
Le président français Emmanuel Macron s’adresse aux ambassadeurs français lors de la conférence des ambassadeurs au palais de l’Élysée à Paris, le 28 août 2023. Teresa Suarez/AFP
Pour la première fois depuis que Paris est directement impliqué dans le dossier libanais, notamment la crise présidentielle, Emmanuel Macron a pointé directement l’Iran du doigt, lui faisant assumer une responsabilité dans le blocage. Le président français a ainsi estimé lundi, lors de son discours annuel devant les ambassadeurs réunis à l’Élysée, que l’un des éléments-clés pour une solution politique au Liban « passera par une clarification des interférences de l’Iran », selon des propos rapportés par notre correspondant à Paris Élie Masboungi. Dénonçant « les activités de déstabilisation régionale que l’Iran a menées ces dernières années », le chef de l’État français a affirmé qu’un « réengagement doit passer par une clarification aussi de la politique de l’Iran à l’égard de ses voisins directs, à l’égard d’Israël et de sa sécurité, à l’égard du Liban et de sa stabilité ». Il en a profité pour « remercier tout particulièrement Jean-Yves Le Drian pour la mission qu’il conduit » et « qui consiste à trouver un chemin politique » au Liban. « Je pense en tout cas que l’un des éléments-clés de cette solution politique au Liban passera par une clarification des interférences régionales, dont celles de l’Iran », a ajouté M. Macron.
Paris est engagé dans une mission de médiation autour de la crise présidentielle au Liban, confiée à l’ancien chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. Dépêché à Beyrouth en juin par le président Macron, M. Le Drian est revenu fin juillet, après la réunion à Doha du groupe des Cinq (la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte). Au cours de cette seconde visite, il a proposé aux acteurs de débattre des caractéristiques et du programme du prochain président de la République, plutôt que de son nom, afin de minimiser les crispations. Cette offre n’a pas suffi pour convaincre le camp anti-Hezbollah, pour qui la présidentielle doit se faire au Parlement et suivant les règles du jeu démocratique. Il a par la suite envoyé aux différentes factions un questionnaire sur le portrait et les priorités du prochain président de la République, une démarche qui a été très mal vue par l’opposition au camp du Hezbollah, mais aussi par Bkerké. La mission du diplomate, qui souhaite réunir toutes les formations politiques pour un dialogue lors de sa prochaine visite prévue en principe entre le 10 et le 12 septembre, semble ainsi de plus en plus fragilisée. Le ton adopté par Emmanuel Macron pourrait dans ce cadre sonner comme une réponse indirecte à ceux qui, au sein de l’opposition, accusent Paris de faire le jeu du Hezbollah et de son parrain iranien et de ne pas avoir tourné la page du troc très controversé qui consiste à élire le chef des Marada, Sleiman Frangié, à la tête de l’État en échange de la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition. Les propos du président français vont-ils donc se traduire en actes à quelques jours du retour de Jean-Yves Le Drian à Beyrouth ?
commentaires (16)
Pourtant il était prêt a donner la Présidence au Hezbollah sans tenir compte des desiderata du peuple Libanais qui, pour prés de 70%, veulent se débarrasser du joug du parti Iranien. Du tout en même temps macroniste typique. La France aurait mieux fait de s’être débarrasser de lui lors des dernières élections car, comme Aoun, depuis son apparition dans sa vie politique le pays ne fait que régresser. Les Français vont regretter de s’être fait berné pendant maintenant presque 12 ans !!!
Pierre Christo Hadjigeorgiou
08 h 40, le 30 août 2023