« Il l’a voulu et il y est arrivé. Si je lui en veux, c’est parce qu’il est parti avant moi. » Quelques heures après la mort de son fils Abbas dans une frappe israélienne à Beit Yahoun (Bint Jbeil), qui a également coûté la vie à quatre miliciens du Hezbollah, Mohammad Raad, le chef du groupe parlementaire du parti chiite, ne cache pas sa fierté en accueillant sa dépouille mortelle.
« Il était plus brave et rapide que moi (…). Félicitations au chef du Hezbollah qui nous a appris comment les pères des martyrs doivent être : patients, forts et persévérants sur le chemin jihadiste de la résistance », lance M. Raad devant les médias, en agitant fermement son index.
Derrière la retenue de M. Raad transparaît, en filigrane, toute l’idéologie du « martyre » prônée par le parti pro-iranien. Mourir pour servir la « résistance », la patrie ou encore la religion musulmane est ainsi un honneur qui permet aux combattants d’accéder au paradis. Depuis le 8 octobre, 85 membres du Hezbollah ont été tués dans des frappes israéliennes, selon un décompte de L’Orient-Le Jour (77 au moins, selon l’AFP).
Abbas Raad n’est pas le premier fils d’un haut dirigeant du parti à tomber sur le champ de bataille. Le Hezbollah n’hésite d’ailleurs pas à mettre cet élément en avant, montrant que ses dirigeants se donnent corps et âme, jusqu’à perdre leurs enfants au service de la cause. Avant lui, Hadi Nasrallah, Jihad Moghniyé et Hussein Moussaoui ont été tués par des frappes israéliennes. Retour sur ces fils de responsables du Hezb morts pour la « résistance ».
– Hadi Nasrallah
Fils aîné du secrétaire général actuel du Hezbollah, Hadi Nasrallah a suivi plusieurs formations militaires qui lui ont permis d’accéder à la force al-Radwan, l’unité d’élite du parti chiite. Il est décédé le 12 septembre 1997, à l’âge de 18 ans, lors d’une opération menée contre les forces israéliennes dans l’Iqlim al-Touffah, en plein conflit entre le Liban, l’armée israélienne et l’Armée du Liban-Sud (ALS), supplétive d’Israël. Ce jour-là, Israël avait également mené des raids aériens contre des positions de l’armée libanaise, tuant six militaires libanais ainsi qu’un civil et blessant six soldats.
Retenue par Israël, la dépouille mortelle de Hadi Nasrallah n’a été rapatriée que le 26 juin 1998, à la suite d’un accord d’échange entre le Hezbollah et l’État hébreu.
Quid de la riposte du Hezbollah ? Le 14 septembre 1997, un commando baptisé « Unité des martyrs Hadi Nasrallah et Ali Kaoussarani », des noms du fils de Hassan Nasrallah et de l’un de ses camarades victimes de l’armée israélienne, a tué deux militaires israéliens et blessé un troisième dans un attentat à l’explosif près du village de Talloussa au Liban-Sud. Israël a confirmé l’incident et les pertes.
Bien qu’il ait été ouvertement revendiqué, cet attentat s’inscrit, pour le Hezbollah, dans le prolongement des opérations de la « résistance » contre l’État hébreu. « Israël ne doit tirer aucune satisfaction de la mort de mon fils, car il est tombé sur le champ de bataille », avait déclaré Hassan Nasrallah au lendemain de la mort de Hadi, avant de « remercier Dieu d’avoir fait de lui un martyr ».
– Jihad Moghniyé
Jihad Moghniyé a subi le même sort que son père, sept ans après lui. Fils de l’ancien commandant militaire du Hezbollah Imad Moghniyé, assassiné en 2008 à Damas, Jihad est mort le 19 janvier 2015 dans un raid d’hélicoptère israélien dans la province syrienne de Quneitra, au sud-est.
Cette frappe sur la partie non annexée du plateau du Golan a aussi tué un haut dirigeant du Hezbollah, Mohammad Ahmad Issa, responsable du dossier Syrie-Irak, ainsi que quatre responsables du parti chiite. Elle a également coûté la vie à six militaires iraniens, dont un général des gardiens de la révolution.
Le 28 janvier 2015, le Hezbollah tire des missiles antichars sur un convoi de l’armée israélienne dans les fermes occupées de Chebaa, dans ce qui apparaît comme une opération de représailles contre l’attaque de Quneitra. Deux soldats israéliens sont tués et sept autres blessés. La riposte de l’État hébreu ne se fait pas attendre et un soldat du contingent espagnol de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, est tué.
– Hussein Moussaoui
C’est le fils de l’ex-secrétaire général du Hezbollah, Abbas Moussaoui. Il a été tué le 16 février 1992 avec ses parents, à l’âge de cinq ans, dans un raid israélien au Liban-Sud. Après avoir prononcé un discours dans le village de Jibchit (Nabatiyé), son père rentrait avec sa famille à Beyrouth. Des hélicoptères israéliens ont attaqué le cortège de voitures dans lequel il se trouvait.
Le 17 mars 1992, une organisation se faisant appeler « Jihad islamique » a mené un attentat-suicide contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires (29 morts, 242 blessés), affirmant avoir orchestré cette opération en représailles à l’assassinat de Abbas Moussaoui.
Le 7 février 1994, le Hezbollah a tendu une embuscade à une patrouille de l’armée israélienne à la frontière libano-israélienne, tuant quatre soldats et blessant trois autres, tout en affirmant que l’opération marque le deuxième anniversaire de la mort de l’ex-chef du parti chiite.
commentaires (14)
Les choix des commentaires par les modérateurs laissent penser que certains auraient préféré le retour de l’occupation israélienne !!!! C’est ça le liban nostalgie nostalgie Armée peuple résistance triptyque en or
Chantal Falha
21 h 55, le 27 novembre 2023