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Nos Lecteurs ont la Parole

La paix n’est pas un choix


Les récents développements en Israël et à Gaza nous laissent dubitatifs.

Le degré de violence atteint est inouï et la situation est dramatique. Le capital de violence et de drame semble atteindre un point de non-retour. Et c’est carrément insoutenable. Comme pour la guerre en Ukraine, on assiste, impuissants, à la montée de l’intolérance et de la sauvagerie. Et ce titre éloquent qui sort de L’Orient-Le Jour : « Silence, on tue ».

Ce sont des pans de générations entières qui vont garder dans leur tête et leur corps des traumatismes indélébiles. Indépendamment de la cause, si juste soit-elle, les populations et les armées qui subissent – et participent – à ce déluge de larmes et de sang vont traîner toute leur vie des marques de douleur et de souffrance. Les mots et proverbes comme « La guerre juste », « Nulle terre sans guerre », « À la guerre comme à la guerre » appartiennent à un vocabulaire macabre, profondément dépassé et qui rend l’espèce humaine moyenâgeuse.

Et l’on peut se demander, même avec un degré de naïveté, où sont passées les grandes voix de paix dans notre monde ?

Dans cet océan de brutalité, on ne voit émerger aucun cri sur la planète Terre pour calmer les esprits échaudés. L’ONU est inexistante, le Vatican impassible, les grandes puissances de l’Occident « dans une dérive presque illibérale », comme le disait récemment, à juste titre, l’historien et penseur américain Timothy Snyder, les puissances émergentes dont aucune voix n’arrive à émerger, les géants de l’humanité, l’Inde et la Chine, pourtant sources de spiritualités apaisantes, s’abstenant de toute action…

On est outré de voir à quel point l’humanité entière, plus de huit milliards de personnes, peut regarder sans broncher des milliers de personnes tuer et détruire, se tuer et se détruire, sans lever l’ombre d’un pouce. Aucune résolution de cessez-le feu, aucune conférence de paix, aucun appel à enterrer la hache de guerre ne retentit de nulle part. On n’aura ni vu ni entendu les organisations non gouvernementales, les associations, les centres d’étude qui pullulent dans le monde avec souvent des budgets gigantesques, voire les vingt mille universités du monde et autres lieux de pensée. Tous sont complètement sourds, muets, amorphes et atones.

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots », répétait avec conviction Martin Luther King. En effet, comme des idiots, car deux menaces nous envahissent.

La première est l’inscription du trauma dans notre cerveau. Il est désespérant d’attendre que l’armée israélienne détruise le Hamas. Avec tous les dégâts collatéraux qui s’ensuivent. Car le lendemain même, d’autres Hamas naîtront. Et en contrepartie, d’autres mouvements violents surgiront et la boucle ne se refermera jamais. C’est l’épigénétique qui nous l’apprend. En effet, le cycle de la violence se perpétue de génération en génération. Les traumatismes psychiques, comme le stress de la guerre, laissent des marques sur le génome des cellules de notre cerveau qui influenceront leur fonctionnement, donc nos comportements futurs. La violence n’engendrera que de la violence. C’est presque automatique !

La seconde menace est le retour bancal à notre individualisme. La paix du monde est en danger, avec des scénarios du pire envisagés comme une troisième guerre mondiale, dus aux conflits russo-ukrainien et récemment israélo-palestinien, et parallèlement, on voit la recherche effrénée de la « paix intérieure », comme en témoigne aux États-Unis et en Europe le nombre croissant de manuels, livres, traités et autres cours qui, depuis quelques années, inondent le marché et dominent les réseaux sociaux. Alors que la guerre gronde encore dans certaines régions du monde, que des extrémismes se nourrissent dans beaucoup de pays, qu’un islamisme radical et une islamophobie grandissent, voire que des génocides se perpétuent encore (les yézidis, les Ouïghours), on se recroqueville sur l’individu, négligeant la vraie paix, celle entre les hommes.

Voilà pourquoi une « Société de nations » nouvelle devrait émerger. Pour l’alimenter, la paix n’est pas un choix. Elle est une obligation. En ce premier quart du XXIe siècle finissant, malgré les bruits des canons qui tonnent bruyamment de Kiev à Gaza-ville, il est temps de s’en rendre compte.

« Tout au long de ma vie, je n’ai jamais cessé de mesurer mieux, jour après jour, la valeur du compromis », disait inlassablement Ghandi. Au risque d’être né de la première pluie, n’a-t-on plus aucun Gandhi dans notre monde actuel pour arrêter cette folie meurtrière ?

Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine de France

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Les récents développements en Israël et à Gaza nous laissent dubitatifs.Le degré de violence atteint est inouï et la situation est dramatique. Le capital de violence et de drame semble atteindre un point de non-retour. Et c’est carrément insoutenable. Comme pour la guerre en Ukraine, on assiste, impuissants, à la montée de l’intolérance et de la sauvagerie. Et ce titre éloquent qui...
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