« La position de Maurice Slim est incompréhensible. » C’est en ces termes que Waël Bou Faour, député joumblattiste, commente pour L’Orient-Le Jour le comportement du ministre sortant de la Défense qui ne veut toujours pas proposer de candidats aux postes vacants du Conseil militaire (organe décisionnel de l’armée, notamment le chef d’état-major, numéro deux de la troupe), comme le veulent le Premier ministre sortant Nagib Mikati, et le leader druze Walid Joumblatt. De toute évidence, l’obstination dont fait preuve M. Slim reflète la position du Courant patriotique libre (dont il est proche), qui vient de subir un revers avec la prorogation d’un an du mandat du chef de l’armée Joseph Aoun.
Mais si M. Slim semble être un élément incontournable dans le choix du futur chef d’état-major, tout prête à croire que le Conseil des ministres démissionnaire s’apprête à outrepasser son veto. Comment ? Selon des sources concordantes, si le ministre sortant de la Défense s’obstine à refuser de procéder aux nominations, le Conseil des ministres sortant réuni pourrait considérer qu’il a manqué à ses devoirs et prendre les mesures nécessaires. Mais pour cela, il faut que le quorum d’une séance gouvernementale soit atteint. C’est dans ce cadre qu’interviennent les contacts en cours pour aplanir un obstacle chrétien de taille : le niet des Marada de Sleiman Frangié à toute nomination en période de vacance présidentielle. À cet effet, une réunion s’est tenue mardi soir entre Tony Frangié, député Marada, et Waël Bou Faour. « Nous avons réitéré notre position de principe refusant de combler des postes vacants avant de pourvoir au vide à la tête de l’État », déclare un proche du leader zghortiote. Il tient toutefois à faire valoir que l’entretien s’est tenu « dans une atmosphère positive ». « En dépit de cette position, ils (les Marada) sont conscients de l’importance de nommer un chef d’état-major afin d’assurer le bon fonctionnement de l’armée », révèle de son côté M. Bou Faour. Il laisse ainsi entendre que les Marada seraient disposés à mettre un peu d’eau dans leur vin une semaine après un dîner entre Sleiman Frangié et Joseph Aoun au domicile de ce dernier à Yarzé. Et comme pour donner l’impression que tout allait bon train, Tony Frangié s’est rendu mercredi au Sérail pour une réunion avec Nagib Mikati, déjà au courant de l’entretien de mardi soir.
La guerre Mikati-Slim se poursuit
Mais à l’heure où les Marada et le PSP tentaient de rapprocher leurs points de vue au sujet du numéro deux de la troupe, Nagib Mikati et Maurice Slim s’adonnaient à un nouveau round dans leur bras de fer. Quelques heures après un Conseil des ministres lors duquel le chef sortant du gouvernement a tiré à boulets rouges sur le ministre sortant de la Défense, ce dernier a riposté par un communiqué publié par son bureau de presse. Tout en se disant « étonné » des propos virulents du Premier ministre sortant (qui avait estimé que « la page Maurice Slim était tournée » à ses yeux), M. Slim s’est dit « disposé à soumettre des candidatures pour pourvoir aux postes vacants des institutions affiliées au ministère de la Défense, à condition que la démarche soit précédée d’une entente élargie ». Il a également tenu à rappeler que les nominations en question concernent des postes de première catégorie, « alors que le Premier ministre n’en finit pas de répéter qu’il ne procédera pas à ces nominations avant l’élection d’un président ». Réagissant au communiqué, des sources gouvernementales ont critiqué « les prises de position contradictoires du ministre, qui s’opposait à la prorogation du mandat de Joseph Aoun et plaidait pour la nomination d’un nouveau chef de la troupe et des membres du Conseil militaire ».
De son côté, le courant aouniste est déterminé à présenter un recours en invalidation de la loi prorogeant d’un an le mandat des chefs d’appareils sécuritaires. Un but que le CPL semble avoir besoin de marquer dans les filets de ses détracteurs. D’autant qu’en quelques jours seulement, il a subi deux revers. Outre le maintien à son poste de Joseph Aoun, le CPL a perdu mardi une nouvelle manche face au général : le procureur général auprès de la Cour des comptes a décidé le classement de l’affaire pour absence de preuve d’une quelconque violation de la loi ou des règlements dans l’affaire des dons qataris au profit de l’institution militaire et des ventes d’armes à l’insu du ministre sortant de la Défense. Dans le cadre de ces deux dossiers, le courant orange avait accusé Joseph Aoun de « corruption » et d’«infractions aux lois en vigueur ». Et à l’heure où toutes ces charges sont tombées à l’eau, la troupe recevait mardi du fuel dans le cadre d’un nouveau don qatari.
Ils dénoncent le vide qu’ils ont créé de toute pièce et viennent nous vendre leur obstination à faire respecter les lois internes et la constitution qu’ils ont bafoué et continuent de le faire lorsque cela va dans le sens de leurs alliés contre nature pour anéantir leur propre pays? Comment peuvent ils justifier ces contradictions auprès des citoyens libanais qui les observent depuis des décennies détruire pierre après pierre notre république dans le but d’usurper un poste pour continuer à les servir contre des clopinettes? Ils sont vraiment minables.
12 h 35, le 21 décembre 2023