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Société - Justice

Féminicide d’Ansar : les deux accusés condamnés à mort

Hussein Fayad et Hassan Ghannache ont été reconnus coupables du quadruple homicide de Bassima Abbas et de ses trois filles, assassinées en mars 2022.

Féminicide d’Ansar : les deux accusés condamnés à mort

La famille et soutiens de feus Bassima Abbas et ses trois filles, Rima (22 ans), Tala (20 ans) et Manal (15 ans) Safawi, devant le Palais de Justice de Beyrouth, le 16 novembre 2023. Photo C. H.

Soulagement et joie devant le Palais de justice de Beyrouth à l’annonce du verdict qui clot le douloureux chapitre du procès d’Ansar. Hussein Fayad et Hassan Ghannache ont été reconnus coupables du quadruple homicide de Bassima Abbas et de ses trois filles Rima (22 ans), Tala (20 ans) et Manal (15 ans), assassinées en mars 2022, et condamnés à la peine capitale. Ils ont en outre été condamnés à verser aux familles Safawi et Abbas 2 millions de dollars ( au taux de change du jour) de dommages et intérêts. Les accusés ont 15 jours pour demander un renvoi en cassation.

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« C’est avec une grande joie que nous accueillons cette nouvelle. Je n’attendais pas moins que la peine de mort. Après plus d’un an et demi très difficile où nous avions perdu confiance en la justice, nous remercions la juge Zalfa el-Hassan pour cette décision juste », déclare le père, Zakaria Safawi, à la sortie du tribunal. Bien que divorcé de Bassima Abbas, il était resté très proche de cette dernière, mais surtout de leurs trois filles. Il s’est remarié l’été dernier et sa nouvelle épouse a donné naissance  il y a trois jours à une petite fille, prénommée Rima, comme sa demi-soeur aînée.

« Ça fait un an et sept mois que nous espérons ce moment. C’est la fin de notre calvaire. Mais rien ne pourra nous rendre nos êtres aimés », confie leur tante paternelle, Hoda Safawi, qui attendait depuis 9h devant les grilles avec un poster représentant les quatre femmes. Plus tôt dans la journée, elle racontait avoir hésité à apporter des pâtisseries avec elle « par crainte que le verdict ne soit pas celui attendu », soulignant le « peu de confiance » qu’elle accorde à la justice libanaise. « Nous sommes satisfaits de ce verdict et nous allons tout faire pour faire appliquer cette décision », appuie quant à lui Me Maher Jaber, avocat de Zakaria Safawi. 

Moratoire
Le 23 octobre dernier, la cour criminelle de Beyrouth a clôturé les audiences des prévenus, des proches des victimes et des témoins dans l’affaire du féminicide d’Ansar (Liban-Sud). Après la découverte, le 25 mars 2022, des corps des quatre femmes dans une grotte située dans un verger près d’Ansar, deux habitants du village, le libanais Hussein Fayad et le syrien Hassan Ghannache, avaient été arrêtés par les Forces de Sécurité Intérieure (FSI). Suite à leurs aveux lors des interrogatoires devant le service des renseignements des FSI et le premier juge d’instruction de Beyrouth par intérim Charbel Abou Samra, ce dernier avait émis en juillet 2022 un acte d’accusation pour homicide volontaire commis avec préméditation.

Si la justice continue à prononcer des peines de mort, un moratoire sur les exécutions est observé depuis 2004. « On sait que ça ne sera pas appliqué, mais peu importe. C’est la symbolique. Qu’il pourrisse en prison ! », lance Mona Safawi, une autre tante paternelle.


Le verdict de la de la cour criminelle de Beyrouth.

Selon une source judiciaire informée, Hussein Fayad avait réfuté ses aveux au cours de son dernier interrogatoire devant la cour criminelle, affirmant qu’il ne se trouvait pas sur le lieu du crime au moment où le quadruple féminicide a été perpétré. La même source rapporte des propos de Fayad dans lesquels il affirme qu’à ce moment-là, il était allé chercher son téléphone portable oublié dans un endroit éloigné du lieu du crime. Pour rappel, les corps des victimes, criblés de balles, avaient été retrouvés par les forces de l’ordre dans une grotte aux abords du village, enfouis sous des blocs de béton coulés par les assassins.

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Le second condamné, Hassan Ghannache, ne s'était pas rétracté lors de la dernière séance mais avait toutefois modifié sa version des faits. Il avait ainsi affirmé à la cour qu’il avait tué « par erreur » la mère des trois filles. Selon son récit, il s’était fait accompagner des quatre femmes jusqu’à la grotte en question pour leur montrer qu’elle contenait probablement de l’or. Une fois sur place, un tir malencontreux est parti de l’arme qu’il portait, atteignant Bassima Abbas. Il a ajouté que les trois jeunes filles se sont alors mises à crier, ce qui l’a fait « paniquer » et l’a poussé à les tuer pour éviter d’être dénoncé.

« On ne connaît toujours pas le mobile du crime. Aucun indication n'est apparue sur ce plan là étant donné que les condamnés n'ont fait que changer leur versions et mentir. Le plus important pour nous est le résultat », affirme Me. Jaber.

Mona (à g) et Hoda Safawi au moment de l'annonce du verdict de la Cour. Photo C.H.

Devant le palais de justice, seule une poignée de membres de la famille Safawi était réunie, tranchant avec la mobilisation populaire et médiatique lors des précédentes séances judiciaires l’an dernier. Aucun membre de la famille de la mère, les Abbas, n’était présent. L’actualité à la frontière sud a inexorablement éclipsé ce qui a un temps fait la une des médias. Un défilé de voitures de luxe croisent des jeunes hommes menottés qu’on engouffre dans des vans de la police. Quelques heures avant le rendu du verdict, deux photographes décident finalement de quitter les lieux : un braquage de banque est en cours dans le quartier de Verdun…

Soulagement et joie devant le Palais de justice de Beyrouth à l’annonce du verdict qui clot le douloureux chapitre du procès d’Ansar. Hussein Fayad et Hassan Ghannache ont été reconnus coupables du quadruple homicide de Bassima Abbas et de ses trois filles Rima (22 ans), Tala (20 ans) et Manal (15 ans), assassinées en mars 2022, et condamnés à la peine capitale. Ils ont en outre été...

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