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Quand une nouvelle génération d’artistes prend la relève dans la cause palestinienne

Avec l’hymne « Rajieen », dont la vidéo a créé le buzz à sa sortie il y a quelques jours, 25 artistes ont choisi d’incarner la résistance contre l’oppression et d’assurer que la cause palestinienne est loin d’être oubliée.

Quand une nouvelle génération d’artistes prend la relève dans la cause palestinienne

Des jeunes artistes réunis autour d’un même hymne, « Rajieen », et d’une même cause. Photo DR

C’est en 1998, il y a exactement 25 ans, que l’opérette Al-Helm el-Arabi (« Le rêve arabe ») a retenti dans l’ensemble du monde arabe, prenant d’assaut toutes les antennes radio et stations de télévision. La chanson, un vrai tube, réunissait alors une vingtaine d’artistes désireux de faire passer un seul et unique message, celui de l’unité dans le monde arabe.

Pour célébrer cet anniversaire et vu les circonstances actuelles, le producteur original de la chanson, l’Égyptien Medhat Adel, s’attelle à produire une reprise de ce titre emblématique au Caire, à Dar al-Opéra, en soutien à Gaza. Mais s’il semble que le projet n’est pas près d’aboutir vu la difficulté de réunir de grandes stars de la chanson arabe, de jeunes artistes émergents n’ont pas perdu leur temps et viennent de sortir un titre intitulé Rajieen (« On revient »).

Cet hymne, qui transcende les frontières, veut incarner la résilience et la résistance face à l’oppression, et est porté par les voix de 25 jeunes artistes, palestiniens pour la plupart, dont Sayf Safadi, Issam el-Najjar, Zeyne et Dana Salah. Pendant plus de 8 minutes, leurs paroles véhiculent la douleur, l’impuissance, le courage, mais expriment aussi des vérités dures : « Nous souffrons, mais ceux qui nous consolaient autrefois ne sont plus là », « Je suis désolé de ne pas être ukrainien ni d’avoir la peau blanche », « Le monde est contre moi, mais je n’ai pas peur, je reviendrai en Palestine ».

Réunis par le producteur musical jordanien Nasir AlBachir, qui collabore avec nombre de ces artistes depuis déjà quelques années, et qui a pour vocation d’« aider des artistes émergents à trouver leur voie dans l’industrie musicale du monde arabe », tous les participants n’ont pas hésité à se joindre au projet. « Quand nous avons vu l’ampleur de ce qui se passait à Gaza, mes collègues et moi avons senti que nous devions faire quelque chose, explique Nasir AlBachir à L’Orient-Le Jour. Forts de nos connexions dans le milieu, nous y avons vu l’opportunité de nous réunir tous autour d’un même message pour faire une différence. » « Nous n’avons pas vraiment choisi les chanteurs, ajoute-t-il. C’est eux qui ont dit oui et qui nous ont rejoints à Amman pour participer à la chanson que j’avais écrite avec Saif Shroof et Saif Batayneh. Les rappeurs y ont ajouté leurs propres parties. Quant au Liban, il était présent en quelque sorte, puisque des entreprises libanaises nous ont aidés à concrétiser ce projet. »

Un art engagé

Face aux atrocités commises par Israël, Nasir AlBachir fait part d’un mélange de sentiments confus que la chanson a tenté de véhiculer. « C’est un désarroi, certes, dit-il, mais surtout de la colère. C’est aussi dire qu’il ne faut pas oublier que la cause palestinienne a 75 ans, qu’elle n’est pas née d’hier et que la nouvelle génération n’est pas d’accord sur la manière dont les choses se sont passées au fil des ans. La plus grande peur chez les plus âgés, notamment les parents qui ont quitté la Palestine, c’est que leurs enfants oublient leur histoire. Mais il est clair à présent que cette cause se transmet de père en fils. Nous connaissons tous quelqu’un qui a été contraint de quitter la Palestine, comme mes deux grands-mères par exemple. À l’ère des réseaux sociaux, les crimes des Israéliens sont aujourd’hui davantage visibles, et nous avons nos plateformes pour élever la voix. » Et d’ajouter : « Notre génération est courageuse et ne veut pas rester silencieuse ou avoir peur, même si la censure est bien présente. Notre vidéo n’apparaissait par exemple que sur une page recalée des moteurs de recherche, avec des restrictions sur l’âge. Mais nous avons quand même réussi à collecter 10 millions de streams en cinq jours. »

25 jeunes artistes, palestiniens pour la plupart, dont Sayf Safadi, Issam El-Najjar, Zeyne et Dana Salah. Photo DR

Malgré les bonnes intentions des artistes participants, la chanson a quand même reçu quelques critiques, certains internautes estimant que le moment n’était pas propice aux chansons ni à l’art. À cela, Nasir AlBachir souligne l’importance du message derrière le clip mais aussi le but ultime de soutenir le Fonds de secours aux enfants palestiniens. « Nous avons fait en sorte que toutes les recettes aillent aux enfants, explique-t-il. Tous les artistes se sont désistés de leurs droits afin d’assurer que chaque écoute et chaque visionnage profite à notre cause. Les interrogations sont nombreuses aujourd’hui autour du rôle engagé des artistes et s’ils doivent utiliser leurs plateformes pour des causes politiques. Il est difficile d’émettre des jugements, mais je crois qu’un artiste a une responsabilité. De par son influence d’abord sur l’opinion publique et sa capacité à convaincre par les émotions soft power (manière douce), mais également pour aider les gens à exprimer ce qu’ils ressentent quand ils ne savent pas comment le faire. En chantant pour Al-Qods, Feyrouz et Oum Kalthoum ont été les voix d’une génération entière. Vingt-cinq ans plus tard, l’opérette Al-Helm el-Arabi porte encore tout ce sens et nous a inspirés pour produire Rajieen. Ces chansons, c’est une manière d’écrire l’histoire. »

Que penser alors des artistes qui ont choisi de continuer à se produire en concert malgré les événements de Gaza, et qui s’attirent les foudres de la Toile depuis le 7 octobre. Le « business as usual » (comme d’habitude) serait-il possible ? Nasir AlBachir « ne juge pas » : « Être artiste, c’est un métier comme tout autre et je comprends que les chanteurs, surtout les jeunes, doivent travailler pour survivre et font partie d’un écosystème qui profite à de nombreuses tranches de la société. »

C’est en 1998, il y a exactement 25 ans, que l’opérette Al-Helm el-Arabi (« Le rêve arabe ») a retenti dans l’ensemble du monde arabe, prenant d’assaut toutes les antennes radio et stations de télévision. La chanson, un vrai tube, réunissait alors une vingtaine d’artistes désireux de faire passer un seul et unique message, celui de l’unité dans le monde arabe. Pour célébrer...

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