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Politique - Liban-Sud

Mort du journaliste Issam Abdallah : l'armée israélienne « soupçonnait des tirs du Hezbollah » au moment de l'incident

L'armée israélienne indique à l'agence Reuters, pour laquelle travaillait le vidéojournaliste tué, qu'elle enquête sur cet incident.

Mort du journaliste Issam Abdallah : l'armée israélienne « soupçonnait des tirs du Hezbollah » au moment de l'incident

Le journaliste de Reuters Issam Abdallah en reportage à Zaporijjia, en Ukraine, le 17 avril 2022. Photo d'archives Reuters/Ueslei Marcelino

L'armée israélienne a affirmé avoir utilisé des chars et des tirs d'artillerie pour empêcher une infiltration en provenance du Liban à peu près au même moment de la mort de Issam Abdallah, vidéojournaliste de l'agence Reuters tué vendredi soir à l'âge de 37 ans dans un bombardement qui a également fait six blessés parmi des journalistes de l'AFP, Reuters et d'al Jazeera.

Dans un article publié par Reuters dimanche, l'armée israélienne ajoute que ses « actions faisaient suite à des tirs du Hezbollah le long de la frontière israélo-libanaise » et que « l'incident était en cours d'examen ».

Les autorités libanaises ont accusé samedi Israël d'être responsable d'une frappe ayant tué ce journaliste et blessé six autres au Liban-Sud, ce à quoi l'armée israélienne avait d'abord répondu en se disant « très désolée » de cette mort. Elle avait également indiqué procéder à des « vérifications ».

Missile antichar
L'armée israélienne affirme à Reuters qu'elle « soupçonnait alors une infiltration en territoire israélien immédiatement après un tir de missile antichar », et que les troupes ont alors utilisé des chars et des tirs d'artillerie pour empêcher cette infiltration. « Quelques heures plus tard, il a été signalé que des journalistes avaient été blessés dans la zone au cours de l'incident », a ajouté l'armée.

Pour mémoire

À Khiam, l’hommage à Issam Abdallah, tué par des frappes israéliennes

Six journalistes ont été blessés dans ce bombardement, alors qu'ils couvraient le conflit depuis le village libanais frontalier de Alma al-Chaab : deux de l'AFP, Dylan Collins et Christina Assi, grièvement atteinte ; deux de Reuters Thaer Al-Sudani et Maher Nazeh, et deux de la chaîne qatarie al-Jazeera, Carmen Joukhadar et Elie Brakhya.

Depuis le début de la guerre entre Israël et Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas, le sud du Liban est le théâtre de tirs entre le Hezbollah et l'armée israélienne et de tentatives d'infiltration en Israël depuis le Liban.

Le ministère français des Affaires étrangères a adressé ses « condoléances et pensées aux proches, familles et collègues » d'Issam Abdallah, ajoutant souhaiter « un prompt rétablissement à ses confrères blessés ». Les funérailles de Issam Abdallah ont eu lieu samedi à Khiam, au Liban-Sud.

Deux frappes ?
Des images tournées par le vidéojournaliste américain de l'AFP Dylan Collins, blessé par des éclats d'obus, semblent montrer un éclair de lumière provenant de la position israélienne juste avant qu'il ne touche les journalistes. « Nous étions en train de filmer la fumée d'un tir d'artillerie israélienne visant une colline distante, en face de nous. Nous étions sur un terrain découvert, portant nos gilets presse et nos casques », a-t-il raconté à ses confrères. « Il n'y avait pas d'activité militaire ni de tirs d'artillerie à proximité immédiate » des journalistes, a-t-il précisé. « Tout à coup nous avons entendu des tirs d'armes légères venant d'une autre direction, près de la frontière. Quand nous avons tourné nos caméras vers cette direction, nous avons été frappés par ce qui semblait être un tir de roquette venant du côté israélien », a poursuivi le journaliste. « J'ai vu ma collègue Christina Assi au sol avec de graves blessures aux jambes. Alors que je tentais de lui poser un garrot, nous avons été frappés à nouveau, directement, depuis le même endroit », a-t-il dit.

L'AFP a demandé samedi à Israël et au Liban « une enquête approfondie » sur les raisons de l'attaque. « Il est crucial que tous les efforts soient menés pour déterminer comment un groupe de journalistes clairement identifiés comme tels et dûment accrédités a pu ainsi être pris pour cible », a déclaré le PDG de l'AFP, Fabrice Fries, cité dans un communiqué.

« Israël nous a pris directement pour cible », a accusé pour sa part Carmen Joukhadar, correspondante de la chaîne al-Jazeera, hospitalisée à Beyrouth. « A six heures, la première frappe a eu lieu, j'ai couru vers notre voiture, puis j'ai pensé que je ne devais pas rester près d'elle, alors j'ai couru pour m'en éloigner et la deuxième frappe s'est produite », a raconté la journaliste libanaise. Al-Jazeera a accusé Israël d'avoir tiré une roquette depuis un hélicoptère Apache.

La Force intermédiaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué samedi qu'Israël avait frappé une position située « à environ 2,5 km du village de Alma el-Chaab vers 17h20 vendredi, suivi par des échanges de tirs et des explosions ». « A ce stade nous ne pouvons pas dire avec certitude comment le groupe de journalistes a été frappé », selon un communiqué.

Sit-in pour réclamer justice
Sur le terrain, une centaine de personnes ont tenu un sit-in dimanche dans le centre-ville de Beyrouth pour protester contre la mort du vidéojournaliste libanais, rapporte notre journaliste sur place Olivia Le Poidevin.

Photo João Sousa

Cette mobilisation intervient à la suite d'un appel lancé par plusieurs syndicats de presse libanais pour exiger une enquête internationale sur son décès. « Le silence est une complicité », « viser des journalistes est un crime de guerre », « Israël a assassiné Issam Abdallah », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des journalistes devant le siège de l'ESCWA (Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie occidentale).

« Je crois vraiment que (les journalistes) ont été visés. Ce n'était pas un accident. C'est un crime. Ils ont littéralement tué Issam », a confié Florient Zwein, photographe indépendant et ami proche de la photojournaliste blessée de l'AFP, Christina Assi, à notre journaliste sur place. « Je ne crois pas qu'il y aura une quelconque justice. Regardez ce qui est arrivé à Shireen Abu Akleh », a-t-il poursuivi, en référence à la la journaliste américano-palestinienne, vedette de la chaîne al-Jazeera, tuée en mai 2022 lors d'un raid militaire israélien alors qu'elle couvrait des affrontements à Jénine.

Photo João Sousa

L'armée israélienne a affirmé avoir utilisé des chars et des tirs d'artillerie pour empêcher une infiltration en provenance du Liban à peu près au même moment de la mort de Issam Abdallah, vidéojournaliste de l'agence Reuters tué vendredi soir à l'âge de 37 ans dans un bombardement qui a également fait six blessés parmi des journalistes de l'AFP, Reuters et d'al Jazeera....

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