Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Une guerre pas comme les autres...

Au moins, on vit des décennies de guerres... Notre patience se dissipe dans les plis de la violence... Bâtisseurs de projets et d’avenir, de songes et de réalités, habitués à taquiner ou à défier la chance, nous voilà qu’on apprend à s’accommoder de l’incertitude, devenue notre toile de fond et notre horizon. Nous faisons l’apprentissage de la solitude, non pas la solitude de ceux qui vivent dans une grande métropole où chacun est livré à lui-même, mais l’affreuse solitude de ceux que les autres nations ont abandonnés, l’horrible isolement des hommes livrés à un déchaînement de la fatalité sans que se tendent des mains secouristes...

À quand la fin du cauchemar ?

Cette question-obsession, chacun d’entre nous se la pose depuis des années sans obtenir une quelconque réponse. Condamnés à vivre avec notre angoisse, nous sommes des vivants en sursis, espérant sans trop y croire que la nuit prendra fin et, avec elle, ce drame qui mutile notre existence et nous poursuit comme notre ombre...

Tout le monde fait la guerre... Tout le monde veut la guerre : les superpuissances, l’Occident, l’Orient, les riches et les moins riches, ceux qui possèdent le pouvoir, qui chantent la démocratie, la justice, la liberté, et ceux qui haïssent les doctrines, les idéologies, et la liste est tellement longue...

Que de guerres qui jalonnent notre existence... Que de violences... Que de tortures... Mais n’y aurait-il pas une guerre, aussi affreuse soit-elle, qu’on cache inlassablement en fuite et ignorance, et qui est celle de notre guerre face à nous-mêmes, en tant qu’êtres humains, gisant sur une planète Terre, rongée par nos attentes inconcevables ?

C’est vrai, même c’est évident, qu’on est contre toutes les guerres à caractère militaire, économique, religieux, politique, etc., mais la guerre de chacun de nous en tant que citoyens d’une dimension universelle, cosmique, est-ce que vraiment lui prête-t-on attention, et cherchons-nous sérieusement à la découvrir ? Elle qui, effectivement, réside en notre for intérieur, qu’on est censé protéger, pour éviter les macabres influences des autres guerres extérieures qui nous sévissent et nous emprisonnent dans la perdition totale de la valeur maximale de notre bien-être. Notre rôle principal serait de bien sculpter, de bien architecturer un être conscient, responsable et authentiquement humain.

Ne faudrait-il pas se demander, face à ce grand déficit humain, quelles sont les vraies inquiétudes qui nous hantent ?

Est-ce le temps, dans son espace potentiel, qui dictera ce qui nous adviendra ?

Est-ce l’ici et le maintenant, dans leur dynamique confusionnelle, qui traceront l’imprévisible de nos guerres incontrôlables sur les vagues du questionnement et des interrogations indéfinissables ?

Est-ce nos mots, enfantés par nos maux, qui écriront nos histoires parsemées par le sang du doute, ou les cendres de la peur ?

Est-ce cette incroyable métamorphose neuronale, qui nous échappe parfois, qui dessinera nos démences multiples, mendiant un « pourquoi » pour des « comment » introuvables ?

Est-ce notre morphologie corporelle, douée de mystères et de handicaps, qui sera notre cheval de bataille face à l’obscurantisme, les turpitudes, les vicissitudes, les atrocités de nos âmes mouillées par le « on ne se connaît pas » ?

Est-ce nos émotions, ennemies du contrôle de la rigueur réflexive, qui nous pousseront à des génocides psychiques inexplicables, que même la science serait incapable de les valider, de les qualifier, et aussi même d’y croire ?

Nous vivons nos guerres personnelles, tachetées par la force de la multiplicité de nos points de suspension....

Il est temps que chacun de nous puisse faire sa guerre face à lui-même avant de la propager aux autres, aux nations, aux peuples, à tout ce cosmos qui nous habite.

Révolution exige... Revisiter notre « Je », le redéfinir, le restituer... Où sommes-nous de nos guerres personnelles, de nos égoïsmes, de nos complexes et refoulements, de nos besoins, intérêts et profits, de nos violences, de nos agressivités et manipulations, de nos abus et harcèlements, de nos barbaries comportementales... Où en sommes-nous ? Où sommes-nous d’un travail personnel qui pourrait nous rendre libres, respectueux, confiants, sincères, compréhensifs, objectifs, sillonnant un passage vers plus de maturité, vers plus d’élégance humaine, pour mettre en commun des valeurs, des principes, des normes, des droits, qui fortifieront notre construction existentielle, tant attendue en vue de célébrer ensemble l’hymne de la vie.

Quelle honte inconditionnelle de mener toutes les guerres possibles, sauf notre guerre, celle attachée profondément à nous-mêmes.

Loin des guerres des autres, ayons le courage d’exercer la confrontation avec soi... Bâtissons notre demeure loin de tous les fantômes explosifs qui nous entourent... Évitons et travaillons pour faire taire toute angoisse présente, assourdissante, tenace, obsédante... La haine prolifère nos esprits remplis de bruit et de fureur... Que d’animosité... Que de ressentiment...

Quand l’absurdité de notre moi deviendra une boîte de Pandore, tout se relativise... et le flou, le dérisoire, surgiront dans leur splendide magnificence.

Libérons-nous de nos « otages » conscients ou inconscients, pour cerner l’alpha et l’oméga de notre existence personnelle, et que la meilleure guerre que nous puissions mener soit celle où en un point de l’espace, telles deux mains qui se joignent, l’homme et son bonheur se retrouvent, se ressemblent, se rassemblent, pour dessiner un nouvel horizon de certitudes.

Entre rêves et matins, voyageons....


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Au moins, on vit des décennies de guerres... Notre patience se dissipe dans les plis de la violence... Bâtisseurs de projets et d’avenir, de songes et de réalités, habitués à taquiner ou à défier la chance, nous voilà qu’on apprend à s’accommoder de l’incertitude, devenue notre toile de fond et notre horizon. Nous faisons l’apprentissage de la solitude, non pas la solitude de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut