« Des agents en civil m’ont frappé pour me torturer… j’ai eu le nez et des dents cassés. Ils ont baissé mon pantalon et ils m’ont violé. » C’est dans un van appartenant aux forces spéciales de la police iranienne que Farzad a subi un viol collectif. Dans un rapport publié aujourd’hui, Amnesty International a récolté le témoignage de 44 autres victimes – femmes, hommes et enfants - de viol, de viol collectif ou d’autres formes de violences sexuelles commises par les forces de sécurité ou de renseignement de la République islamique. Des actes qui s’apparentent à de la torture et de la maltraitance. Une arme de destruction physique et psychologique pour intimider et punir ces manifestants pacifiques d’avoir participé au mouvement de contestation « Femme, vie, liberté » déclenché suite à la mort de la jeune Mahsa Amini le 16 septembre 2022.
Arme systémique
« Les témoignages éprouvants que nous avons récoltés dessinent une tendance plus large de l’utilisation de la violence sexuelle comme une arme-clé des autorités iraniennes dans leur arsenal de répression des manifestations et de suppression de la dissidence pour s’accrocher au pouvoir à tout prix », a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard. Certaines avaient juste défié le port obligatoire du hijab, d’autres encore manifestaient leur soutien à une contestation qui s’est rapidement retournée contre le régime, dénonçant la « dictature » du guide suprême Ali Khamenei. S’il est impossible de connaître l’étendue de la violence sexuelle qui a entouré le mouvement « Femme, vie, liberté », l’organisation considère que l’ampleur géographique des témoignages récoltés - dans plus de la moitié des provinces iraniennes -, ainsi que les cas établis d’autres détenus victimes de viols et de violences sexuelles indiquent une tendance générale indéniable.
Parmi les victimes qui ont témoigné auprès de l’ONG internationale concernant la contestation populaire de l’année dernière, sept étaient des enfants, le plus jeune avait 12 ans. De l’autre côté, leurs bourreaux sont issus des Gardiens de la révolution, de la milice des Bassidjis, du ministère du Renseignement, ainsi que de différentes branches de la force de police telles que celle de la sécurité publique (police amniat-e omoumi), de l’unité d’investigation (agahi), et des forces spéciales (yegan-e vijeh). Les viols et autres violences sexuelles ont été commis dans des centres de détention comme dans des vans des forces de l’ordre, mais aussi dans des bâtiments résidentiels ou des écoles transformés de manière illégale en lieux de détention. Certaines victimes ont rapporté des viols collectifs impliquant jusqu’à dix agents des forces de l’ordre.
Impunité totale
A ce jour, les autorités iraniennes n’ont encore inculpé ou poursuivi aucun officiel pour les cas de viol ou de violence sexuelle documentés dans le rapport d’Amnesty International. « Les procureurs et juges iraniens ne sont pas seulement complices en ignorant ou en dissimulant les plaintes des survivants de viol, mais ils utilisent des ‘aveux’ obtenus sous la torture pour porter des accusations fallacieuses contre eux et les condamner à de la prison ou à mort », souligne le document. Six victimes qui avaient montré leurs marques de torture ou qui s’étaient plaint d’abus devant des fonctionnaires judiciaires lors d’interrogatoires ont été ignorées. Deux personnes qui ont déposé plaintes ont été forcées de les retirer après avoir reçu des menaces d’enlèvements ou d’assassinats les visant eux ou leurs proches. La plupart des survivants qui ont témoigné auprès d’Amnesty International n’ont pas osé porter plainte, convaincus que le système judiciaire est moins un outil de réparation que de répression.
Par ailleurs, le stigma associé à la violence subie entraîne aussi une sous-déclaration par rapport au nombre de cas réels. D’autant qu’il peut engendrer des détresses psychologiques aiguës. « Je ne pense pas pouvoir jamais être la même personne qu’avant. Il n’y a rien qui puisse me ramener à celle que j’étais, qui puisse me ramener mon âme… », résume Zahra, violée par un agent des forces spéciales de police. Face à cette absence de prise en compte des victimes, sans même parler de justice, Amnesty en appelle à la communauté internationale. « Elle doit soutenir l’extension du mandat de la mission d’enquête des Nations unies sur l’Iran pour assurer qu’un mécanisme indépendant continue de collecter, de préserver et d’analyser les preuves de crimes commis à l’encontre du droit international et d’autres violations flagrantes des droits de l'homme. »
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Et le Hezbollah fait allégeance à ce régime. Au moins les libanais sont informés de ce qui les attend si le Hezbollah venait à parfaire sa mainmise sur toutes les régions libanaises. Aucune contestation ne sera alors admise surtout de la part de journalistes. OLJ continuez à publier le décryptage qui font l’apologie du Hezbollah écrit par sa porte parole francophone
Lecteur excédé par la censure
08 h 53, le 06 décembre 2023