L'allée d'un centre commercial à Beyrouth, au courant de la semaine. Photo P.H.B.
Bien qu’il soit certain que le Liban conclura fin décembre une troisième année civile consécutive avec une inflation à trois chiffres, la hausse des prix a fortement ralenti en novembre en rythme mensuel, selon les dernières données de l'Administration centrale des statistiques (ACS) publiées jeudi. Après une hausse significative de 17,2 % en octobre, l'indice mensuel des prix à la consommation (IPC), calculé en livres libanaises, est descendu à 2,6 % le moins dernier.
Cette trajectoire confirme l’analyse du directeur régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Abdallah al-Dardari. À l’occasion de la publication d’un rapport préliminaire sur le Liban, il avait indiqué mardi que l’organisme international a observé que la guerre à Gaza qui fait rage depuis le 7 octobre et qui déborde au Liban-Sud avait provoqué une « contraction de la demande », ce qui pouvait « potentiellement ralentir l'inflation ».
Il est difficile, à ce stade, de savoir si cette tendance se prolongera en décembre, dans la mesure où les prix ont tendance à augmenter pendant les fêtes de fin d'année, période au cours de laquelle nombre de Libanais de la diaspora rentrent au pays pour retrouver leur famille, et alors que la Banque du Liban (BDL) a relevé il y a quelques jours son taux de change intermédiaire de la livre libanaise, connu sous le nom de Sayrafa.
Au niveau annuel, l'IPC continue d’évoluer à un niveau particulièrement élevé, avec une hausse de 211,9 %, qui est fait une baisse de 3,5 points par rapport au niveau de fin octobre (215,4 %).
Évolutions inégales
Pour ce qui est des catégories composant l’IPC, les évolutions des prix en rythme mensuel sont inégales.
Les prix des télécommunications ont, par exemple, haussé de manière significative, soit 29 % en novembre 2023, contre une baisse de 0,1 % en octobre. Cette hausse est d’autant plus singulière que le gouvernement n’a pas modifié les tarifs de la téléphonie et de l’internet, fixe et mobile, en novembre. Contactée, une source à l'ACS évoque un décalage entre les chiffres des télécoms pour l'IPC utilisés et la période concernée. Plus précisément ce n'est que maintenant que l'ACS a incorporé les nouveaux tarifs d'Ogero (téléphonie et Internet fixe) qui ont augmenté en septembre, ainsi que ceux des fournisseurs locaux d'accès Internet dans tout le pays.
Dans les autres catégories : les prix de l'habillement et des chaussures ont augmenté de 8,2 % en rythme mensuel, tandis que ceux de l'eau, de l'électricité et du gaz ont baissé de 1,7 %, contre une augmentation de 10 % le mois dernier. Les prix des transports ont baissé de 0,7 %.
Les nouveaux loyers – par opposition aux anciens, institués par des lois spécifiques au cours du siècle dernier et qui sont encore appliqués - ont légèrement augmenté, avec une hausse mensuelle de 2,8 % en novembre. Les prix dans le secteur de la santé continuent à se dégonfler, diminuant de 1,1 %, comparés à une diminution de 0,3 % le mois précédent.
Les prix ont augmenté de façon assez homogène sur l'ensemble du territoire libanais, le Liban-Nord enregistrant la plus forte augmentation mensuelle de 5,5 %, suivi par le Liban-Sud avec une hausse de 3,4 %, Beyrouth avec 2,2 %, le Mont-Liban avec 2 % et la Békaa avec 1,9 %. À Nabatieh, les prix ont baissé de 1,1 %
En rythme annuel, les chiffres de l’ACS affichent une tendance plus uniforme. Les boissons alcoolisées et le tabac ont ainsi augmenté de 221,3 %, contre 249 % en octobre. L'inflation a également ralenti pour l'eau, l'électricité et le gaz (+145 % contre 151,8 % précédemment. Le même phénomène a été observé pour le coût de la santé (+ 156,7 %), les transports (+ 142,7 %), ainsi que les restaurants et les hôtels (+ 214,9 %).
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