La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a fait état mardi « d'ouvertures » dans l'impasse politique au Liban, lors d'un discours prononcé à l'occasion de la conférence annuelle des ambassadeurs à l'Elysée. Les propos de la cheffe de la diplomatie française, qui n'a à aucun moment évoqué nommément l'élection présidentielle, interviennent alors que le Liban demeure sans président depuis le 31 octobre 2022, date d'expiration du mandat de Michel Aoun.
« Le Liban est également un pays à part que la France n’abandonnera pas. Avec le président de la République, et avec Jean-Yves Le Drian, nommé représentant personnel du président pour le Liban et dont je veux saluer l’action, nous n’avons pas ménagé notre peine pour pousser des options et faire bouger la situation. Aujourd’hui, des ouvertures apparaissent. Sur cette base, nous continuons le travail », a-t-elle indiqué, selon un communiqué de presse que L'Orient-Le Jour a consulté.
Lundi, le président français Emmanuel Macron a pointé directement l’Iran du doigt, lui faisant assumer une responsabilité dans le blocage, lors de son discours annuel devant les ambassadeurs à l’Élysée. Il avait alors estimé que l'un des éléments-clés pour une solution politique au Liban « passera par une clarification des interférences de l’Iran ». Dénonçant « les activités de déstabilisation régionale que l’Iran a menées ces dernières années », M. Macron a affirmé qu’un « réengagement doit passer par une clarification aussi de la politique de l’Iran à l’égard de ses voisins directs, à l’égard d’Israël et de sa sécurité, à l’égard du Liban et de sa stabilité ». Il en a profité pour « remercier tout particulièrement Jean-Yves Le Drian pour la mission qu’il conduit » et « qui consiste à trouver un chemin politique » au Liban. « Je pense en tout cas que l’un des éléments-clés de cette solution politique au Liban passera par une clarification des interférences régionales, dont celles de l’Iran », a ajouté M. Macron.
Paris est engagé dans une mission de médiation autour de la crise présidentielle au Liban, confiée à l’ancien chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. Dépêché à Beyrouth en juin par le président Macron, M. Le Drian est revenu fin juillet, après une réunion à Doha du groupe des Cinq (la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte). Au cours de cette seconde visite, il a proposé aux acteurs de débattre des caractéristiques et du programme du prochain président de la République, plutôt que de son nom, afin de minimiser les crispations. Cette offre n’a pas suffi pour convaincre le camp anti-Hezbollah, pour qui la présidentielle doit se faire au Parlement et suivant les règles du jeu démocratique. M. Le Drian a par la suite envoyé aux différentes factions un questionnaire écrit sur le portrait et les priorités du prochain président de la République, une démarche qui a été très mal vue par l’opposition au camp du Hezbollah, mais aussi par le patriarcat maronite.
La mission du diplomate, qui souhaite réunir toutes les formations politiques pour un dialogue lors de sa prochaine visite prévue en principe entre le 10 et le 12 septembre, semble ainsi de plus en plus fragilisée.
Certains responsables, au sein de l’opposition, continuent d'accuser Paris de faire le jeu du Hezbollah et de son parrain iranien et de ne pas avoir tourné la page du troc très controversé qui consiste à élire le chef des Marada, Sleiman Frangié, à la tête de l’État en échange de la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition.
Le Hezbollah et le mouvement Amal soutiennent la candidature de leur allié Sleiman Frangié à la présidence. Lors de la dernière session tenue le 14 juin, le haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) Jihad Azour, candidat soutenu par l'opposition, avait obtenu 59 voix contre 51 voix pour Sleiman Frangié, lors du premier tour de scrutin. Comme lors des sessions précédentes, le Hezbollah ses alliés ont quitté le Parlement avant le second tour, provoquant une perte de quorum.
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Que Mme Colonna aille consoler Bongo Jr
IBN KHALDOUN
19 h 44, le 30 août 2023