Le flou, l’ambigu, le suggéré, le sous-entendu et le non-dit, tout cela baignant dans des flots de rhétorique : c’est là le propre du langage diplomatique auquel sont souvent astreints les grands de ce monde, sauf bien sûr à la veille d’annoncer des décisions cruciales. Sauf parfois aussi quand un président s’adresse à ses propres représentants diplomatiques auprès de l’étranger pour leur exposer ses priorités ; c’est à ce rituel de tous les ans que se prêtait lundi Emmanuel Macron devant les ambassadeurs et ambassadrices de France réunis au palais de l’Élysée.
Allant de l’Ukraine à la Syrie en passant par le Niger et le Haut-Karabakh, ce tour du monde des inimitiés et conflits entre sociétés humaines a fait sensation à Beyrouth, dans la mesure où y était dénoncé, pour la toute première fois, le rôle que joue l’Iran dans la perpétuation de la crise du Liban considérée dans son volet politique. Fait saillant, de la bonne demi-douzaine de puissances qui s’affairent autour du chaudron de l’élection présidentielle libanaise, seule la République islamique a été nommément désignée par le président français ; pour Macron d’ailleurs, l’un des éléments de toute solution devra passer par une clarification des interférences iraniennes.
Mais ne risque-t-on pas précisément de voir dans cette sibylline exigence de clarté et de netteté une inopportune, une fâcheuse concession au langage diplomatique, sinon à la langue de bois ? Faut-il donc, comme pour Diogène, se munir d’une lanterne allumée pour mieux y voir en plein jour ? Qu’on nous l’explique, de grâce, que reste-t-il encore à clarifier des desseins d’une République islamique œuvrant ouvertement, depuis des décennies, à exporter sa révolution aux quatre coins du monde arabo-islamique en usant, selon le cas, de la subversion, de la déstabilisation ou de la violence armée ?
S’il faut s’en tenir au seul cas du Liban en oubliant la Syrie, l’Irak et le Yémen, d’une clarté aveuglante – pour qui seulement veut voir – sont les objectifs de Téhéran, dont la réalisation est laissée aux bons soins du Hezbollah. Dernière en date des pièces à conviction : la virulente campagne menée par la milice contre la force intérimaire de l’ONU stationnée au Liban-Sud, et dont le mandat doit être renouvelé aujourd’hui : cela vraisemblablement en base d’une formule médiane consacrant la liberté de mouvement des Casques bleus mais en coordination avec l’armée libanaise. Or, en s’acharnant à accuser la Finul de complicité avec Israël, le Hezbollah ne fait pas seulement que s’aliéner gratuitement les 45 pays qui en fournissent généreusement les contingents ; il fait insulte à l’État libanais lui-même qui, an après an, sollicite fiévreusement le salutaire, l’indispensable maintien de cette force.
Au final, et pour s’exprimer clairement, ce sont les incohérences et les faux calculs, les compromis mal présentés et les équilibres boiteux proposés par les nations amies qui, ces derniers mois, ont plongé dans la perplexité tous les Libanais s’insurgeant contre la conquérante mainmise de l’Iran sur leur patrie.
Les voilà bien, en vérité, les zones grises qui mériteraient un sérieux effort d’éclaircissement. De décodage. De clarification, tiens !
Le flou, l’ambigu, le suggéré, le sous-entendu et le non-dit, tout cela baignant dans des flots de rhétorique : c’est là le propre du langage diplomatique auquel sont souvent astreints les grands de ce monde, sauf bien sûr à la veille d’annoncer des décisions cruciales. Sauf parfois aussi quand un président s’adresse à ses propres représentants diplomatiques auprès de...