Troisième mandat, première secousse. À la veille de la réélection d’office de Gebran Bassil à la tête du Courant patriotique libre, la nouvelle a fuité dans la presse locale : le député du Metn et vice-président de la Chambre Élias Bou Saab fait l’objet de « sanctions du parti ». Certains sont même allés jusqu’à évoquer une éventuelle radiation de l’intéressé.
« Une recommandation a été émise par le Conseil des sages à l’encontre de M. Bou Saab », précise à L’Orient-Le Jour la nouvelle vice-présidente du CPL aux affaires politiques Martine Najm Kouteily, sans toutefois donner plus de précisions quant à la teneur de cette mesure. Il s’agit de la première confirmation aouniste officielle de la démarche engagée à l’encontre du numéro deux du Parlement devant les instances du CPL pour avoir dérogé à la décision de soutenir la candidature de Jihad Azour (soutenu par le CPL et l’opposition) dans le cadre de la présidentielle.
Par « Conseil des sages », Mme Kouteily fait référence au tribunal partisan, présidé par le fondateur du CPL et son actuel président d’honneur Michel Aoun et chargé de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre du chef du parti, des deux vice-présidents et des députés et ministres encartés en cas d’infractions au règlement intérieur. Cette instance émet des recommandations concernant les mesures à prendre à l’encontre des personnes concernées. Celles-ci peuvent aller de l’avertissement à la radiation, selon la gravité de l’erreur commise. Mais il revient au président du parti Gebran Bassil (qui a la faculté de saisir le Conseil pour enclencher une procédure) de prendre la décision finale. Dans le cas de M. Bou Saab, aucune mesure n’a encore été prise après la recommandation du Conseil, apprend-on de sources concordantes au sein du parti.
Une solution médiane ?
« Je ne sais pas pourquoi tout le monde parle de cette affaire maintenant, sachant que la procédure a débuté fin juin », souligne la responsable aouniste. Gebran Bassil était donc passé à l’acte deux semaines après la dernière réunion de la Chambre. Plusieurs députés du bloc du Liban fort avaient en effet suscité une véritable tempête dans les coulisses du parti orange en exprimant leur opposition à la gestion, par M. Bassil, du dossier de la présidentielle. À la veille de la séance du 14 juin, des rumeurs ont même circulé quant à une éventuelle désobéissance au mot d’ordre aouniste par Ibrahim Kanaan, Simon Abi Ramia, Alain Aoun, Assaad Dergham et Élias Bou Saab. Ce qui avait alors poussé M. Bassil à user de l’autorité politique et morale de Michel Aoun et à agiter le spectre des sanctions pour mater la contestation. Un pari relativement gagné parce que l’écrasante majorité des parlementaires concernés a fini par se conformer à la décision du CPL, à l’exception de M. Bou Saab. La démarche n’avait pourtant pas l’effet d’une surprise. Le numéro deux de la Chambre – plutôt proche du chef du législatif Nabih Berry, grand adversaire du CPL – avait accordé sa voix à plusieurs reprises à Ziyad Baroud, ancien ministre de l’Intérieur, se démarquant ainsi de la tendance aouniste. « Toute personne qui ne se conforme pas à une décision du parti, surtout dans des dossiers aussi importants, pourrait être sanctionnée », affirme la responsable CPL précitée.
De son côté, Élias Bou Saab, contacté mardi par L’OLJ, se contente de lâcher un simple « pas de commentaire ». En attendant le verdict, certaines figures de proue du parti aouniste disent s’attendre à ce qu’il claque lui-même la porte du CPL au lieu d’attendre un limogeage officiel. Une solution médiane à même de sauver la face tant à Élias Bou Saab qu’à Gebran Bassil.
commentaires (8)
En réalité, il y a un accord complet entre M. Bassile et M. Bou Saab. Les rôles sont répartis avec concordance totale de M. Bassile en ce qui concerne le vote de M. Bou Saab. Le CPL est bien solide, avec une base populaire très grande, à l’exception de ceux qui commentent sur ces pages. L’avenir le prouvera…,
Sami NAJJAR
02 h 51, le 31 août 2023