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Société - Tensions au Liban-Sud

À Khiam, l’hommage à Issam Abdallah, tué par des frappes israéliennes

Le cameraman de Reuters couvrait les bombardements au Liban-Sud. Six autres journalistes ont été blessés. 

À Khiam, l’hommage à Issam Abdallah, tué par des frappes israéliennes

Le cortège funèbre pendant les funérailles du journaliste de Reuters, Issam Abdallah, le 14 octobre, à Khiam. Photo Mohammad Yassine

A Khiam, samedi après-midi, l’émotion était palpable lors des funérailles de Issam Abdallah, photo-journaliste à l'agence Reuters, tué vendredi soir par des frappes israéliennes ciblant la région de Alma-el Chaab, au Liban-Sud. Plusieurs équipes média étaient déployées sur les lieux pour couvrir les événements à la frontière avec Israël. Six autres journalistes, également présents sur les lieux, ont été blessés.

Plus tôt dans la journée de vendredi, l’armée israélienne avait bombardé les abords de plusieurs localités frontalières dans le sud du Liban, après une explosion sur la barrière séparant les deux pays, selon des sources de sécurité et un correspondant de l’AFP. Une source sécuritaire libanaise avait fait état d’une « tentative d’infiltration » à partir du Liban. Des échanges de tirs ont eu lieu à la frontière après cette tentative, selon al-Manar, la chaîne du Hezbollah. L’armée israélienne a pour sa part annoncé avoir procédé à des tirs d’artillerie sur le territoire libanais après « une explosion sur la barrière frontalière ». L’armée libanaise a annoncé que le journaliste avait été tué par une frappe de missile Israélien.

La foule rassemblée autour du cercueil à Khiam, le 14 octobre. Photo Mohammad Yassine

Ce samedi après-midi, un cortège s'est ébranlé à Khiam pour rendre hommage au « martyr » Issam Abdallah. Son corps était enveloppé du drapeau libanais, sur lequel deux roses étaient posées. Selon notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, des centaines de personnes sont venues pour lui rendre hommage. Dans le cortège, la colère était aussi au rendez-vous. « Mort à Israël », scandait la foule.

Collègues et confrères sont venus présenter leurs condoléances. « Personne ne parvient à retenir ses larmes », rapporte notre journaliste. « Issam était quelqu’un qui aimait la vie. Lorsque nous étions en train de couvrir la guerre en Ukraine, il était le premier à prendre de nos nouvelles, à nous dire de faire attention… Issam transmettait la vérité. Nous allons continuer à faire de même », raconte un journaliste de SkyNews, Salman al-Andary, la voix enrouée.


« Martyr de la presse »

Sur place, beaucoup ont dénoncé le « ciblage » par l’armée israélienne du groupe de journalistes, qui couvraient pour l’AFP, Reuters, et la chaîne qatarie al-Jazeera. « C’est un crime israélien. Issam a été ciblé », poursuit Salman al-Andary. « Il n’est pas mort par erreur : il a été tué », avance pour sa part la journaliste Elissar Kobeïssi.

Le ministère des Affaires étrangères a annoncé samedi que le Liban déposera plainte au Conseil de sécurité de l'ONU pour « le meurtre israélien intentionnel du journaliste libanais martyr Issam Abdallah », ainsi que pour les autres journalistes blessés vendredi soir. De son côté, l'ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies avait annoncé que son pays allait enquêter sur ce qui s'était passé au Liban-Sud, tandis que l'armée israélienne s’est dit « très désolée » de la mort du photo-journaliste, vendredi soir.

La mort de Issam Abdallah a également suscité de nombreuses réactions du côté des responsables politiques. Le député du changement de Hasbaya Firas Hamdan, présent aux condoléances, a qualifié sa mort de « crime de guerre commis par l’ennemi ». « Nous avons perdu quelqu’un d’exceptionnel de par sa bonté, son courage et sa camaraderie. C’est une perte pour le pays », a-t-il déclaré. « C’était un de nos camarades lors du soulèvement du 17 Octobre. Il demandait un Etat des institutions, de la justice et des libertés ». Le député Ali Fayad a pour sa part dénoncé « la couverture internationale des événements par les États-Unis et une majorité de pays européens, dont bénéficie la politique Israélienne ». « Le ciblage direct des journalistes par l’ennemi israélien sur le territoire libanais est une honte supplémentaire à mettre à l’actif » d’Israël, a quant à lui affirmé vendredi soir le bureau de presse du Premier ministre sortant Nagib Mikati, qualifiant Issam Abdallah de « martyr de la presse ».

L'émotion était palpable durant les obsèques du journaliste, le 14 octobre à Khiam. Photo Mohammad Yassine

Le Hezbollah, qui a accusé samedi Israël d’être responsable de la mort du journaliste, a dénoncé la « partialité et l’aveuglement volontaires de l’ONU, de la Finul, du porte-parole de la Maison Blanche, de Reuters et de plusieurs autres médias qui se sont sciemment interdits de citer la partie responsable » de la mort de Issam Abdallah.


Le communiqué de Reuters

La Force intérimaire des Nations unies au Liban avait réagi vendredi soir en ces termes : « Nous sommes profondément attristés d'apprendre qu'au cours de cet échange de tirs, un vidéaste libanais a été tué et que d'autres journalistes ont été blessés ». La porte-parole de la Maison-Blanche, Olivia Dalton, avait quant à elle indiqué aux journalistes vendredi que les prières du président des États-Unis Joe Biden accompagnent la famille de Issam Abdallah. « Nous savons que le travail que vous accomplissez est incroyablement dangereux, et aujourd’hui s'en est un rappel », a-t-elle dit.

Par ailleurs, nombre d’internautes ont fustigé le communiqué de l’agence Reuters annonçant la mort de son journaliste, reprochant au texte de ne pas dévoiler la « vérité ». Plus tard, l’agence de presse a communiqué la version des faits de Maher Nazeh, l’un de ses journalistes blessés pendant les frappes. Celui-ci a rapporté que l’équipe déployée sur les lieux du drame filmait des tirs de missiles en provenance d'Israël lorsque l'un des projectiles a frappé Issam Abdallah de plein fouet. Il a ajouté que quelques secondes plus tard, un autre missile touchait la voiture utilisée par le groupe, qui a aussitôt brûlé.

La chaîne al-Jazeera a pour sa part directement pointé du doigt la responsabilité d’Israël après que deux de ses reporters, Carmen Joukhadar et Elie Brakha, ont été blessés. Leur journaliste, Ali Hachem, présent lors des frappes dans au Liban-Sud, a rapporté que le groupe touché par le bombardement israélien a été visé directement par un obus tiré par un char. Il a ajouté que tous les journalistes portaient un casque et des gilets de protection portant la mention « Presse ».

Au cours des funérailles de Issam Abdallah, le leitmotiv « que justice soit rendue » était sur toutes les lèvres. « Il faut demander une enquête internationale. Nous promettons que nous allons faire entendre la voix de Issam Abdallah », a affirmé Elissar Kobeissi. 

A Khiam, samedi après-midi, l’émotion était palpable lors des funérailles de Issam Abdallah, photo-journaliste à l'agence Reuters, tué vendredi soir par des frappes israéliennes ciblant la région de Alma-el Chaab, au Liban-Sud. Plusieurs équipes média étaient déployées sur les lieux pour couvrir les événements à la frontière avec Israël. Six autres journalistes,...

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