments alentours et une vague de panique parmi les habitants. Selon notre journaliste sur place Lyana Alameddine, des membres de la Croix-Rouge, de la Défense civile et des ambulanciers se sont déployés sur les lieux, pour ramasser des morceaux de corps et des débris.

La bâtiment visé par la frappe israélienne qui a tué le numéro deux du Hamas, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 2 janvier 2024. Photo Mohammad Yassine

« Nous étions ici, nous travaillions à côté. Un premier projectile est tombé sur la maison, un second sur la voiture », a raconté un témoin de l’attaque. « On vit ici. On veut partir, mais on ne peut pas. Si on retourne au Liban-Sud (les Israéliens) nous frapperont là-bas aussi. On ne peut pas fuir », ajoute-t-il. Dans la foule rassemblée sur les lieux, un petit enfant portant le drapeau du Hezbollah. « Nous sommes venus montrer que nous n’avons pas peur. (Les Israéliens) descendent se cacher dans leurs refuges, nous ne faisons pas ça », déclare-t-il. « Nous ne quitterons pas Dahyé », abonde, de passage, une sexagénaire.

Après cette opération, les yeux seront rivés sur le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui doit prendre la parole aujourd’hui après-midi. En effet, cette attaque fait craindre une escalade des combats opposant Israël au Hezbollah. D’autant qu’en août dernier, Hassan Nasrallah avait déclaré qu’« il y aurait des représailles féroces si un dirigeant de l’axe de la résistance, qu’il soit syrien, palestinien, libanais ou iranien, était tué au Liban » . Dans la soirée, le parti de Dieu a publié un communiqué saluant la mémoire de Saleh el-Arouri et ses compagnons et dénonçant « une attaque grave contre le Liban, son peuple, sa sécurité, sa souveraineté, sa résistance » . Le Hezbollah a estimé que cette opération porte des « messages politiques et sécuritaires hautement symboliques ». « C’est un développement sérieux dans la trajectoire de la guerre entre l’ennemi et l’axe de la résistance. Ce crime ne restera pas sans réponse », a encore mis en garde le Hezbollah.

Carte montrant l’emplacement de la frappe israélienne qui a tué Saleh el-Arouri dans la banlieue sud de Beyrouth. Guilhem Dorandeu

Selon plusieurs médias israéliens, Saleh el-Arouri devait rencontrer Hassan Nasrallah mercredi matin. Contacté, un porte-parole du Hezbollah s’est contenté d’affirmer que les deux hommes se réunissaient souvent. L’Iran, dans la bouche du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a de son côté déclaré que cette opération « allait sans aucun doute motiver davantage la résistance à lutter contre Israël », rapporte Reuters en citant des médias d’État. Cette déclaration intervient alors que, le 25 décembre, le plus haut gradé des généraux des gardiens de la révolution iraniens en Syrie, Razi Moussavi, a lui aussi été tué par une frappe israélienne à Damas.

« Frappe chirurgicale »

Dans une première réaction officielle à l’attentat, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a dénoncé dans un communiqué « un nouveau crime visant à entraîner le Liban dans une phase de confrontation ». « Cette explosion constitue une réponse claire à nos efforts visant à éloigner le spectre de la guerre de Gaza du Liban », a-t-il ajouté. M. Mikati a contacté son ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, et lui a demandé de déposer une plainte devant le Conseil de sécurité de l’ONU suite à « l’agression israélienne flagrante contre la souveraineté libanaise, ainsi que toutes les violations israéliennes ». De même, le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a condamné cette attaque. « Il s’agit d’un crime perpétré par des criminels connus », a-t-il déclaré, mettant en garde contre les « risques et les conséquences qui pourraient en découler », selon un communiqué publié par son bureau. Dans un communiqué conjoint, les « factions palestiniennes » ont « pleuré la perte de Saleh el-Arouri et de ses camarades, tués par les forces sionistes (israéliennes) à Beyrouth », appelant à une « réponse unifiée et ferme des nations arabes et islamiques contre cette agression ». Des dizaines de personnes ont d’ailleurs manifesté leur colère dans le camp de réfugiés palestiniens à Tyr, au Liban-Sud. Les manifestants ont appelé à « l’unité des factions palestiniennes face à l’ennemi sioniste (israélien) », rapporte notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah.

