Entrée en vigueur de l'accord pas avant vendredi : L'accord de trêve entre Israël et le Hamas prévoyant la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens n'entrera pas en vigueur avant vendredi, ont annoncé jeudi des responsables israéliens sur fond de poursuite des combats dans la bande de Gaza. Des médias et des responsables avaient affirmé que la trêve entrerait en vigueur jeudi, un responsable du Hamas disant s'attendre ce jour-là à « un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers. Mais le chef du Conseil national de la sécurité israélien, Tzachi Hanegbi, a déclaré dans la nuit que la libération des otages n'interviendra « pas avant vendredi » et que les négociations « se poursuivent sans cesse », sans épiloguer sur les dernières tractations en cours.
Après le feu vert du gouvernement israélien et l'accord du Hamas, le Qatar avait annoncé mercredi le « succès » de sa médiation pour une trêve renouvelable de quatre jours dans les combats, doublée d'un échange d'otages et de prisonniers. Le président américain Joe Biden a discuté séparément avec l'émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Washington était impliqué dans la médiation avec Doha et Le Caire. Selon la Maison Blanche, MM. Biden et al-Thani se sont engagés « à rester en contact étroit jusqu'à ce que l'accord soit pleinement mis en oeuvre ».
Les modalités de l'accord : Détaillant les modalités de l'accord, le porte-parole des Affaires étrangères du Qatar, Majed Al-Ansari, a indiqué que « chaque jour, un certain nombre d'otages seront libérés, et ce nombre devrait atteindre 50 au 4e jour » de trêve. L'accord ne prévoit pas la libération de militaires enlevés.
Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers palestiniens susceptibles d'être relâchés (33 femmes, 123 adolescents de moins de 18 ans, et 144 jeunes d'environ 18 ans). Parmi eux figurent 49 membres du Hamas. Selon les autorités israéliennes, d'autres échanges pourraient intervenir dans le cadre d'une extension de la trêve, avec un total de 100 otages pour 300 prisonniers palestiniens.
La pause humanitaire permettra en outre l'entrée d'un « plus grand nombre de convois humanitaires et d'aide, y compris du carburant », a indiqué le Qatar. Quelque 200 à 300 camions d'aide entreront dans Gaza, dont huit avec du carburant et du gaz, a précisé un cadre du Hamas, Taher al-Nounou.
« Pas de pause » dans les combats jeudi : Par conséquent, il n'y aura « pas de pause » dans les combats jeudi, a indiqué dans la foulée à l'AFP un responsable israélien. Dans la nuit, l'agence de presse palestinienne Wafa a fait état de frappes israéliennes ayant fait des « dizaines » de morts dans différents secteurs de la bande de Gaza.
Dans la nuit de mardi et mercredi, après l'annonce de l'accord, Israël avait déjà affirmé que la guerre se poursuivrait pour « éliminer le Hamas et garantir qu'il n'y ait plus aucune menace (...) depuis Gaza ». « Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette », avait averti de son côté le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Réactions en Israël : Le gouvernement israélien a approuvé cet accord, malgré des dissensions internes, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) évoquant une « erreur historique » car la pause permettra selon lui au Hamas de se renforcer. « Citoyens d'Israël, je dois souvent trancher entre un choix difficile et un choix encore plus difficile et c'est particulièrement le cas avec les otages », avait déclaré tard mercredi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahu
La principale association de familles d'otages s'est déclarée « heureuse » de l'annonce d'un accord pour une « libération partielle » de 50 otages, des enfants et des femmes, mais a dit ne pas savoir pour l'instant « qui sera libéré et quand ». « Cela me donne l'espoir de voir mes filles revenir », a déclaré Maayan Zin, mère de deux enfants retenues à Gaza. Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l'attaque du Hamas.
Cinq personnes, dont le fils de Mohammad Raad, tués dans une frappe israélienne au Liban-Sud: Au moins cinq personnes, dont le fils du chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad, ont été tuées dans une frappe israélienne au Liban-Sud mercredi soir, a confirmé à L’Orient-Le Jour, peu avant minuit, une porte-parole du Hezbollah. La frappe a eu lieu à Beit Yahoun (caza de Bint Jbeil). Le fils de M. Raad « a été tué, avec d'autres membres du Hezbollah » dans une frappe israélienne sur une maison du village de Beit Yahoun, a indiqué une source, qui a requis l'anonymat, à l’AFP. Plus de détails ici
Dans son entretien téléphonique avec Benjamin Netanyahu, Joe Biden a souligné l'importance de maintenir le « calme » à la frontière avec le Liban et en Cisjordanie occupée, théâtre au cours de la nuit de heurts entre des Palestiniens et des forces israéliennes.
A Beyrouth, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a mis en garde mercredi contre un débordement de la guerre entre Israël et le Hamas si la trêve n'était pas durable. Plus de détails ici
Par ailleurs, la chaîne de télévision pro-iranienne Al-Mayadeen a rendu un dernier hommage, mercredi matin, à ses deux journalistes tombés sous les bombardements israéliens, Farah Omar, 25 ans, et Rabih Maamari 39 ans, alors qu’ils couvraient les affrontements armés, mardi au Liban-Sud, dans le secteur frontalier de Tayr Harfa, caza de Tyr.
Gaza, « l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant » : Depuis le début de l'opération israélienne suite à l'offensive du Hamas, les bombardements ont dévasté le territoire et provoqué une grave crise humanitaire selon l'ONU, avec notamment le déplacement de plus de 1,7 million des 2,4 millions d'habitants de Gaza, où l'aide entre au compte-gouttes. Au Vatican, le pape François a reçu séparément des proches d'otages et des Palestiniens ayant de la famille à Gaza. Il a mis en garde contre « une montagne de morts » dans cette guerre.
Une trêve limitée est « insuffisante » pour faire entrer l'aide nécessaire à Gaza, ont souligné plusieurs ONG internationales, réclamant un cessez-le-feu. Le territoire est devenu « l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant », a également dénoncé la patronne de l'Unicef, Catherine Russell, s'alarmant des risques d'épidémie et d'augmentation massive des cas de malnutrition.
Escalade régionale : Un navire de guerre américain patrouillant en mer Rouge a intercepté jeudi des drones explosifs lancés depuis une région du Yémen contrôlée par les rebelles Houthis, a annoncé le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom). Mercredi, Israël a indiqué avoir intercepté un « missile de croisière » qui s'avançait vers le sud du pays, un tir revendiqué par les rebelles houthis au Yémen. Plus de détails ici