Jusqu’à la dernière seconde, les bombardements israéliens se sont poursuivis à Gaza et même au Liban-Sud, alors que le Hamas et le Hezbollah ont continué à riposter jusqu’au bout. Finalement, vendredi à partir de 7 heures du matin, la trêve de 4 jours est entrée en vigueur, et depuis, chaque partie procède à une première évaluation des 49 jours de conflit ouvert qui ont failli changer la région.
Les Israéliens cherchent à se présenter en vainqueurs et annoncent une reprise des combats à grande échelle après la fin de la trêve. Mais du côté du Hamas, l’évaluation est différente. Pour les responsables de cette organisation, la meilleure preuve que les Israéliens n’ont pas gagné, c’est justement leur insistance à dire qu’il s’agit d’une trêve provisoire et que les combats vont reprendre de plus belle. « Celui qui a gagné insiste-t-il pour une reprise des combats ? » C’est la question que posent les responsables du Hamas à ceux qui mettent en doute la victoire de l’organisation à ce stade.
Ces responsables précisent ainsi que le discours prononcé vendredi soir par Abou Oubeïda, l’homme masqué le plus célèbre actuellement, est en soi un constat de victoire, notamment dans la partie où il remercie les différents alliés au sein de l’« axe de la résistance », notamment les Yéménites, le Hezbollah et les factions de la résistance irakienne, un peu comme un chef rend hommage à ses troupes.
Pour le Hamas, justement, le principal enjeu des combats des 49 derniers jours, c’était de préserver les « acquis » du 7 octobre, lorsque ses combattants ont réalisé une opération appelée Déluge d’al-Aqsa, unique en son genre. Aux yeux du Hamas, cette opération lui a non seulement permis de capturer des otages israéliens pour pouvoir les échanger avec les quelque 6 000 prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, mais elle a aussi provoqué une grande crise de confiance au sein de la société israélienne envers les services de renseignements et les forces militaires, au point que, depuis ce jour, les colons installés à la limite nord de Gaza refusent d’y revenir si le Hamas n’est pas définitivement écarté de cette zone.
Or, justement, une des raisons qui poussent le Hamas à se considérer comme victorieux à ce stade, c’est que les responsables israéliens, Benjamin Netanyahu en tête, n’ont cessé depuis le 8 octobre d’affirmer que leur objectif est de détruire totalement le Hamas. En attendant d’atteindre cet objectif, ils ont déclaré qu’ils vont, dans une première étape, chasser le Hamas du nord de Gaza avant de l’éliminer totalement. jusqu’à présent, ils n’ont pas pu donner aux Israéliens des preuves concrètes du départ du Hamas du nord de Gaza. Alors que les bombardements sur les colonies installées au nord de Gaza se sont poursuivis jusqu’à jeudi, ils se sont engagés à tuer les responsables de cette organisation où qu’ils se trouvent. Mais pour le moment, ils n’ont pas pu trouver des cibles de premier rang. Ils vont certes continuer à traquer les grandes figures du Hamas, mais leur bilan est encore faible.
De même, les responsables israéliens avaient promis à leur population qu’il n’y aurait pas de trêve avant la libération de tous les otages. Tout au long des dernières semaines, ils ont mobilisé leurs unités d’élite et sollicité l’aide des forces spéciales américaines, mais ils n’ont pas réussi à trouver un otage et à le libérer. Ils ont dû finalement consentir à cette trêve de 4 jours avec une libération partielle et par étapes des otages israéliens entre les mains du Hamas et du Jihad islamique. Dans ce sillage, Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’acceptera pas l’entrée de carburant à Gaza, mais un des points de la trêve parle justement de l’approvisionnement de Gaza en citernes de carburant par la voie de passage de Rafah. Même si les quantités autorisées restent en deçà des besoins de Gaza, c’est déjà un premier pas vers un minimum d’amélioration des conditions de vie dans cette bande.
Un autre point gagnant aux yeux du Hamas tient au fait que les négociations en vue de la trêve ont eu lieu avec ses représentants, ceux qui se trouvent au Qatar, comme le chef du bureau politique Ismaïl Haniyé et celui qui est considéré comme la bête noire des Israéliens à Gaza Yehya al-Sinouar, par le biais des Qatariens et des Égyptiens qui ont servi d’intermédiaires.
Toujours dans ce contexte, le fait que la trêve porte sur une libération partielle des otages en contrepartie de prisonniers israéliens montre qu’elle aura des suites. Il s’agit donc d’un premier test qui devrait être suivi d’autres jusqu’à la libération de tous les otages du côté palestinien et de tous les prisonniers du côté israélien. Cela signifie que le Hamas conserve la carte des otages dans les négociations futures et qu’il pourra ainsi négocier en position de force.
Sur un plan plus général, les combats des 49 jours précédents ont été l’occasion de montrer un soutien occidental quasi général à Israël. Le Hamas considère qu’il a mené une confrontation avec non seulement les Israéliens, mais aussi les Américains et leurs alliés. Il ne s’agit donc plus d’une faction palestinienne au pouvoir et au rôle limités, mais d’une composante qui a son poids dans le conflit israélo-palestinien.
De même, et c’est le dernier point que les membres du Hamas évoquent, cette organisation a réussi à établir un équilibre délicat entre le fait d’être le fer de lance de cette bataille et le principe de l’unité des fronts si cher à l’« axe de la résistance », puisque le Hezbollah, Ansarallah et les factions irakiennes sont intervenus en tant que forces de soutien. « L’axe » a donc été préservé sans que ses différents membres n’aient à payer un tribut trop élevé ou ne mettent en danger leurs propres intérêts. À ce stade, le Hamas estime donc avoir remporté une manche importante. Il lui reste encore à préserver cet acquis...
l'axe de la guerre et terreur estiment toujours quils ont gagné. Meme quand ils ont au fait perdu.
16 h 14, le 26 novembre 2023