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Moyen-Orient - Cinéma

Paillettes et polémiques en Arabie saoudite après la sortie de « Barbie »

Au Liban, la sortie du film est toujours en suspens après la demande d'interdiction du ministre de la Culture. 

Paillettes et polémiques en Arabie saoudite après la sortie de « Barbie »

Une femme prend son amie en photo dans un cinéma en Arabie saoudite lors de la projection du film Barbie. Photo Instagram/voxcinemasksa


Granités pailletés, distribution de fleurs et spectatrices habillées pour l'occasion… Les images de l'avant-première de Barbie en Arabie saoudite, le 10 août, montrent un public ravi à l'idée de pouvoir (enfin) découvrir le film de l'été. 

Si sa sortie était initialement loin d'être assurée, Barbie rencontre désormais un franc succès dans le royaume saoudien, loin devant les autres films à sa sortie, en termes de box-office – pour le plus grand bonheur des fans. Dans les salles de cinéma, les spectateurs sont au rendez-vous. Le New York Times relate les rires retentissant devant le grand écran, tout comme les claquements de doigts satisfaits suivant certains discours féministes de la protagoniste principale, poupée modèle partie en guerre contre le patriarcat.

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Dans le royaume wahhabite, qui a entamé une révolution sociétale depuis l'arrivée au pouvoir du prince héritier Mohammad ben Salmane, le film aurait pourtant pu ne jamais être projeté. Les salles de cinéma n'ont rouvert qu'en 2018, et la censure y est courante. Si des spectatrices expliquent qu'elles ne s'attendaient pas à voir le film dans les salles saoudiennes, elles n'en restent pas moins enchantées de l'avoir découvert. « L'idée (du film) était assez réaliste », explique l'une d'entre elles au New York Times, tandis qu'un autre spectateur confie : « Ma mère devrait voir ce film. » 

Et cerise sur le gâteau : le film ne semble pas avoir été censuré, selon le New York Times. « Une scène est restée où Barbie déclare qu'elle n'a pas de vagin et Ken pas de pénis, ainsi qu'une scène avec une actrice transgenre. Les sous-titres arabes ont été rendus avec fidélité – y compris le mot “patriarcat” », souligne le journal. Signe d'une révolution culturelle ? « Il y a cinq ans, un quart des Saoudiens se rendaient à Bahreïn pour aller au cinéma, car cela leur était interdit. Aujourd'hui, nous allons voir le film Barbie à Riyad, car cela nous est interdit », relève un internaute koweïtien sur son compte X, alors que le film a été interdit dans l'émirat voisin.

« Une conspiration contre les familles et les enfants » ?

Mais tous ne se réjouissent pas à l'idée de plonger dans le Barbie World. Wafa Alrushaid, à la tête d'une entreprise saoudienne conçue pour « promouvoir les prises de responsabilités des femmes dans le monde du design », s'insurge sur la plateforme X (anciennement Twitter) : « Il (le film) contient des contenus déviants qui promeuvent la culture de l'homosexualité pour les hommes et les femmes. » L'entrepreneuse juge le film « décadent » et explique même au New York Times que c'est « une conspiration contre les familles et les enfants du monde entier ». 

Des réactions qui n'ont rien d'inattendu dans un pays où le patriarcat reste omniprésent, malgré les gestes accordés aux femmes ces dernières années, comme le droit de conduire ou de ne plus être obligée de porter le voile. Il leur est néanmoins encore très difficile d'accéder à des postes importants et l'autorisation d'un homme est toujours nécessaire si elles souhaitent se marier. Les personnes transgenres et homosexuelles font en outre face à une discrimination et à une répression continues.

Le Koweït, l'Algérie et le Liban

Un contraste par rapport au Liban, souvent vu comme plus libéral, mais dont le ministre sortant de la Culture a pourtant demandé l'interdiction. À l'heure actuelle, la sortie du film est encore en suspens, le Comité chargé de la censure des films estimant le 11 août ne pas avoir de raison de demander l'interdiction du film. Une « honte », pour certains internautes

Et dans d'autres pays arabes, Barbie a déjà été interdit. Après avoir autorisé sa sortie, l'Algérie est finalement revenue sur sa décision mardi. Au Koweït non plus, le film ne paraîtra pas dans les salles obscures.

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commentaires (5)

Qui commande le Liban ?

Eleni Caridopoulou

19 h 45, le 17 août 2023

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Commentaires (5)

  • Qui commande le Liban ?

    Eleni Caridopoulou

    19 h 45, le 17 août 2023

  • La valeur d éduction de nos enfants dépasse de loin cette fausse modernité ,sous pretexte de la liberté des droits humains . ....

    Fawzi Darwich

    16 h 49, le 17 août 2023

  • Mais que font les opposants aux usurpateurs de notre pays? Même l’Arabie a autorisé ce film alors que le ministre de la confiture au Liban a obéi aux ordres de ceux qui lui ont trouvé le poste pour le sortir du chômage. Le pire c’est qu’à présent, nous n’avons que ça que pour ministres, PM et présidents du parlement et bientôt de la république. BRAVO le peuple libanais, continuer à ne pas agir et vous verrez votre pays transformé en gigantesque zoo

    Sissi zayyat

    14 h 50, le 17 août 2023

  • En fait , notre brillant ministre se voit imposer une décision unilatérale contre laquelle on ne peut rien, il ne faut surtout pas froisser la milice supplétive de l'iran.. Et dire que dans un passé pas lointain on traitait les saoudiens de marchands de chameaux, heureusement nous avons le Koweït pour nous accompagner dans cette croisade. A quand la rupture des relations diplomatiques avec cet état décadent ?

    C…

    14 h 00, le 17 août 2023

  • Bravo le liban. Pays de culture, de tolérance et d'ouverture. De quel droit une seule personne, meme ministre, décide, si tout un peuple, ou du moins la partie qui le désire, doit ou ne doit pas regarder un film ou écouter une chanson? On est déjà la risée des autres, cela ne suffit il pas?

    Citoyen

    12 h 49, le 17 août 2023

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