Dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu, le Liban a commémoré mercredi le 80e anniversaire de son indépendance acquise le 22 novembre 1943.
Le parti pro-iranien du Hezbollah et Israël continuaient, en effet, de s'affronter à la frontière sud du pays en marge du conflit sanglant entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et l'État hébreu à Gaza, ce qui a poussé des dizaines de milliers de Libanais habitant près de la frontière à quitter temporairement leurs domiciles.
Plusieurs dizaines de personnes ont également été tuées par des bombardements israéliens, dont nombre de combattants du Hezbollah mais aussi des civils, et trois journalistes libanais.
La situation n'est pas plus rassurante sur le plan institutionnel ou économique, le poste de président de la République est vacant depuis plus d'un an et le gouvernement est démissionnaire depuis mai 2022, tandis que le pays patauge depuis 4 ans dans une des pires crises économiques et financières depuis le XIXe siècle, selon la Banque mondiale.
Cette situation a convaincu les autorités de ne pas organiser le traditionnel défilé militaire, comme l'a confirmé à L'Orient-Le Jour un porte-parole de l'armée libanaise, sans faire d'autres commentaires. En 2022, le défilé avait également été annulé en raison de la vacance présidentielle.
Mais l'absence de défilé et les circonstances de cette année n'ont cependant pas empêché une partie de la classe dirigeante et les responsables libanais de profiter de ce jour de commémoration pour faire passer leurs messages, dans le sillage des événements programmés la veille. Le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, a notamment prononcé un discours devant la troupe tandis que le ministre de la Justice, Henri Khoury, a déposé une gerbe de fleurs sur le monument dédié à la mémoire de l’ancien président Béchara el-Khoury, à Beyrouth.
La classe politique célèbre l’Indépendance
Mercredi, ce fut au tour du Premier ministre sortant, Nagib Mikati, de s'illustrer à l'occasion d'un déplacement à la Citadelle de Rachaya, berceau de l'indépendance libanaise, où il a prononcé un discours.
« L'indépendance est véritablement atteinte lorsque le peuple libanais triomphe de sa constitution et de son pacte national. Ainsi, après quatre-vingts ans de dures épreuves, l'adhésion à la constitution qui régit notre vie politique et l'attachement au pacte de coexistence qui favorise notre existence nationale restent la seule voie pour renouveler l'indépendance », a ainsi déclaré M. Mikati lors de la cérémonie à Rachaya, au sud de la plaine de la Békaa.
Le chef du gouvernement sortant a aussi réitéré « la nécessité d'accélérer l'élection d'un nouveau président de la République pour rétablir la régularité des fonctions de l'État, qui sont usées ». Il a renouvelé, en outre, l'appel à « se rassembler autour de l'armée, en sauvegardant sa présence et son institution, aux côtés de toutes les forces de sécurité, et en saluant leur rôle dans la préservation de la sécurité de la nation et de ses citoyens » .
Pour sa part, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a écrit sur son compte X (ex-Twitter) que « la construction de l'État est le fondement de toute indépendance ».
Dans une déclaration publiée également sur X, le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a estimé que « dans un pays dont les décisions sont retenues captives et la souveraineté violée de l'intérieur comme de l'extérieur, il n'y a pas de véritable indépendance ». Le député du Metn a également dit se souvenir « aujourd'hui du martyr, le président René Moawad, qui est tombé au nom de l'indépendance (...). Nous nous engageons à rester unis derrière les sacrifices de nos martyrs, à ne pas reculer, à ne pas nous rendre, afin que le visage historique et culturel du Liban demeure ». René Moawad, assassiné le 22 novembre 1989, avait été élu président après la conclusion de l'accord de Taëf sous l'égide de l'Arabie saoudite et avec le soutien de la Ligue arabe. L'accord de Taëf visait à établir un nouveau gouvernement remplaçant les administrations autoproclamées des factions rivales du pays.
Le député Simon Abi Ramia, du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), a, lui, indiqué sur X que « le drapeau libanais devrait s'élever au-dessus de tous les drapeaux des partis [dans le pays]. C'est cela l'indépendance : quand nous sommes Libanais en premier et en dernier, et quand nous ne jouons pas le rôle de représentants des intérêts des États au détriment de l'intérêt national ». « Malheureusement, il y a encore des partis qui se considèrent plus importants et plus grands que la nation, et il y a encore des forces qui se contentent de mettre en œuvre des agendas étrangers. L'indépendance reste un long chemin, même si 80 ans se sont écoulés depuis sa célébration », a-t-il ajouté.
« Tôt ou tard », selon le chef des Forces libanaises
Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a, de son côté, posté une photo de troupes de l'armée libanaise, accompagnée des mots « Tôt ou tard », laissant ainsi entendre que, tôt ou tard, l'armée prendra en charge la sécurité du pays. En août dernier, M. Geagea avait déclaré qu’« il existe une force militaire légitime qui gère les affaires de sécurité. Par conséquent, il n'est pas permis de penser dans une autre direction », après avoir noté que « l'écrasante majorité du peuple libanais est maintenant contre le comportement du Hezbollah ».
Il y en a qui n’ont pas froid aux yeux en évoquant les partis qui, d’après eux se croient plus importants et exécutent l’agenda d’un pays étranger lorsqu’ils sont les seuls à le faire en cédant toutes nos institutions aux usurpateurs contre un fauteuil ou même un poste virtuel de ministre pour se remplir les fouilles. Ils renouvellent tous les jours leurs vœux de soumission et de trahison fiers de leur bilan désastreux qui nous a mené dans l’enfer tant promis. Ils iront jusqu’au bout du plan tracé par nos fossoyeurs tout en se faisant passés pour des patriotes soucieux du bien être de notre
13 h 49, le 23 novembre 2023