La détente n'aura été que de courte durée. Après une réunion aux allures positives, jeudi au Grand Sérail, entre le ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, M. Slim est revenu à la charge vendredi, critiquant la manière dont le Grand Sérail avait présenté cette entrevue.
Dans un communiqué, jeudi, la présidence du gouvernement a indiqué qu'une réunion s’est tenue entre MM. Slim et Mikati, en froid depuis plusieurs semaines, à la demande du ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, et en sa présence. Selon le texte, le ministre de la Défense se serait dit « désolé » à la suite du « malentendu » survenu récemment, dans une allusion à un virulent échange verbal entre les deux hommes, en marge d’une réunion ministérielle informelle, en octobre dernier.
Plus récemment lors de la séance gouvernementale de mardi, le Premier ministre s’en était pris à M. Slim sur fond de refus de ce dernier (proche du Courant patriotique libre, CPL aouniste) de proposer des candidatures au poste de chef d’état-major, numéro deux de la troupe, quelques jours après la prorogation (rejetée par le CPL) du mandat de son chef, le général Joseph Aoun.
Selon le communiqué, M. Slim aurait réitéré son respect pour le Premier ministre et le prestige de son poste. Les discussions auraient également porté sur la situation au Liban-Sud et l’importance de réglementer l’action de l’institution militaire conformément aux lois en vigueur.
« Après la parution du communiqué, j'ai appelé le conseiller (de Nagib Mikati) pour lui dire qu'il était honteux de dire que Mohammad Mortada m'a emmené (au Grand Sérail) comme si j'étais un enfant. En plus, je ne me suis pas excusé. Je lui ai demandé de dire à M. Mikati qu'il a sapé notre accord », a lancé Maurice Slim, dans une interview publiée vendredi par le quotidien libanais arabophone Al Joumhouria. Le ministre de la Défense a en outre révélé qu'il s'était mis d'accord, lors de l'entrevue avec M. Mikati et avant la publication du communiqué du Grand Sérail, de suggérer trois candidats pour le poste de chef d'état-major avant le 15 janvier, « malgré le fait qu'il n'était pas convaincu de la prorogation du mandat de Joseph Aoun ».
« Je lui ai demandé (à Nagib Mikati) d'oublier mon adresse », a encore lancé le ministre de la Défense.
Mikati « surpris »
« Je suis surpris par les propos du ministre de la Défense aujourd'hui (vendredi) », a lancé pour sa part Nagib Mikati, après une entrevue à Bkerké avec le chef de l'Eglise maronite, Béchara Raï. « La réunion était tendue au départ mais elle s'est bien terminée (...) Il semble que l'on a demandé au ministre de changer d'avis après l'entrevue, comme nous l'avons lu dans la presse. Je sais qui le lui a demandé », a-t-il ajouté, en allusion évidente au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, dont M. Slim est proche.
Selon Al Joumhouria, M. Slim ne se serait pas excusé, parce qu'il « n'est pas fautif ». Il aurait par ailleurs regretté, lors de la réunion, la manière dont il avait été traité auparavant. « Il n'y a rien de personnel entre moi et Mikati. L'entrevue a eu lieu à sa demande. Mon ami le ministre Mohammad Mortada m'en a parlé le mercredi et m'a demandé si j'étais prêt à répondre à cette invitation. Je lui ai dit que j'étais ministre dans le gouvernement Mikati et que je n'avais donc pas d'inconvénient », a encore dit le ministre de la Défense.
À la faveur d’efforts déployés ces derniers jours par Mohammad Mortada, et son collègue des Déplacés, Issam Charafeddine, M. Mikati s’est réuni jeudi au Sérail avec M. Slim. Il s’agissait du tout premier entretien entre les deux hommes depuis leur joute verbale verbale, en octobre dernier.
À la question, jeudi, de savoir s’il prendrait part à un Conseil des ministres dans le cadre duquel un nouveau chef d’état-major serait nommé, Maurice Slim avait répondu que cette question ne devrait pas être détachée de celle des postes vacants au sein du Conseil militaire (organe décisionnel de l’armée). « J’avais commencé à régler ce problème il y a plus de trois mois. Mais certaines circonstances m’ont empêché de poursuivre cette démarche », a rappelé M. Slim, précisant que « le dossier fait encore l’objet de discussions ». « Les solutions seront conformes à la Constitution et à la loi de la défense », a-t-il dit.
commentaires (6)
- NI LES GAZS ET NI LES EAUX. - LE PROBLEME EST AUX CERVEAUX. - QUAND VIDES DE LEURS NEURONNES, - COMMENT REMPLIR DES BONBONNES ?
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 28, le 23 décembre 2023