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Campus - TÉMOIGNAGES

2023, une année difficile pour les étudiants libanais

Au pays du Cèdre ou à l’étranger, 2023 a été marquée par une série de défis pour les jeunes Libanais qui restent malgré tout déterminés à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.

2023, une année difficile pour les étudiants libanais

Marie-Christie al-Bazouni. Photo DR

La crise économique et financière persistante, l’instabilité politique au Liban et dans une région rongée par les conflits, les menaces d’interruption de l’année universitaire en cours, la pression liée aux études ainsi que les préoccupations quant à leur santé mentale façonnent en particulier le vécu des étudiants libanais. Les difficultés que ces derniers rencontrent entravent souvent leur parcours et influencent leurs perspectives futures. Ils partagent tous le même espoir : envisager plus sereinement leur avenir.

Petia Feghali. Photo DR

Des obstacles à surmonter

La dévaluation de la livre libanaise et l’inflation n’ont pas cessé en 2023 de peser sur les épaules des jeunes Libanais qui, avec le coût des études qui a augmenté à la rentrée, ont une préoccupation majeure : réussir à régler leurs frais universitaires. « Comme beaucoup d’étudiants, je compte sur l’aide sociale dont je bénéficie pour pouvoir continuer à suivre mes études. Cela ne m’empêche pas toutefois de faire face à de nombreux défis. Assumer mes dépenses quotidiennes, et en priorité les frais liés au transport pour pouvoir me déplacer de mon domicile jusqu’à la fac, n’est pas chose facile », explique Sergios Roufaël, en 2e année de lettres françaises à l’Université Saint-Joseph (USJ). Le jeune homme, qui travaille à temps partiel, espère que 2024 sera une année moins sombre afin qu’il puisse se concentrer sur ses études et sur les objectifs personnels qu’il souhaite atteindre. Dans ce contexte marqué par les crises et par l’incertitude quant à leur avenir au Liban, certains jeunes sont inquiets au sujet de l’orientation de leur future carrière professionnelle. « En 2023, l’accès aux opportunités d’emploi dans le domaine juridique s’est avéré être un défi significatif. Les fluctuations économiques et politiques ont directement influencé la disponibilité et la nature des stages, des emplois et des opportunités d’enrichissement professionnel des étudiants et des jeunes diplômés en droit », souligne Christelle Abou Harb. Inscrite en 1ère année de master en droit à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), elle souhaite en 2024 approfondir ses connaissances académiques, voir des opportunités professionnelles intéressantes s’offrir à elle et prendre part à des événements qui lui permettront d’élargir son réseau professionnel. Marie-Christie al-Bazouni, en 2e année de master en commerce à l’Université Sainte-Famille (USF), raconte qu’en jonglant entre études et emploi à plein temps dans une entreprise, elle a vécu sous pression durant les derniers mois de l’année. La jeune femme, qui dispose de peu de temps libre, confie : « Je mise sur ma réussite dans mes études qui me permettra, je l’espère, d’avoir de belles opportunités professionnelles en 2024. Je souhaite également consacrer du temps aux activités que j’aime pratiquer, en particulier cuisiner, lire et écrire, et passer beaucoup plus de moments conviviaux avec mes proches, ce que je n’ai pas vraiment réussi à faire en 2023. »