Côté israélien, Danny Danon, député du Likoud à la Knesset, a félicité via son compte X « (l’armée israélienne), le Shin Bet, le Mossad et les forces de sécurité pour avoir tué Saleh el-Arouri, numéro deux du Hamas, à Beyrouth ». Accusé par Israël d’être le cerveau de nombreux attentats, M. Arouri, 58 ans, figurait en effet sur la liste des responsables du Hamas et du Jihad islamique menacés par Israël suite à l’opération Déluge d’al-Aqsa, le 7 octobre dernier. Toutefois, Mark Regev, conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a déclaré à MSNBC que Tel-Aviv n’avait pas « revendiqué » cette attaque. « Peu importe qui l’a fait, il faut que ce soit clair : cette frappe chirurgicale n’était pas une attaque contre l’État libanais ni contre le Hezbollah », a-t-il souligné dans ce qui semble indiquer qu’Israël souhaite contenir l’escalade au Liban. Le média américain Axios a d’ailleurs affirmé que l’État hébreu se prépare à une riposte potentiellement violente du Hezbollah, qui pourrait inclure « l’emploi de missiles longue portée ».

Le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, a été tué mardi soir dans une frappe israélienne à Moucharrafiyé, au cœur de la banlieue sud de Beyrouth, dans une opération inédite depuis le début du Déluge d’al-Aqsa. Car si, depuis le 8 octobre, Israël tire régulièrement sur le Liban-Sud dans le cadre des affrontements avec le Hezbollah et des groupes palestiniens, il...

commentaires (6)

Reste à savoir si HN aura le courage de faire son speech en direct depuis son trou ou alors de l’enregistrer en amont pour le diffuser à l’heure annoncée. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de nuisance des israéliens lorsqu’ils se sentent menacés par des fanfarons qu’ils connaissent comme leur petite poche. Son discours est très attendu par tous et surtout l’endroit depuis lequel il va le prononcer. On saura enfin si sa pseudo résistance et ses appels au martyr sont réels. Jusque là ils se sont avérés faux, tout comme son patriotisme simulé.

Sissi zayyat

11 h 07, le 03 janvier 2024

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Commentaires (6)

  • Reste à savoir si HN aura le courage de faire son speech en direct depuis son trou ou alors de l’enregistrer en amont pour le diffuser à l’heure annoncée. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de nuisance des israéliens lorsqu’ils se sentent menacés par des fanfarons qu’ils connaissent comme leur petite poche. Son discours est très attendu par tous et surtout l’endroit depuis lequel il va le prononcer. On saura enfin si sa pseudo résistance et ses appels au martyr sont réels. Jusque là ils se sont avérés faux, tout comme son patriotisme simulé.

    Sissi zayyat

    11 h 07, le 03 janvier 2024

  • Pour pouvoir opérer une telle opération, Israël dévoile qu’il possède un vaste réseau d’agents doubles et d’informateurs dans la banlieue sud. Par contre, les médias et journalistes pro Hezbollah accusent certains chrétiens d’être des agents d'Israël. Pour mémoire, je rappelle les images de 1982 montrant les chiites libanais jetant des fleurs sur les chars israéliens venant les délivrer du joug des palestiniens

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 44, le 03 janvier 2024

  • « Cette explosion constitue une réponse claire à nos efforts visant à éloigner le spectre de la guerre de Gaza du Liban ». De quels "efforts" parle-t-il? De ses bavardages tous azimuts? Alors qu'il suffirait d'un ordre donné à l'armée de faire appliquer la 1701 pour ramener calme et sécurité au Liban.

    Yves Prevost

    07 h 49, le 03 janvier 2024

  • Combien d'agents du Mosad circulent a Dahie, Pas etonannant que HN reste sous terre.

    Zampano

    06 h 48, le 03 janvier 2024

  • En ciblant Dahyé les israéliens ont montré au Hezbollah leur capacité à frapper où ils veulent au Liban .. d'autant qu'ils bénéficient de complicités au sein même du parti de dieu. Ils ont délibérément choisi de cibler Saleh el-Arouri avec quelques comparses, ce serait peut-être un signal pour Nasrallah afin de lui faire comprendre qu'ils peuvent le toucher au moment opportun en depit de ses vituperations stériles...

    C…

    04 h 20, le 03 janvier 2024

  • Une grande perte pour l’humanité.

    Achkar Carlos

    00 h 41, le 03 janvier 2024

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