Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a accusé lundi soir l'opposition chrétienne de pousser le Liban vers une guerre civile ou la partition, alors que le pays connaît actuellement un contexte politique et sécuritaire tendu après, notamment, la fusillade de mercredi dernier à Kahalé, qui a opposé des miliciens du Hezbollah à des habitants de cette localité chrétienne. L'incident a fait un mort de chaque côté.
Le leader chiite a lancé ses accusations dans un discours prononcé à l'occasion d'une cérémonie marquant le 17e anniversaire de la fin de la guerre de juillet 2006, et alors que son parti est également accusé par ses détracteurs, notamment les Forces libanaises et le parti Kataëb, d'être impliqué dans la mort suspecte d'un ex-cadre FL à Aïn Ebel, au Liban-Sud. Hassan Nasrallah n'a toutefois pas évoqué cette dernière affaire dans son allocution.
La guerre de 2006 entre Israël et le parti chiite avait fait plus de 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, en majorité des militaires.
Voici les principaux points de l'allocution du leader chiite :
Sur la fusillade de Kahalé
- Nous avons des munitions et des armes que nous transportons d’un endroit à un autre dans des camions civils ou autres. Le camion est tombé. Il est normal que certains viennent voir pour aider. La situation était normale jusqu’à ce qu’une des chaines de télévision commence à monter les gens s'en prendre au Hezbollah. Qui a agressé qui ? L’enquête le dira. Nous ne considérons pas que nous avons un problème avec les gens de Kahalé ou ses familles.
- J’appelle au calme au niveau des discours politiques et sur les réseaux sociaux.
- Je dis aux Libanais en général et aux chrétiens en particulier, il y a des forces politiques qui, par leurs actions, poussent le pays vers la guerre civile.
- Une guerre civile ferait du tort à tout le monde.
- Il n'y aura pas de partition du pays, nous ne le permettrons pas.
- Ce pays repose sur le partenariat, ce n’est pas facile, mais il n’y a pas d’autre choix.
Mercredi dernier, deux personnes, dont un membre du Hezbollah, ont été tuées dans une fusillade dans le village de Kahalé après qu'un camion du parti chiite transportant des munitions s'est renversé dans cette localité. Cet incident a suscité de nombreuses réactions, tant au niveau du parti chiite que de ses opposants. Le Hezbollah dit avoir été attaqué ce jour-là par des "miliciens". Les opposants au parti dénoncent son arsenal militaire.
Sur Israël
- Si Israël déclare la guerre au Liban, il sera ramené à l'âge de pierre.
- Si une bataille éclate avec l'axe de la Résistance, il ne restera rien qui porte le nom d'Israël.
- L'ennemi israélien est passé de l'attaque à la défense, même lorsqu'il lance des attaques sur Gaza, la Cisjordanie et la Syrie, il attaque d'une position de défense.
- Depuis la guerre de 2006, l'armée israélienne est en déclin.
La semaine dernière, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, avait menacé, dans un entretien au média saoudien Elaph, de "ramener le Liban à l'âge de pierre" et s'en était pris à Hassan Nasrallah, estimant qu'il est "faible" et "se cache comme un rat dans la cave".
Sur l'exploration offshore
- La délimitation de la frontière maritime (avec Israël) et le début de l'exploration (pour les hydrocarbures offshore) n'auraient pas été rendues possibles sans les résultats de la guerre de juillet 2006. Et cela n'aurait pas été possible sans une cohésion entre la Résistance et l'Etat libanais.
- La mise en place d'un fonds souverain est une nécessité pressante pour le Liban, afin que les ressources pétrolières reviennent à tous les Libanais et que les futures générations puissent en profiter.
- Espérons que cette question sera étudiée de manière patriotique, loin des tensions politiques.
Début août, la commission parlementaire des Finances et du budget a approuvé une proposition de loi concernant la création du Fonds souverain libanais, qui devrait être étudiée jeudi par la Chambre. L’importance d’un tel fonds au Liban est due au fait que le pays a relancé en début d’année le processus d’exploration du Bloc 9 de sa zone économique exclusive (ZEE) après la conclusion, en octobre 2022, d’un accord réglant le litige frontalier l’opposant de longue date à son voisin israélien. Une plateforme d'exploration doit arriver mercredi sur le Bloc 9.
commentaires (33)
« Je dis aux Libanais en général et aux chrétiens en particulier, il y a des forces politiques qui, par leurs actions, poussent le pays vers la guerre civile. » Demander que le Liban soit enfin réellement gouverné alors qu’il ne l’a jamais été depuis 1975 (comment peut-il l’être alors que les garants de guerre et de paix sont des forces politiques autres que l’armée nationale), c’est ça pousser vers la « guerre civile » d’après Sayyed Hassan, on l’aura tous deviné. Donc pour éviter la « guerre civile », continuons à ne pas gouverner le Liban comme cela se fait depuis 1975. Cette « guerre civile », ou plutôt révolution nationale inéluctable que Mr Nasrallah fera tout pour transformer en guerre civile, n’est-elle pas plutôt la seule voie de salut pour le Liban ?
Citoyen libanais
08 h 08, le 17 août 2023