Christelle Abou Harb. Photo DR

Un nouvel environnement auquel s’adapter

Les jeunes qui, à l’instar de Stéphane el-Hokayem, ont choisi de suivre leurs études à l’étranger, ont eux aussi des défis à relever, notamment pour pouvoir réussir leur intégration. « Avec la crise qui sévit au Liban, nous sommes nombreux à devoir vivre loin de nos familles avec un petit budget qu’il faut savoir gérer au mieux. Comme d’autres étudiants ayant quitté le Liban, j’ai dû m’adapter à un nouvel environnement, me familiariser avec un système éducatif assez différent de celui auquel je m’étais habitué et j’ai dû trouver quelques petits boulots pour assurer ma subsistance », explique le jeune homme inscrit en master 2 de commerce numérique à la faculté d’économie, de gestion et de sciences (FGES) de l’Université catholique de Lille. Stéphane apprécie tous les avantages que lui confère la vie en France, en particulier celui de pouvoir profiter d’une formation académique professionnelle de qualité, mais rappelle qu’il faut parfois des mois pour pouvoir trouver sa place et vaincre la solitude lorsque l’on est loin des siens. « Si j’ai pu tisser facilement des liens avec les étudiants libanais, espagnols et même italiens à Lille, cela a été bien plus difficile avec les Français qui gardent souvent leurs distances avec les étrangers », regrette celui qui espère pouvoir décrocher en 2024 un contrat de travail qui lui permettra de rester en France.

Stéphane el-Hokayem. Photo DR

La santé mentale à privilégier

Dans un Moyen-Orient en ébullition, les jeunes sont anxieux et ont peur de voir la situation se dégrader davantage. Ils rêvent, à l’instar de Petia Feghali, de voir la paix régner dans la région et souhaitent oublier les images terribles qui défilent sur leurs écrans depuis le 8 octobre. « Les crises économique et sociale par lesquelles passe le Liban sont assez graves et ont chamboulé nos vies. Je redoute que l’on doive subir une guerre comme celle de juillet 2006 et je m’inquiète des conséquences désastreuses que cela pourrait avoir sur nos vies », souligne l’étudiante inscrite en 1ère année de journalisme à l’Université antonine (UA). Comme ses compatriotes, Petia nourrit l’espoir de voir le pays sortir de la zone de turbulences en subissant le moins de dégâts possibles. Laura Maria Élias, en 2e année de master en lettres françaises à l’USJ, estime qu’il faut que les étudiants libanais veillent à prendre soin d’eux-mêmes pour pouvoir réussir à étudier et à travailler dans un environnement anxiogène et disposer de l’énergie et de la force dont ils ont besoin pour faire face aux difficultés du quotidien. « Réussir sur les plans académique et social ne peut se faire que si nous prenons soin de notre santé physique et mentale, car le marathon de la vie ne va pas s’arrêter », rappelle la jeune femme.

Sergios Roufaël. Photo DR

Cette dernière, qui souhaite terminer l’année prochaine la rédaction de son mémoire, insiste : « À nous d’intégrer dans notre existence en 2024 la pratique régulière d’un exercice physique, la musique, la méditation et des activités qui nous permettent de nous sentir mieux.

Laura Maria Élias. Photo Julie Moussa

Cela nous aidera à garder le cap et à prévenir les risques de dépression. » Christelle Abou Harb partage le même avis que Laura Maria et met en lumière l’importance de s’ouvrir aux autres : « Pour améliorer ma vie quotidienne, je prévois bien sûr de développer une routine bien équilibrée et investir du temps pour améliorer mon bien-être physique et mental, mais je n’oublie pas qu’il faut entretenir des relations enrichissantes et participer à des initiatives sociales. » Malgré les défis auxquels ils font face, ces adultes en devenir demeurent porteurs d’espoir et aspirent à des changements positifs en 2024, ce qui leur permettra de garder de bons souvenirs de ce qui est censé être leurs plus belles années. Ils aimeraient notamment que des réformes économiques soient adoptées sur le plan local afin que les Libanais n’aient pas à vivre dans la précarité. Ils souhaiteraient également ne pas avoir à travailler à plein temps pour qu’ils puissent se concentrer davantage sur leurs études et leurs résultats académiques qui demeurent pour eux une priorité.

La crise économique et financière persistante, l’instabilité politique au Liban et dans une région rongée par les conflits, les menaces d’interruption de l’année universitaire en cours, la pression liée aux études ainsi que les préoccupations quant à leur santé mentale façonnent en particulier le vécu des étudiants libanais. Les difficultés que ces derniers rencontrent...

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