L'envoyé spécial du président français Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, a affirmé mercredi qu'il se rendra « très prochainement » au Liban, estimant que « le pays est au bord de la guerre », alors que les hostilités entre Israël et le Hezbollah se poursuivent à la frontière du Liban-Sud dans le cadre du conflit entre l'Etat hébreu et le Hamas palestinien, déclenché par ce dernier le 7 octobre.
Les affrontements ont jusqu'ici fait au moins une centaine de morts au Liban, dont plus de 80 combattants du Hezbollah et et une dizaine de civils, dont trois journalistes libanais. Mercredi, une frappe israélienne a tué cinq personnes, dont le fils du chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad.
« La guerre est aux portes du Liban »
« Je suis très préoccupé par la situation libanaise. La guerre est aux portes du Liban. Il n'y a pas de président de la République, il n'y a pas de Premier ministre, puisqu'il ne fait que gérer les affaires courantes. Le gouvernement ne se réunit pas et l'Assemblée ne se réunit pas. Qui commande le Liban ? Personne », s'est inquiété M. Le Drian lors d'un entretien accordé à France Info.
« Il faut que les responsables libanais dépassent leurs rivalités et se mettent d'accord pour faire en sorte qu'il y ait un système constitutionnel qui fonctionne », a-t-il plaidé, estimant que « le sens des responsabilités doit revenir auprès des principaux responsables du Liban ». « J'irai très prochainement au Liban à la demande du président de la République pour faire passer ce message », a affirmé l'émissaire français.
?"La guerre est aux portes du Liban. Il n’y a pas de président, pas de Premier ministre. Il faut que les responsables libanais dépassent leurs rivalités. Qui commande le Liban ? Personne", s’inquiète Jean-Yves Le Drian, représentant officiel du président au Liban #8h30franceinfo pic.twitter.com/TlG2TF8RBT
— franceinfo (@franceinfo) November 22, 2023
Tensions au Liban-Sud
Jean-Yves Le Drian a dans ce cadre fait part de son inquiétude quant aux tensions à la frontière libano-israélienne. « On voit les tensions s'accroître au Liban-Sud avec des échanges de tirs, avec des dizaines de morts dont on parle peu, y compris deux de vos collègues qui ont été tués hier (mardi) au Liban-Sud », a souligné M. Le Drian auprès de la journaliste de France Info, dans une référence aux deux journalistes de la chaîne al-Mayadeen tués mardi dans une frappe israélienne.
L'envoyé français a par ailleurs estimé que les déclarations du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, « montrent qu'il n'a sans doute pas envie d'aller trop loin ». « Mais il faudrait que personne n'aille trop loin et les risques, si la tension se poursuit, c'est qu'il y ait des incidents qui ne puissent plus être maîtrisés, et à ce moment-là, une déflagration qui toucherait le Liban lui-même. Je pense qu'il peut y avoir des étincelles qui provoquent des embrasements plus grands », a-t-il estimé.
Dans son dernier discours, Hassan Nasrallah a affirmé que le parti chiite allait « continuer dans (sa) performance » contre Israël, semblant vouloir éviter une escalade à la frontière.
Iran, « grand vainqueur »
Commentant enfin le conflit entre Israël et le Hamas, M. Le Drian a estimé que « le grand vainqueur pour l'instant, pour moi, c'est l'Iran. Parce que l'opération, le massacre initié par le Hamas, a d'abord permis d'éviter la normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël. C'était sans doute le premier but recherché. »
Jean-Yves Le Drian avait été nommé en juin envoyé spécial pour le Liban, qui est sans président depuis fin octobre 2022 au terme du mandat de Michel Aoun. Il a déjà effectué trois visites à Beyrouth pour mener des concertations avec les protagonistes des deux camps rivaux (le camp du Hezbollah et celui de l'opposition). Lors de sa dernière visite, en septembre, l'émissaire français avait appelé les responsables libanais à « trouver une troisième voie » pour dépasser le duel opposant le leader des Marada Sleiman Frangié (soutenu par le 8 Mars) au haut responsable du Front monétaire international Jihad Azour, candidat de l'opposition. L’ancien ministre avait également menacé à demi-mot certains d'entre eux de sanctions s’ils ne trouvent pas au plus vite une solution permettant de sortir de la crise.
commentaires (5)
Qui gouverne le Liban ? Devinez
Eleni Caridopoulou
20 h 09, le 23 novembre 2023