La magie du Liban...

Non, ne pensez pas tout de suite que je vais parler de ski à 30 minutes de la mer, de mezzés, de vie nocturne, de jet-set en montagne, de trilinguisme, de connaissance de Paris (souvent en limitant Paris aux bons restos et aux Champs-Élysées que les Parisiens ne reconnaissent d’ailleurs pas comme faisant partie de Paris).

Ne pensez-pas non plus aux sublimes paysages, même s’ils sont défigurés par un urbanisme anarchique et un traitement pire qu’animalier des eaux usées.

Ni à la débrouillardise génétique générée par les invasions de toutes les civilisations presque sur notre sol depuis des millénaires.

Je veux juste évoquer les strates de paradoxes lesquelles, amoncelées, font un pays dans le pays. Profilant ainsi des négations !

Nous clamons une convivialité mais en fait nous ne réfléchissons pas ensemble et nous ne nous reconnaissons pas d’un même pays.

Quand il s’agit de communautarisme, nous clamons être chrétiens par exemple, mais on ne met jamais de côté nos ambitions personnelles ni nos ego au profit du bien-être de l’autre.

Nous sommes éduqués, spécialisés et bien lancés dans le monde entier et pour quelques minorités au Liban même (car sans des parts de gâteau distribuées au féodal de circonstance, aucun projet n’aboutit), mais nous n’avons aucune lecture lucide, objective de ce qui se passe sur place, dans la région et dans le monde.

Nous sommes forts individuellement, tellement forts pour nous jeter comme des hyènes sur les autres quand notre profit est en jeu, mais nous n’avons pas compris qu’à plusieurs nous serons redoutables et tous ensemble inatteignables.

Nous laissons proliférer tous les éléments de l’éclatement de la famille et des valeurs alors qu’encore nos grottes abritent des ermites dont la sainteté d’un seul au moins est suffisante pour éclairer le monde d’une belle espérance.

Nous pouvons veiller sur nos enfants en gérant au mieux les dépenses pour eux dans la durée et en même temps nous n’hésitons pas à nous surendetter juste pour paraître, et surtout pas moins

que le voisin.

Nous parlons d’un Liban vert depuis 50 ans, et il fait partie dans sa configuration des zones semi-arides par rapport à d’autres pays.

Nous buvons l’exaltation d’avoir beaucoup d’eau et nous voyons notre eau partir volontairement mélangée avec nos eaux sales pour finir dans une mer d’où même le poisson a émigré.

Et nous continuons chacun seul auprès de l’autre, gens de peu de foi, attendant un miracle auquel on ne croit plus (une minorité n’est pas concernée par ces propos).

De quel droit votons-nous pour des parlementaires qui nous font taire par leur refus de voter ?

De quel droit permettons-nous à des partis politiques de faire la politique de l’étranger par pur désir de se gaver financièrement au lieu de rendre la vie des citoyens magique ?

Et j’en passe.

La magie du paradoxe peut être un mauvais sort ou une grâce ; à chacun de choisir son camp.

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