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Nos Lecteurs ont la Parole

À qui de droit... qui a le droit ?


Dans une tentative orchestrée pour détourner l’attention de la population des nombreuses et dramatiques situations que traverse le pays, une vague de haine a commencé à viser la communauté LGBT. Cette vague est alimentée par de nombreuses personnalités politiques, religieuses et sociales, et a été enclenchée par le chef du Hezbollah lors de Achoura. Cette situation a intensifié les attaques contre une communauté LGBT depuis longtemps marginalisée dans la région.

En effet, Nasrallah a publiquement affirmé que les personnes homosexuelles devraient être mises à mort conformément aux enseignements coraniques. Bien qu’il ait été le plus virulent, il n’était malheureusement pas le seul. Le leader du Courant patriotique libre ainsi que d’autres députés et personnalités religieuses, de même que les ministres sortants de la Culture et de l’Éducation, ont rejoint cette campagne. Cela soulève la question d’un conflit culturel : où démarquer ?

Le relativisme culturel, c’est quoi ?

Le débat autour du relativisme culturel a toujours été central, particulièrement en ce qui concerne les droits de l’homme. C’est une approche en anthropologie qui affirme que les valeurs, les normes, les croyances et les comportements doivent être appréhendés et évalués en tenant compte de leur contexte culturel spécifique. Selon cette perspective, il n’existe pas de normes universelles qui puissent servir de référence absolue pour juger une culture par rapport à une autre. Au lieu de cela, chaque culture est reconnue pour sa légitimité intrinsèque et ses critères internes de jugement.

Dans ce cadre, chaque société possède ses propres traditions et coutumes, ses circonstances particulières et son système de valeurs propre. Ainsi, ce qui peut sembler moralement acceptable au sein d’une culture peut différer considérablement d’une autre culture en raison de ces différences contextuelles. Cependant, il est important de noter que le relativisme culturel peut parfois conduire à tolérer des pratiques culturelles qui enfreignent les droits humains fondamentaux, tels que la discrimination, la violence ou l’oppression. En réalité, il existe des valeurs universelles, notamment les droits de l’homme, qui devraient prévaloir indépendamment sur le contexte culturel.

Ce n’est plus une histoire de culture…

Tout au long de son histoire, le Liban a toujours été marqué par une culture diverse et mixte, plutôt que par une unification. Néanmoins, il a souvent été considéré comme un pays qui prône les libertés et l’ouverture, du moins dans certaines régions. Cependant, à intervalles réguliers, certains événements viennent rappeler que cette ouverture n’est pas totale. L’incident du maillot de bain à Saida, la campagne contre la communauté LGBT dans le Sud, les manifestations de

« Jounoud el-Rab » à Zahlé et à Beyrouth, et la liste est longue : autant de moments qui semblent être une compétition pour démontrer qui peut être le plus conservateur. On a l’impression que l’extrémisme et l’oppression ont pris le dessus, mais est-ce le résultat d’une stratégie longuement planifiée ?

Selon Afif Naboulsi, porte-parole du Hezbollah, le Liban, qualifié de « pays conservateur », est constamment confronté aux « tentatives de certains ambassades et pays occidentaux pour l’entraîner vers de nouvelles tendances ». Il fait référence aux États-Unis et à l’Allemagne, qui ont récemment hissé le drapeau LGBTQ+ devant leurs ambassades début juillet. En parallèle, au début du mois de juin, le Centre culturel islamique a engagé des poursuites judiciaires contre Helem et a appelé à sa « dissolution en raison de ses actions provocatrices dans l’espace public ».

Regardez ! Un nouveau diable !

Ce qui s’est déroulé au cours des dernières semaines est sans précédent, et personne ne peut véritablement confirmer où cela a commencé, qui en est à l’origine ni pourquoi. Cependant, ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c’est que cela n’est pas du hasard. La vacance présidentielle, les incidents armés à Kahalé, Aïn Ebel et Aïn el-Heloué, les allégations de corruption visant le gouverneur de la BDL, dont le mandat est terminé mais qui n’a pas encore été remplacé, la chute continue de la livre libanaise, l’inflation persistante qui frappe durement, et la pauvreté ainsi que la malnutrition qui continuent de sévir dans le pays.

Comment alors revendiquer une légitimité ? Comment montrer à nos électeurs fidèles que nous sommes toujours présents ? On a recours à la tactique politique la plus courante et répandue à travers le monde : blâmer les « autres ». Mais dans ce cas, pourquoi cibler la communauté LGBT ? Pourquoi pointer du doigt les réfugiés ? Pourquoi attaquer la presse ? C’est probablement parce que les gens sont fatigués d’entendre les mêmes accusations portées contre les autres partis politiques. Il est peut-être temps de désigner un nouvel ennemi, de l’accuser de tous les maux, et de détourner l’attention de nos propres défauts et faire oublier au monde que nous sommes le diable.

Impunité dans la jungle de Beyrouth

Est-ce que Beyrouth a véritablement basculé dans le chaos ? Une métropole plongée dans l’obscurité la nuit faute de lumière, où l’absence de forces de sécurité est palpable en raison des difficultés financières de l’État, où l’électricité manque, où les armes abondent et où les feux de signalisation ne fonctionnent plus. Une image qui rappelle un peu les villes d’horreur que l’on voit dans les films américains. Il est indéniable que les juges sont silencieux depuis longtemps et qu’ils semblent interpeller désormais les acteurs et actrices, comme s’ils n’avaient pas conscience que certains groupes opèrent en dehors des limites de la loi. Ont-ils une sorte d’immunité ? Ont-ils le pouvoir de faire leur propre loi ?

Une certitude demeure : le visage de Beyrouth est en train de changer. À travers les événements à venir, notre Beyrouth risque de perdre son identité. Ce n’est pas une question de couleurs (comme celles de l’arc-en-ciel dans un jeu de société « serpents et échelles »), mais plutôt de l’utilisation abusive de la religion. Et cela ne relève certainement pas uniquement de la culture ou du conservatisme. Lorsque la religion devient une source d’incitation à la violence, quelque chose ne tourne pas rond. Comme cela a été répété à maintes reprises : « Dieu n’a pas de parti politique et Dieu n’a pas de soldats. »

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Dans une tentative orchestrée pour détourner l’attention de la population des nombreuses et dramatiques situations que traverse le pays, une vague de haine a commencé à viser la communauté LGBT. Cette vague est alimentée par de nombreuses personnalités politiques, religieuses et sociales, et a été enclenchée par le chef du Hezbollah lors de Achoura. Cette situation a...

commentaires (1)

Il y a d’autres chats à fouetté que le LGBT , pauvre Liban

Eleni Caridopoulou

17 h 55, le 06 septembre 2023

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Commentaires (1)

  • Il y a d’autres chats à fouetté que le LGBT , pauvre Liban

    Eleni Caridopoulou

    17 h 55, le 06 septembre 2023

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